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CPL, l'arnaque ?

extender ethernet et WiFi

Introduction

En informatique domestique, le CPL (Courant porteur en ligne) permet la transmission de données en utilisant les fils électriques de l’habitation. Cette technique existe depuis les années 1960 (à l’époque, il existait des interphones utilisant la ligne électrique pour communiquer entre-eux) et s’est développée avec l’Internet et le besoin de disposer d’un accès au réseau un peu partout dans une maison sans qu’il soit besoin de faire un câblage spécifique : on branche sur une prise de courant un premier équipement de communication raccordé en RJ45 à la boîte Internet. Et on branche les autres équipements de communication ailleurs dans la maison sur des prises de courant sur lesquelles on raccorde en RJ45 les équipements informatiques que l’on veut relier à l’Internet.

Mieux, certains équipements de communication permettent de fournir la WiFi en parallèle de la connexion RJ45. On parle alors d’extension de la WiFi (extender WiFi) qui ne doivent pas être confondus avec les répéteurs WiFi :

schema répeteur WiFi
schema extender ethernet et WiFi

Cette introduction étant faite, il me faut justifier le titre quelque peu dramatique (et sans doute exagéré) de cette page qui est « le CPL, l’arnaque ? ».

L’arnaque

Les premiers équipements CPL proposaient des débits de l’ordre de 80kbps, puis on est passé à 200Mbps puis 500Mbps puis 1Gbps, puis 2,4Gpbs.

Sauf que tout cela n’a aucun sens et les annonces, qui sont reprises telles quelles par les revues et les vendeurs jouent toutes sur plusieurs ambiguïtés qui permettent d’obscurcir le message.

Par exemple, certaines annonces parlent de débits de 10/100Mbps à côté de débits théoriques annoncés de 500Mbps ou plus pour l’équipement de communication concerné. Il y a de quoi ne rien comprendre.

En pratique, le débit 10/100Mbps est en fait celui disponible au niveau de la prise RJ45 (qui dépend en partie du câble utilisé). Mais pour un utilisateur lambda, il y a peu de chance qu'il comprenne cette subtilité : il s'attend à ce que les 500mbps soient disponibles sur la prise.

Si l’on prend le dernier produit du leader du marché en France en 2023, le Magic 2 Wifi de Devolo (produit allemand), on voit dans une certaine revue un tableau comportant les données suivantes :

Beaucoup de personnes risquent de s'arrêter à ce tableau. Mais que faut-il comprendre ?

Si on va un peu plus loin dans les explications, on lit des choses surprenantes. En CPL, « Avec une carte Ethernet 1 Gbit/s, on obtient un débit montant et descendant aux alentours de 30 méga-octets par seconde (240Mbps) pour un transfert de fichiers via le protocole SMB. Avec une carte réseau adaptée, par exemple en 2,5 Gbit/s, on devrait pouvoir s'approcher des 50 Mo/s. ». Donc 240Mbps pour ce qui a réellement été testé et mesuré. Et la revue qui a fait le test dit que c’est déjà une belle performance.

« En Wifi, on obtient entre 7 et 9 méga-octets par secondes (56 à 72Mbps) sur la bande 2,4GHz et 33 à 40 Méga-octets par secondes (264 à 320Mbps) sur la bande 5GHz ». Sachant que si votre débit en CPL est de 240Mbps (« ce qui n’est déjà pas si mal »), votre débit WiFi sera donc inférieur à 240Mbps.

La réalité est très différente de ce qu’il y a sur la boite ou sur le site de Devolo qui se garde bien de trop rentrer dans le détail.

Un des rares fournisseur honnête à ce sujet est… Orange qui propose ses propres prises CPL-Wifi qui sont en fait… des Devolo.

Pour le modèle « 500Mbps », Orange ne prend pas de risque et indique un débit moyen de 45Mbps en CPL. Mais Orange laisse planer la confusion en indiquant des débits de plusieurs centaines de Mbps en Wifi. Il s’agit de débits théoriques sachant qu’après, tout repasse en CPL (donc, en moyenne, 45Mbps). Et de toute façon, le RJ45 est un 10/100mbps.

Alors, faut-il accuser les fournisseurs de tromper leurs clients ? Même pas. Car il est toujours indiqué que les chiffres annoncés sont des maximum et que tout dépend de la qualité de l’installation électrique. Autant dire, quelque chose d’invérifiable sauf à disposer d’équipements de mesure spécialisés, et encore. Car la qualité de cette ligne peut être dégradée par toutes sortes de phénomènes imprévisibles comme un nouvel équipement qu’on branche sur le secteur ou qui se met en route.

Et parfois, il faut chercher loin pour se rendre compte que certains débits ne peuvent être atteints que si on dispose de prises de courant avec une terre, ce qui est le cas sur les installations modernes mais pas forcément sur les installations anciennes.

Rien n’est dit non plus sur l’influence des disjoncteurs et des différentiels sur l’altération du signal. Pour ceux qui ne savent pas comment est constitué un interrupteur différentiel, voir cette page que j’ai faite sur un modèle Hager. On remarque que le courant passe par un enroulement sur un transformateur. Certains font remarquer que cet enroulement provoque une atténuation à la fréquence de modulation utilisé par le CPL. Donc a priori, ce n’est pas très bon et il est souhaitable que toutes les prises soient sur le même différentiel, ce qui est heureusement souvent le cas pour les prises à usage domestique.

Mais comme on le voit, les annonces faites par les fournisseurs maintiennent le flou sur les performances réelles des équipements de communication et se dédouanent par avance de tout ennui en mettant une réserve sur l’installation électrique.

Un retour d'expérience

J’ai voulu tester chez moi les communications en CPL et je vous donne les résultats de ce test. Il faut être conscient de ses limitations (un équipement de communication particulier dans un environnement particulier) mais cela devrait quand même intéresser ceux qui n’ont pas franchi le pas ou ceux qui ont des ennuis avec leur installation CPL.

Ma maison

Elle date de 1965 et a été agrandie en 1982. Une partie de l’installation électrique est celle de 1965 avec des prises bipolaires sans terre. L’autre partie plus récente comporte des prises bipolaires avec terre. Le tableau électrique a été refait à neuf en 2023.

Mon abonnement internet (opérateur Orange avec la boite correspondante) utilise (encore) du cuivre avec un débit de l’ordre de 30Mbps en téléchargement et 7 Mbps en chargement mais cela n’a pas vraiment d’importance pour ce qui suit.

La plupart de mes appareils à raccorder se trouvent dans des pièces câblées en 1965 (prises bipolaires sans terre).

Mes essais

J’ai acheté d’occasion des extender Ethernet et extender WiFi de la marque Devolo vendus sous la marque Orange et promettant un débit de 500Mbps.

Je dois signaler l’excellence de la documentation d’installation proposée par Orange qui est d’une grande clarté et son honnêteté sur les débits moyens auxquels on peut s’attendre : 45Mbps. C’est de toute façon au-delà de mon débit internet ce qui était pour moi le point important : je n’avais pas de besoin de communications haut-débit entre les équipements de mon habitation.

Mon premier essai a été de mettre l’extender Ethernet sur une prise de la nouvelle installation électrique (avec terre). C’est lui qui est branché en RJ45 avec la boite internet.

L’extender WiFi a été mis dans un bureau alimenté par l’ancienne installation. Il est difficile de mesurer la distance entre les deux prises mais je l’estime à 30 à 40 mètres. Entre les deux, on passe par deux disjoncteurs mais on se trouve protégé par le même différentiel.

Le logiciel Cokpit de Devolo a été installé sur le PC qui utilisait l’extender WiFi.

Que ce soit en RJ45 ou en WiFi, le débit maximal indiqué par le logiciel Cokpit entre les deux équipements de communication était de l’ordre de 20Mbps. Et c’était à peu près le débit Internet dont je disposais sur ce PC… En général. Car le problème est que parfois, sans qu’il y ait d’explication claire, ce débit s’effondrait, voir, était nul alors que le débit entre les deux équipements de communication affichait fièrement environ 20Mbps.

J’ai ensuite installé l’extender Ethernet sur une prise de courant de l’ancienne installation (prise bipolaire sans terre) : là où se trouve la boite internet, j’ai les deux réseaux électriques.

J’estime la distance entre les deux prises où sont branchés les équipements de communication à peut-être 20 à 30 mètres. Entre les deux, on passe par deux disjoncteurs mais on se trouve protégé par le même différentiel.

Le débit entre les équipements de communication est passé de 20Mbps à 100Mbps selon le logiciel Cokpit. Et le débit sur Internet atteignait presque le maximum du débit de la ligne (environ 30Mbps). Mais là encore, parfois, sans qu’il y ait d’explication claire, ce débit s’effondrait, voir, était nul alors que le débit entre les deux équipements de communication affichait fièrement environ 100Mbps.

Le résultat est qu’alors que le débit théorique permettait largement de suivre des vidéos en streaming, il y avait des coupures régulières, voir, des erreurs de type 232001 avec « the video cannot be played ». Cette erreur ne se produisait que sur un site qui retransmet une chaine de la télévision locale japonaise de NHK en streaming. Et une demande de « réparation Windows » du problème m’indiquait quelque chose du genre (je n’ai pas noté) : « pas de problème sur l’ordinateur mais il semble que vous ayez perdu le serveur DNS ».

Je n’ai jamais eu de problème de ce type sur Youtube lorsque la connexion était établie sauf qu’il était souvent difficile d’établir la connexion (écran figé en attente de réponse du serveur)…

J’ai passé deux jours à chercher différentes solutions au problème (et les réseaux sont « un peu » mon domaine de compétence). La conclusion à laquelle je suis arrivée est que ce matériel Devolo est buggé et s’envoie en l’air de temps en temps.

Et j’ai constaté que beaucoup de retours des utilisateurs signalaient des problèmes de ce type lorsqu’ils tentaient de regarder la télévision en streaming (sauf apparemment sur le CPL proposé par Free).

Finalement, j’ai tout viré et je suis repassé en WiFi comme c’était avant. J’ai juste un peu amélioré la disposition de la boite internet pour avoir une meilleure réception sur le PC et je n’ai plus eu de problème de streaming (débit internet de l’ordre de 30Mbps, soit, celui de la ligne ADSL). Et pour les autres pièces, j’ai mis un répéteur WiFi. Le débit n’est pas terrible partout (quand même 20Mbps sur internet dans les mauvais endroits) mais il est suffisant pour surfer et au moins, il n’y a pas ces déconnexions intempestives.

Voila, j’espère que cela pourra vous être utile. Mais encore une fois, ayez en tête qu’il s’agit d’une expérience particulière. Je suppose que cela fonctionne bien chez d’autres et les problèmes constatés peuvent aussi dépendre des usages.

Conclusion

Pour conclure, si vous avez le choix, privilégiez le câble. C'est ce qui vous donnera les meilleurs résultats et surtout, la meilleure fiabilité. Sinon, envisagez les répéteurs WiFi. Et si malgré tout, vous souhaitez passer au CPL, faites des tests sur une durée suffisante et assurez vous que vous pouvez rendre les équipements s'ils ne vous donnent pas satisfaction.

Novembre 2023

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