SINGER CELIA 200 - 6423

Informations connexes

Ressources pour la réparation de machines à coudre

Cette page concerne la révision et la réparation d'une machine à coudre Singer Celia 200.

Présentation de la machine

Généralités

La Singer Celia 200 est une machine à coudre mécanique électrique qui doit dater des années 1990 ou de la fin des années 1980.

Fonctionnalités

Les principales fonctionnalités sont les suivantes :

• Bras libre.
• Plusieurs points dont boutonnière et points de broderie.
• Vitesse variable commandée au pied via une pédale pneumatique qui actionne un variateur de vitesse électronique.
• Eclairage intégré.

Conception

La base de la conception est habituelle :

• Un arbre supérieur transmet le mouvement du moteur au support de la barre d'aiguille et pilote la montée et la descente de cette barre.
• Le mouvement latéral de la barre d'aiguille (nécessaire pour réaliser d'autres points que le droit) est géré par un dispositif à base de roues codeuses intégrées qui sont sélectionnées par un bouton rotatif sur le coté de la machine. Un indicateur en face avant piloté par ce bouton indique quel point est choisi.
• Un arbre inférieur transmet le mouvement du moteur aux pignons de crochet (vertical) et à la griffe.
• Une came entre la partie supérieure et inférieure permet de gérer les marches avant-arrière de la griffe d'entrainement du tissu.
• Les arbres supérieurs et inférieurs sont synchronisés par une courroie crantée.
• L'arbre supérieur est entrainé par le volant (débrayable). Le volant lui-même est entrainé par le moteur via une courroie crantée.

Fabrication

C'est du Singer des années 1990 ! A part le socle en aluminium, toute la carcasse est en matière plastique. On est loin des Elna, Bernina et même Singer des années précédentes.

Le corps de la machine est en 5 parties :

• Le socle en aluminium avec un renfort en acier qui comporte les pieds et l'arrivée électrique. Son démontage est nécessaire si on veut accéder au moteur et à la carte électronique ou si l'on veut faire la synchronisation du crochet.
• La mécanique est fixée à l'intérieur d'un bâti en plastique épais.
• Un capot en plastique fin permet d'accéder à la mécanique supérieure de la machine.
• La face avant, en plastique.
• Le coté droit supérieur est un capot en matière plastique.
• Un cache en matière plastique se trouve sous le bras libre.

La fabrication est très moyenne si on la compare aux machines de génération antérieure, qu'il s'agisse de la qualité des matériaux utilisés ou de la mécanique.

Révision et réparation de la machine

La machine sortait d'une réparation faite par un professionnel. Je ne sais pas ce qu'il a fait (à part, peut-être, la réparation du bloc de tension) mais à part un graissage assez monstrueux des pignons de crochets, je n'ai pas vu d'autres traces d'une intervention. Lorsqu'on me l'a apportée, elle était en partiellement en panne à cause du porte-canette qui se balladait dans le crochet, elle sautait des points et faisait des bouclettes. Par ailleurs, la machine était très sale.

Graissage des pignons de crochet !

Pour intervenir efficacement dans la machine, je vous conseille de démonter tous les caches ce qui ne se fait pas toujours sans quelques difficultés. La façon dont j'ai procédé :

• Retirez le cache sous le bras libre (1 vis).

• Retirez le socle en aluminimum (3 vis et un écrou).

• Déconnectez les fils qui vont de la prise de courant à l'interrupteur.
• Déconnectez les fils qui vont de la prise de courant à la carte électronique. Vous pourrez ainsi retirer le scole pour le nettoyer.
• Dévissez les deux vis qui fixent la face avant (il y en a d'autres ailleurs...).

• Retirez le capot du bouton de sélection des points. Vous pourrez alors accéder à un écrou qui bloque ce bouton sur son axe. Dévissez le et retirez le bouton.
• Dévissez les 3 vis qui tienne le capot supérieur de la machine (là où il y a la poignée).
• Dévissez la vis du capot supérieur droit.
• Retirez les boutons qui pourraient bloquer le démontage de la face avant (il suffit de les tirer).

Arrivé à ce stade, on peut commencer le démontage des capots et de la face avant sans trop de risques. Il faut quand même faire attention au clips qui rendent solidaires tous ces éléments entre eux. Pour ma part, j'ai procédé ainsi :

• Retirez le capot du coté supérieur gauche. Il est fixé au capot supérieur de la machine par deux clips. On arrive à les désolidariser sans casse en faisant basculer le haut du capot vers la gauche.
• Dévissez les vis qui tiennent le support de la lampe d'éclairage.

Support d'éclairage retiré

• Retirez le capot supérieur. Il faut un peu de jugeotte pour trouver la bonne façon de le déclipser...
• Dévissez partiellement les deux vis qui tiennent la face avant. Vous pouvez alors la faire glisser vers vous.

Capot supérieur et capot face avant retirés

J'ai effectué un nettoyage pour lequel je procède un peu toujours de la même façon :

• Démontage de tout ce qui peut l'être sans que cela nécessite un réglage fastidieux par la suite (dans le cas présent, j'ai démonté très peu de choses).
• Dégraissage et nettoyage intensif.
• Remontage, graissage ou huilage selon les pièces.

Concernant la lubrification, j'utilise une graisse PTFE pour les pignons. Pour le reste, de l'huile (vaseline ou parfois moteur (ça en fera hurler certains mais c'est une huille de haute qualité), parfois, de la graisse silicone qui a l'avantage de bien vieillir et l'inconvénient d'entrainer un peu plus de résistance. Je la réserve aux parties peu mobiles.

Electricité/électronique

Prises

Rien à signaler de particulier. La tension secteur arrive directement sur la machine, passe par un interrupteur marche-arrêt et va vers la carte électronique de variation de vitesse et la lampe d'éclairage.

La variation de vitesse se fait à l'aide d'une pédale pneumatique qui actionne un potentiomètre avec ressort de rappel, un peu à la façon des Elna Air.

Ha si, tout de même : le support de la prise de courant s'est décollé (oui, il est collé). Je l'ai recollé...

Electronique (variateur)

Il fonctionnait correctement, je ne l'ai pas démonté.

Moteur

Moteur universel classique. Rien à signaler.

Réparations

Boitier porte canette qui sort de son logement

Sur cette machine, les points se faisaient mal et de larges bouclettes se formaient sous le tissus. Et surtout, le boitier porte-canette sortait de son logement et venait régulièrement se mettre sous l'aiguille avec pour résultat, des trous un peu partout et des morceaux de plastique abimés. Du coup, le fil supérieur s'accrochait sur le boitier ce qui l'entrainait hors de son logement.

Un petit point à ce sujet : Le boitier porte canette est maintenu dans son logement, à la fois par des languettes métalliques fixées sur le chassis et par une languette sur la plaque à aiguille. Egalement, il y a une rondelle aimantée située sur le bloc de crochet qui retient le boitier porte-canette dont le fond est métallique.

Si vous avez ce problème de boitier qui sort de son logement, vérifiez la présence de cette rondelle ainsi que le bon positionnement des languettes.

Pour terminer, le frein de fil de la canette ne semblait pas agir correctement.

Etant donné l'état du boitier, j'ai décidé de le remplacer ce qui a effectivement réglé le problème. Conclusion, il faut que ce boitier soit bien lisse afin que le fil supérieur ne vienne pas s'accrocher quelque part lorsqu'il tourne autour du boitier.

Par ailleurs, le boitier est maintenu en place, entre autres, par une petite plaque en métal fixée sur la face inférieure de la plaque à aiguille (sur la droite). Il est donc indispensable que la plaque à aiguille soit correctement fixée avant de tenter de faire une couture (ce qui est normal direz vous, mais pour certains tests, il est pratique de pouvoir les faire sans la plaque à aiguille...).

Problème de synchronisation

Voir la section Réglage un peu plus loin.

Levier du presseur (pied de biche)

Le levier du presseur (en plastique) était cassé. En attendant la réception du boitier porte-canette, j'ai donc décidé d'en usiner un.

Au départ, j'ai hésité entre le faire en métal ou en plastique. Mais la présence d'un guide en creux dans le levier (non visible tant qu'il n'est pas démonté) m'a fait éliminer l'option métal. De plus, il y avait un risque d'usure entre le levier et la pièce en aluminium qu'il entraine et qui permet de faire monter ou descendre le presseur.

J'avais un bloc de plastique POM-C acheté pour un autre projet. J'ai commencé par débiter une petite plaque de moins de 5mm d'épaisseur. Pour information, le levier d'origine fait 3,45mm d'épaisseur.

La plaque de POM-C

J'ai ensuite découpé cette plaque à la scie à chantourner jusqu'à obtenir grossièrement la forme recherchée.

Ebauche du levier

Un peu plus propre après ébarbage et ponçage.

Le plus délicat était la réalisation du guide en creux qui sert à faire monter ou descendre un petit têton qui se déplace sur un plan vertical et qui entraine un levier actionnant le débrayage du bloc de tension. C'est la partie délicate de l'usinage. Sa profondeur est de 2,6mm.

Avant d'aller plus loin, je précise comment fonctionne ce guide : Lorsque le levier est en position haute, le guide entraine le têton vers le haut jusqu'à sa course maximum dans son logement.

Lorsque le levier est en position basse, le têton doit être également en position basse.

Les deux distances importantes sont les positions extrêmes du guide par rapport au centre de l'axe du levier. Pour le reste il faut que la forme du guide soit telle que le creux soit toujours dans l'axe vertical de déplacement du têton et qu'il l'entraine vers le haut ou vers le bas. Les distances minimum et maximum du guide par rapport au centre de l'axe sont :

• Position haute. A = 6mm
• Position basse. B = 9mm
• Centre axe. C = 4mm

Levier d'origine, quelques dimensions

Pour faire le guide, j'ai d'abord percé une succession de trous à une profondeur approximative de 1,5mm jusqu'à former la forme du guide.

J'ai ensuite fraisé jusqu'à une profondeur approximative de 2,5mm à l'aide d'une fraise de modélisme en forme de cone qui permet à la fois d'agir en profondeur et sur les côtés.

J'ai finalisé le guide à l'aide d'une autre fraise d'environ 3mm de large

Pour finir la pièce, je l'ai amincie à la râpe jusqu'à une épaisseur a peu près égale à celle de la pièce d'origine.

Le résultat est assez satisfaisant...

Levier en place

Autre intérêt de l'opération, cela m'a permis de parfaire le nettoyage et la lubrification de tout le mécanisme associé à l'entrainement de la barre d'aiguille.

Pour accéder au levier, il faut démonter tout un tas de bazars plus ou moins accessibles. Par contre, sauf si vous voulez nettoyer en profondeur, inutile de démonter la plaque noire qui sert de support au mécanisme de barre d'aiguille et du presseur : ça vous évitera d'avoir à refaire le réglage de l'aiguille par rapport au crochet ! Personnellement, je l'ai démonté et c'est après coup que j'ai constaté que c'était inutile. Toutes les indications qui suivent se font en considérant que le côté gauche de la machine (là où il y a la barre d'aiguille) est en face de vous.

• Démontez le support de la lampe d'éclairage. Il y a deux vis qui le fixe au chassis en plastique (à droite) et deux vis qui le fixe à la plaque en métal qui supporte également le mécanisme de barree d'aiguille. Une de ses vis maintient également le support de fixation du capot en plastique en métal qui referme la partie gauche de la machine (et que vous avez préalablement retiré, une vis plus des clips).

• Démontez les pièces 1 et 2 en dévissant les vis correspondantes. Ce démontage facilite l'accès aux vis qui maintiennent la plaque en métal noir qui sert de support au mécanisme de barre d'aiguille et au mécanisme de barre d'aiguille lui-même.
• Dévissez la tige qui actionne le mécanisme de déplacement latéral de la barre d'aiguille (vis 3).

• Dévissez les vis 4, 5 et 6. Le mécanisme de la barre d'aiguille peut être ôté et derrière se trouve le levier du pîed presseur.

Réglages

Tension courroie

Un internaute me signale un problème qu'il a eu avec sa machine Celia 300 (proche de la Celia 200) : la courroie était sortie de son tendeur. Il m'a envoyé la photo de sa machine avec la bonne position de la courroie par rapport au tendeur (voir ci-dessous, la courroie passe derrière la roue qui assure la tension. Pas très visible sur la photo car la roue est sale).

Position de l'aiguille par rapport au crochet

Le démontage du mécanisme de barre d'aiguille et du levier presseur oblige à s'assurer qu'une fois remonté, l'aiguille est toujours bien positionnée par rapport au crochet.

Ce n'était évidemment pas le cas. A part positionner la plaque en métal noire qui sert de support au mécanisme de barre d'aiguille, je n'ai pas trouvé d'autres réglages de positionnement.

Position du pied de biche par rapport à la plaque à aiguille

Si vous avez démonté le mécanisme du pied de biche, il faudra probablement repositionner le pied de biche par rapport à la plaque à aiguille : le but est de s'assurer que le passage de l'aiguille dans le pied de biche est bien en face de celui de la plaque à aiguille.

Sur cette machine, il faut légèrement dévisser les vis de fixation du support qui retient le mécanisme du pied de biche afin de pouvoir faire boucher le pied de biche en avant ou en arrière (machine vue de devant). Ceci fait, on revisse le support et on vérifie que l'aiguille ne vient pas taper contre le pied de biche.

Centrage de l'aiguille

L'aiguille était légèrement décentrée latéralement. Je l'ai réglé en repositionnant la tige qui actionne le mouvement latéral de l'aiguille.

Position de la vis pour le réglage

Pour ce faire, mettez en place une aiguille neuve et installez la plaque à aiguille.

Sélectionnez le point droit, l'aiguille étant légèrement entrée dans la plaque à aiguille.

Dévissez légèrement la vis de réglage, puis avancez ou reculez la pièce en plastique blanche. Resserres la vis lorsque le réglage est satisfaisant par rapport à a plaque à aiguille.

Alternative : ma plaque à aiguille ne possèdant pas de marquage du centre, J'ai utilisé une aiguille double et j'ai vérifié que l'espace entre chaque aiguille et le bord de l'ouverture était identique, ce qui est plus facile à faire qu'avec une aiguille simple.

Synchronisation du crochet

A vide (sans tissu), le fil était bien entrainé par le crochet quelque soit le point choisi. Par contre, dès que l'on mettait un tissu, le fil n'était plus entrainé ou ne l'était que de temps en temps.

Comme la machine sortait d'une réparation, j'étais persuadé que le réparateur avait vérifié ce point. Erreur !

Lorsquel l'aiguille était complètement à droite (zig-zag le plus large), l'aiguille commençait à peine à remonter lorsque le crochet arrivait avec pour résultat, l'impossibilité de former la boucle destinée à être happée par le crochet.

N'ayant pas de manuel de service, j'ai procédé comme décrit dans Ressources pour la réparation de machines à coudre. A noter que le réglage est assez pointu pour couvrir tout le débattement latéral. Dans mon cas, lorsque l'aiguille est complètement à gauche, le crochet est à peine au dessus du chas.

J'en ai aussi profité pour nettoyer et regraisser les pignons de crochet.

Réglage tension fil inférieur

Si vous changez le boitier porte-canette, il est possible que vous soyez obligé de régler la tension du fil inférieur.

Ce réglage se fait en vissant ou dévissant une vis du boitier (voir photo).

Lorsque vous vissez, vous augmentez la tension. Lorsque vous dévissez, vous diminuez la tension.

Ce réglage peut se faire alors que le boitier est dans la machine. Pour ce faire, il faut :

• Retirer la plaque à aiguille.
• Dévisser la vis qui fixe la trappe (ôtée sur la photo).
• Retirer la trappe ce qui vous donne accès à la vis de réglage du boitier porte canette.
• Remonter la plaque à aiguille pour pouvoir faire des essais de couture.

Une fois le réglage fait, vous remontez la trappe (sens inverse du démontage).

Réglage du bloc de tension

Théoriquement, le bloc de tension venait d'être révisé par un professionnel. Pourtant, lors des premiers tests, quelque soit la tension sélectionnée, je continuais à avoir des bouclettes.

Je donne une indication sous toute réserve sur la façon de régler le bloc de tension en précisant que de mon côté, je ne l'ai pas fait car je supposais (à raison, voir plus loin) que le problème de bouclettes ne venait pas de là.

La tension "usine" du bloc de tension se règle en jouant sur l'écrou indiqué sur la figure ci-dessous (désolé, la photo n'est pas très adaptée).

Ecrou pour réglage du bloc de tension

Si mon analyse est correcte, il faut alors positionner le curseur du bloc de tension sur 4 ou 5, faire un test de couture, serrer ou déserrer l'écrou pour augmenter ou diminuer la tension jusqu'à ce que la couture soit satisfaisante.

Plaque à aiguille

Voir juste le chapitre juste après.

Essais et conclusions

J'ai eu de nombreux soucis lors des premiers essais. La plupart ont donné lieu aux réglages décrits précédemment.

Mais au final, la machine m'avait été apportée pour un problème de bouclages et de boitier porte canette qui sautait de son logement. Le remplacement du boitier a réglé le second problème.

Par contre, elle continuait à faire des bouclettes de façon un peu aléatoire. La machine pouvait faire toute une série de point corrects puis de temps en temps, de petites boucles apparaissaient sous le tissu sans qu'un réglage du bloc de tension améliore la situation.

J'étais près à abandonner lorsque j'ai trouvé la solution sur le Journal des femmes : le problème venait de la plaque à aiguille qui était abimée et qui accrochait le fil par endroit. Et en y regardant de près, elle était légèrement déformée (en creux).

J'ai donc limé (lime diamantée) l'ouverture par où passe le fil jusqu'à faire disparaitre les aspérités. J'ai ensuite passé un coup de toile émeri à la fois sur les surface plane de la plaque et dans l'ouverture que je venais de limer. J'ai ensuite vérifié que le fil n'accrochait pas quelque part.

A ma grande surprise, au premier essai, les différents points ont été parfaits. Plus de bouclettes !

Le propriétaire de la machine m'a indiqué l'avoir utilisé intensément lorsqu'il était en activité professionnelle et qu'il en était content.

Pour ma part, je ne suis pas trop en confiance avec ces machines pleines de plastiques. Mais je suis quand même content de l'avoir ressuscitée.

Une remarque tout de même : à une époque (2022) où on nous tanne pour faire durer nos vieilleries, il faudrait aussi que les réparateurs professionnels fassent des efforts. Le propriétaire de la machine a payé fort cher une réparation qui n'a pas résolu les problèmes. On s'étonne ensuite que les consommateurs jettent et remplacent...

avril 2022

Autres vues de la machine