Mon Asimov

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dernière mise à jour : 2023

Introduction

J'ai lu ou relu, parfois une dizaine de fois, beaucoup des romans et nouvelles d'Asimov. Afin que cela ne finisse pas en névrose obsessionnelle, je me suis décidé à écrire ce petit opuscule qui comporte à la fois un résumé des principales oeuvres qui composent ce qu'Asimov appelle « l'histoire du futur » et l'exposé de quelques réflexions sur certains des thèmes développés dans cette histoire. Je ne sais pas si au final, cet exposé vous intéressera mais pour ce qui me concerne, cela m'a beaucoup amusé. Et puis, peut-être cela permettra-t-il à un lycéen de se tirer d'un devoir sur le sujet, avec je l'espère, une note honorable. Si c'est le cas, j'en serai encore plus ravi.

 

Quelques mots sur Isaac Asimov

Isaac Asimov est né en 1920 à Smolensk en Russie mais il a quasiment vécu toute sa vie aux états-Unis où il est arrivé en 1923. Avec un nom pareil, on se doute qu'il est d'origine juive mais il se déclarait athée. De son premier mariage en 1942, il aura deux enfants. Il se séparera de sa femme au début des années 1970 et se remariera en 1973 avec Janet Opal Jeppson, elle même romancière.

Isaac Asimov a commencé à écrire de la SF à la fin des années 1930 pour diverses revues dont la célèbre Astounding Stories qui avait John Campbell comme rédacteur en chef. Isaac Asimov lui voue une grande admiration et il ne fait pas de doute que Campbell a largement contribué à le former et à le guider, semble-t-il, sans complaisance. Après avoir obtenu un doctorat en biochimie, il hésitera quelques temps entre la recherche et l'écriture. Ses romans se vendant de mieux en mieux, il choisira cette dernière. Dans les années 1960, Isaac Asimov abandonnera la SF pour se consacrer, en particulier, à la réalisation d'ouvrages de vulgarisation scientifique, genre dans lequel il connaitra un grand succès. Finalement, il reviendra à la SF pour le plus grand bonheur de ses fans dans les années 1970 jusqu'à sa mort en 1992.

Isaac Asimov a été un écrivain de SF très prolixe. On dénombre des centaines de romans, nouvelles, anthologies ou ouvrages de vulgarisation à son actif. Tous ses écrits de SF n'ont bien sûr pas la prétention d'être des chefs d'oeuvres mais le nombre de ceux qui ont fait date est quand même impressionnant. Parmi eux, il y a donc ceux qui s'inscrivent dans ce que j'appellerai ici « l'histoire du futur ». Cet opuscule traitera pour l'essentiel de cette histoire et de la façon dont elle a vue le jour, car ce dernier point est également intéressant par lui-même.

 

Construction de l'histoire du futur

« L'histoire du futur » est une création artificielle. Elle ne correspond à aucun roman en particulier. Il s'agit du regroupement de plusieurs ouvrages qui n'avaient pas été forcément écrits pour former une suite logique et dont le déroulement s'étend sur plus de 20000 ans ce qui est propre à donner le vertige. Ce regroupement se fait grâce à quelques histoires qui constituent des « raccords », terme que j'utiliserai par la suite pour les désigner. Le résultat est que l'ensemble comporte de nombreuses incohérences qui en pratique, font la joie des lecteurs avertis.

Une autre particularité est que les romans « raccords » ont été écrits sur le tard alors que les romans d'origine sont des oeuvres de jeunesse. Il s'ensuit une hétérogénéité de style très visible : les oeuvres de jeunesse vont très vite à l'essentiel. Les descriptions sont courtes, les dialogues sont vifs et l'imagination du lecteur fait le reste. Les oeuvres tardives sont au contraire plus verbeuses. Asimov a vécu et ressent (peut-être) le besoin de plus expliquer les choses, comme s'il voulait nous faire passer l'idée de la complexité du monde. Là ou en trois ou quatre pages, on découvre dans le roman « Fondation » la planète Trantor à travers les yeux d'un jeune étudiant provincial en ayant l'impression d'avoir saisi l'essentiel, Asimov a besoin parfois de plusieurs pages de dialogues ou de descriptions dans ses oeuvres tardives pour nous exposer les moindres détails de la moindre idée (par exemple, dans « Fondation Foudroyée »). Le rythme et la fulgurance y perdent un peu. Mais ne boudons pas notre plaisir, même si elles sont exposées de façon plus laborieuses, les idées sont toujours là.

Cette hétérogénéité peut par contre surprendre le lecteur qui découvre aujourd'hui l'oeuvre d'Asimov. Car si on souhaite désormais aborder cette histoire du futur (pour les heureux qui ne l'auraient pas encore fait), il ne faut pas lire les livres dans l'ordre chronologique de leur parution mais bien dans l'ordre imposé par le cycle lui même. On a donc une succession d'oeuvres de jeunesse entrecoupées d'oeuvres tardives. Pour les avoir régulièrement relues dans ce nouvel ordre (nouveau pour moi puisque initialement, cet ordre n'existait pas et je les ai lues à l'époque dans un ordre quelconque), je peux affirmer que l'on s'y fait très bien.

Un dernier point qui mérite d'être signalé. Si plusieurs séries de romans ont été réunies pour former cette histoire, chacune à son intérêt et sa particularité propres et peut être lue pour elle même indépendamment du reste (c'est comme ça qu'elles ont été écrites). On notera que cette particularité ne s'applique pas (ou s'applique moins) aux romans raccords. Je ne sais pas s'il existe dans la littérature un autre cas de ce genre, du moins à cette échelle.

Il est temps maintenant d'exposer les principales oeuvres qui constituent le cycle de l'histoire du futur et l'ordre dans lequel il faut les lire.

Je fais un cas particulier pour « Prélude à Fondation » (1988) et « l'aube de Fondation » (1993). Ces ouvrages sont les derniers écrits par Isaac Asimov. En soit, ils n'apportent pas grand chose a cette histoire du futur même s'ils s'y inscrivent complètement. Disons que c'est plutôt l'occasion de retrouver deux des quelques personnages importants créés par Isaac Asimov, d'assister à la naissance d'une science nouvelle et surtout, d'y découvrir une des rares histoires dans laquelle l'amour entre un homme et une femme joue un grand rôle. J'en conseille donc la lecture après la fin du cycle (après « Terre et Fondation »), un peu comme s'il s'agissait d'un bonus pour faire durer le plaisir.

De même, on pourrait citer le roman « La fin de l'éternité » qui théoriquement s'inscrit dans cette histoire du futur et qui en serait le commencement (avant même la série des Robots). Isaac Asimov l'évoque en passant très vite dans son roman « Terre et Fondation » mais le lien est vraiment trop ténu et artificiel. Je n'en parlerai donc pas.

Par la suite, j'aborderai chacune de ses oeuvres avec ses particularités, ses personnages marquants, les principaux thèmes développés. Je ferai après coup quelques digressions sur certains thèmes communs à l'ensemble des romans de science fiction (et d'autres), à savoir, les sciences et techniques et les systèmes politiques pour montrer comment ils sont traités ou utilisés dans les romans d'Asimov. Pour finir, je décrirai quelques caractéristiques marquantes de certains personnages de l'oeuvre.

AVERTISSEMENT : JE DECONSEILLE LA LECTURE
DU CHAPITRE QUI SUIT A CEUX QUI VOUDRAIENT
DECOUVRIR LES ROMANS DANS LEUR INTEGRALITE.
SI C'EST LE CAS, ALLEZ DIRECTEMENT AU CHAPITRE 2



 

Chapitre 1 : les romans

Les Robots (1950)

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La série des Robots se présente sous la forme de nouvelles. Les histoires se déroulent dans les années 2000 (l'édition citée du manuel de la robotique date de 2058 et les premiers robots positroniques « grand public » sont censés être apparus en 1996). La société humaine est comparable à celle que l'on connait dans les pays occidentaux des années 1960 à 2000 (à part le fait qu'il existe un gouvernement mondial). Les voyages spatiaux sont développés mais uniquement au sein du système solaire. Toutefois, c'est dans la série des Robots que sera inventé le voyage hyperspatial permettant d'envisager l'exploration d'autres systèmes stellaires. Il s'agit toutefois d'un épisode anecdotique qui ne sert que de prétexte à une nouvelle histoire sur les robots et l'application des trois lois (voir ci après).

La série des robots repose sur un principe fondamental : la littérature sur les créations d'êtres ou d'objets ayant une certaine forme d'intelligence se concluait (avant l'oeuvre d'Asimov) presque invariablement sur une révolte de ces créations face à leurs auteurs. Asimov parle à ce sujet du « complexe de Frankenstein ». Dans la série des Robots, Asimov prend le contrepied de cette tendance en créant des machines intelligentes (les robots) qui par construction ne peuvent se révolter contre l'homme. Pour cela, il imagine que les robots sont munis d'un cerveau positronique (dont il se garde bien de nous expliquer en quoi cela consiste) et qui répond à trois lois qui sont devenus aujourd'hui incontournables en robotique :

 

Ces lois ont été créées pour faciliter l'acceptation des robots dans la société humaine qui est censée réagir au complexe de Frankenstein. Malheureusement, cela ne suffira pas pour qu'une large partie de la population les accepte. C'est pourquoi, dans l'essentiel des nouvelles qui composent la série des robots, ceux-ci se trouvent relégués à des tâches réalisées dans des environnements très encadrés, lorsqu'ils ne sont pas dédiés à l'exploration spatiale.

Dans beaucoup de nouvelles qui composent cette série, Asimov prend un malin plaisir à montrer l'insuffisance des trois lois ou leur inaptitude à permettre une utilisation efficace des robots. En effet, munis de leurs cerveaux positroniques, ils apparaissent comme des créatures ayant la faculté de raisonner, mais les trois lois induisent des effets pervers qui finissent par leur poser des problèmes psychologique. Et c'est ainsi qu'apparait un premier personnage clé dans l'oeuvre d'Asimov en la personne de Susan Calvin, robopsychologue de la société US Robot.

Susan Calvin est présentée comme une femme plutôt revêche. Il faut dire qu'elle a quelques excuses, alors que certains de ses collègues s'ingénient comme de parfaits imbéciles à créer des situations impossibles jusqu'au moment où ils sont obligés de faire appel à elle pour les tirer du pétrin.

La série des Robots est considérée à juste titre comme une oeuvre majeur de la SF. Les trois lois y sont pour beaucoup. A ce sujet, Asimov prétend qu'elles ont été inventées par Campbell qui prétend qu'elles ont été inventées par Asimov. Mais les trois lois n'y seraient pour rien si l'imagination d'Asimov n'avait pas créée les situations dans lesquelles elles peuvent s'exprimer.

Il ne serait pas judicieux de faire un résumé de chacune des nouvelles de la série. Je me contenterai de n'en résumer qu'une intitulée « Menteur ». Pourquoi celle-là, qui est loin d'être la meilleure, plutôt qu'une autre ? D'abord, parce qu'elle est explicitement citée dans un des romans du cycle de Trantor, à savoir « les robots de l'aube ». Ensuite, à cause d'une particularité de ce robot que l'on retrouvera dans d'autres romans d'Asimov.

Menteur

Le docteur Alfred Lanning, directeur de recherche de l'US robot, Peter Bogert, un mathématicien de son équipe, Milton Ashe, un jeune homme de trente-cinq ans promis à un brillant avenir et qui s'occupe de la fabrication et Susan Calvin, qui a alors trente huit ans sont bien ennuyés. Le 34ème modèle de la série RB (Herbie pour les intimes) est un robot télépathe. Ils s'en sont aperçu rapidement lors des tests mais ignorent comment cela a pu se produire. Ils ignorent également comment le phénomène est possible. Evidemment, on soupçonne qu'il y a eu un problème lors de la fabrication. Le jeune Milton Ashe est chargé de revoir toutes les opérations de montage afin de détecter où aurait pu se produire un incident. Susan Calvin doit étudier le comportement du robot pour voir comment cette faculté modifie sa personnalité. Quand à Lanning et Bogert, ils doivent travailler sur les résultats fournis par Susan et Milton pour essayer de les interpréter mathématiquement.

Parmi les tests qu'elle réalise, elle fait étudier au robot des ouvrages sur la physique et les mathématiques du moteur hyperatomique. Celui-ci les ingurgite et les comprend sans aucune difficulté mais il explique que ces ouvrages développent des théories extrêmement sommaires et que cela ne l'intéresse pas. De par sa nature, il est beaucoup plus passionné par l'étude des mobiles et des sentiments humains et souhaiterait pouvoir lire des romans. Susan lui fait comprendre qu'il y a un monde entre les sentiments développés dans les romans et la réalité humaine quotidienne mais la réponse empreinte de chaleur du robot lui fait comprendre qu'il se doute de quelque chose sur elle-même. Le robot le lui confirme avant même qu'elle ait pu l'exprimer. Il sait qu'elle a un tendre penchant pour le jeune Ashe et justement, il lui apprend que ce sentiment est partagé. Susan est bien un peu étonnée, d'autant plus qu'il lui semble que Ashe ne semblait pas insensible aux charmes d'une jolie blonde qui avait fait un passage à l'US Robot. Mais Herbie lui apprend que cette jeune femme n'est autre qu'une proche cousine ce qui explique leur familiarité. On voit alors une Susan Calvin qui prend un peu plus soin de son apparence personnelle, qui se maquille et qui semble moins renfermée.

Pendant ce temps, les recherches mathématiques se poursuivent. Sauf qu'il y a un désaccord sur l'approche entre Bogert et son patron Lanning. Ashe qui a ces derniers temps de fréquentes discussions avec Susan suggère à Bogert de soumettre ses travaux à Herbie qui d'après la robotpsychologue, est un petit génie en mathématique. Ce n'est pas l'avis de Bogert mais il se décide néanmoins à sonder le robot. Ce dernier ne trouve aucune erreur dans les calculs mais estime ne pas pouvoir aller plus loin que cette vérification ce qui conforte Bogert dans son appréciation sur les capacités réelles du robot en mathématique. Par contre, ce dernier a compris qu'il y avait une tension entre Lanning et Bogert, en partie, à cause du refus de Lanning d'accepter les démonstrations de Bogert. Il fait alors savoir à ce dernier que de toute façon, cela n'a pas une grande importance car Lanning, âgé de soixante dix ans, a déjà donné sa démission et que c'est Bogert qui a été désigné pour le remplacer. Celle-ci sera effective lorsque le problème qui le concerne (Herbie) sera résolu.

Quelques temps après, une violente dispute éclate entre Bogert et Lanning, au sujet de la démonstration que ce dernier n'accepte toujours pas. Lors de la dispute, Bogert lui annonce qu'il sait qu'il a démissionné et qu'en pratique, c'est désormais lui le patron. Lanning est stupéfait. Quelques explications lui font comprendre que c'est le robot qui a lâché le morceau. Lanning entraîne Bogert pour une discussion avec Herbie.

Dans le même temps, Ashe fait ses confidences à Calvin. Il a décidé d'acheter une grande demeure parce qu'il souhaite se marier (Susan est tout émoustillée)... avec la jolie blonde prétendument sa cousine germaine. Susan est effondrée. Elle trouve un prétexte pour quitter Ashe et se dirige a moitié groggy dans la salle où se trouve Herbie.

Elle y retrouve Bogert et Lanning. Lanning tente de faire répéter au robot ce qu'il a dit à Bogert à son propos. Le robot se tait ce qui augmente l'énervement des deux autres. Susan regarde la scène et finit par intervenir. Elle a compris ce qui s'est passé et le leur explique. Lisant dans l'esprit de ses interlocuteurs, il cherche à faire plaisir à leur pensées profondes pour répondre aux exigences de la première loi. Il a vu que Bogert lorgnait sur le poste de Lanning. Il a également compris que Bogert aurait été humilié si la solution au problème mathématique avait été donnée par Herbie lui même. Il a aussi compris que Susan était amoureuse de Ashe, mais ça, Susan se garde bien d'en parler. Et ne voulant absolument pas que cela puisse se savoir un jour elle va entreprendre de détruire le robot, en le manoeuvrant pour créer un conflit entre les deux premières lois de la robotique. En simplifiant, elle ordonne fermement au robot de dire la vérité concernant le désaccord entre Bogert et Lanning (deuxième loi) mais il ne peut rien en faire car du fait de la présence des deux hommes, il sait que cela leur causera du tort. Incapable de faire face au dilemme, il finira par se désactiver. Susan, furieuse, lui jettera un dernier regard mauvais en le traitant de « menteur ! ».

Si habituellement Susan est plutôt « bonne mère » avec ses robots et froide dans ses rapports avec les humains, Asimov nous la montre ici en femme humiliée et blessée. Dans ces circonstances, elle devient sans pitié. Pour le lecteur, c'est aussi une bonne démonstration du principe de « gel mental » ou « robloc » qui peut toucher les robots. Asimov aura l'occasion d'améliorer les parades permettant d'éviter à un robot de se trouver dans de telles situation. Ces aspects sont expliqués dans certains romans du cycle de Trantor.

 

Les Cavernes d'Acier (1954)

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Dernier avertissement avant le résumé. Vous trouverez juste après quelques appréciations personnelles portant sur un certain nombre de critères. Peut-être cela vous donnera-t-il l'envie de lire le roman plutôt que le résumé... ou le contraire.

Scénario : excellent. La base du scénario est une enquête policière. Elle sert de support ou de prétexte pour développer d'autres thèmes comme la nécessité de la conquête spatiale, les relations entre humains et robots, la description de la vie dans une civilisation surpeuplée, les névroses qui en découlent, etc. Les retournements de situations, procédé d'écriture cher à Asimov, sont nombreux et n'ont pas de caractère artificiel.

Personnages : on y fait connaissance avec deux personnages importants, le terrien Elija Baley et le robot R. Daneel que l'on retrouvera dans de nombreuses autres histoires. Leur personnalité est attachante. Elle s'affinera et évoluera avec le temps.

Vraisemblance : globalement, l'histoire n'est pas invraisemblable. On pourrait chipoter sur le fait que la population annoncée de la Terre et qui a obligé à créer les cavernes d'acier est de 8 milliards d'habitants et qu'elle est décrite comme insupportable. En 2009, date du présent opuscule, la population est de près de 7 milliards d'habitant et si l'on considère qu'il s'agit d'un chiffre élevé, on n'est pas encore dans la situation décrite dans le roman. Bon, on pourrait rétorquer que 20% de la population accapare 80% des ressources alors que dans les cavernes d'acier, la répartition semble plus égalitaire. Une autre invraisemblance potentielle est la distinction faite entre robots et ordinateurs (voir chapitre 2). Il faut la prendre comme un postulat sinon, ce n'est pas la peine de lire cette histoire du futur. Je ne reviendrai plus sur ce point par la suite. Enfin, l'agoraphobie qui s'est installée chez les terriens et qui les empêche quasiment de sortir à l'extérieur des cavernes d'acier paraît un peu exagérée.

Anachronismes : il y a quelques anachronismes comme la description des ordinateurs ou des moyens de communication. Mais passé la première surprise, on admet et on oublie.

Système politique et social : il s'agit d'une sorte de démocratie. Le gouvernement est mondial. L'administration est très présente et gère beaucoup des aspects de la vie quotidienne. Les libertés sont limités par rapport aux standards des démocraties occidentales de la fin du XXe siècle mais il ne s'agit pas d'un totalitarisme. Si vous souhaitez en savoir plus, consultez le chapitre sur la politique.

Résumé

L'histoire se déroule sur la Terre dans un futur assez éloigné du notre. Celle-ci est surpeuplée et pour des raisons d'efficacité, les êtres humains vivent dans d'immenses villes complètement fermées et régulées : les cavernes d'acier. L'espace vital et les ressources y sont comptés. Du coup, les familles vivent dans de petits appartements et tout ce qui peut être mis en commun l'est, qu'il s'agisse des sanitaires (WC, douches, lavabos...) ou des restaurants communautaires. Je cite a dessein les sanitaires car ils donnent à Asimov l'occasion de faire une petite description qui me semble pleine de bon sens. Il y a des sanitaires réservé aux hommes et d'autres aux femmes. Jusque là, rien d'extraordinaire. Même dans la science fiction, on imagine rarement qu'il n'y ait pas une séparation des sexes pour certaines activités. Par contre, l'ambiance qui règne dans ces deux lieux sont très différentes. Les hommes, gênés de se trouver ensemble dans cette situation ont pris l'habitude de s'ignorer. L'ambiance est sinistre. Par contre, les femmes ne semblent pas ressentir de gêne particulière et l'endroit est devenu un haut lieu d'échange d'informations et de papotages. Cette particularité me semble assez réaliste et plutôt bien vue. Pour le reste, les lieux d'habitations sont réduits au minimum. Une pièce ou deux, pas de cuisine, parfois un lavabo avec l'eau courante si votre statut social vous y autorise. Ce statut social est déterminé par une administration omniprésente et signalé sur une carte que doit avoir chaque individu afin de justifier le bénéfice de certains avantages (dans les restaurants communautaires, dans les transports, etc.).

L'enfermement continuel a créé une sorte d'agoraphobie permanente. Les seuls êtres qui travaillent à l'extérieur des cavernes d'acier, pour cultiver les champs par exemple, sont des robots positroniques. Il en existe certains en ville mais ils sont mal acceptés car accusés de voler le travail des être humains.

Pourtant, dans le passé, des hommes sont partis explorer les étoiles et ont colonisé des planètes extra-terrestres. Ils sont partis accompagnés de nombreux robots positroniques pour faciliter la terra formation des planètes. Puis avec le temps, l'exploration s'est arrêtée, le lien avec la Terre s'est distendu au point que de colonies, ces planètes sont devenues indépendantes. Les spaciens sont le nom donné à ces premiers explorateurs qui occupent 50 planètes au moment où l'histoire se déroule (par la suite, le terme « spaciens » a été remplacé par « spaciaux »). Depuis 85 ans, ils ont repris contact avec la Terre et ont installé une sorte d'ambassade du nom de Spacetown. Toutefois, la différence de culture entre ces deux branches de l'humanité entraîne des tensions. Disposant d'immenses ressources, ayant vu leur espérance de vie augmenter considérablement (4 à 5 fois plus longue que sur Terre), ils considèrent les terriens comme des sous-hommes, qui meurent vite, qui vivent dans un environnement hautement pathogène, et qui de toute façon courent à leur perte du fait de la surpopulation, de leur instinct grégaire et de l'épuisement des ressources de la Terre. Enfin, ces terriens sont très réticents à l'usage des robots ce qui choque les spaciens qui considèrent que la réussite de leur culture est due en grande partie à l'usage intensif qu'ils en font. Evidemment, les Terriens vivent très mal ce mépris, d'autant plus que la comparaison n'est pas à leur avantage. Du coup, les relations entre les deux communautés sont réduites au minimum, à savoir, quelques échanges économiques.

Un événement va amener spaciens et terriens à collaborer. Dans Spacetown, un spacien, le docteur Sarton, a été assassiné. Les spaciens acceptent de laisser la responsabilité de l'enquête à la Terre sous réserve qu'elle soit suivie par un des leurs. Mais comme il est impensable pour un spacien de se mélanger à la population des cavernes d'acier, au risque d'attraper toute sortes de maladies, la personne désignée est un robot positronique humaniforme du nom de R. Daneel Olivaw (R pour robot). Ce robot est humaniforme dans tous les sens du terme. Il peut être complètement confondu avec un être humain. Il est à l'image d'un être spacien bien réel, le docteur Sarton lui-même, l'homme qui a été assassinée. Quand à l'inspecteur terrien chargé de l'enquête, il s'agit d'un inspecteur de classe C5 du nom d'Elija Baley.

Le déroulement de l'enquête est le prétexte d'une confrontation entre deux formes d'intelligences. Celle de l'humain Elija Baley et du robot R. Daneel. Cette confrontation est d'autant plus tendue que R. Daneel, s'il résout l'enquête, pourrait démontrer le bien fondée de la théorie des spaciens concernant la généralisation de l'usage des robots. Et du même coup, mettre au chômage tout une catégorie de la population, et pas seulement des personnes sans qualification.

En fait Elija et R. Daneel vont apprendre à s'apprécier et à collaborer. Et au final, c'est un véritable amitié qui liera les deux êtres. Quand à l'enquête, les spaciens souhaiteront la clore car derrière cette collaboration imposée entre humain et robots, ils souhaitaient vérifier si la mentalité terrienne était définitivement fermée à tout renouveau de la conquête spatiale ou non. Durant l'enquête, R. Daneel manoeuvre son coéquipier pour voir comment il évolue sur ce point. Et quel ne sera pas l'étonnement d'Elija lorsqu'au cours d'une discussion avec un suspect qui appartient à un mouvement politique médiavaliste (qui prône le retour aux valeurs simples de nos ancêtres), il en viendra à défendre l'idée de progrès devant passer par un redémarrage de la colonisation.

Les spaciens sont satisfaits mais pas Elija. Et dans les dernières minutes avant la clôture de l'enquête, il finira par élaborer une théorie qui s'avèrera payante et qui lui permettra de découvrir le coupable. Las, l'identité de ce coupable risque de renforcer l'animosité entre terriens et spaciens et remettre en cause le plan pour relancer la conquête spatiale. L'affaire est donc classée sans suite et close pour raison d'état, et les spaciens finiront par fermer spacetown. Ils l'avaient décider avant de connaître le coupable (cette fermeture leur était apparue nécessaire pour ne pas braquer les terriens). Elle tombe à point nommé car elle permettra de donner une conséquence plausible au classement de l'enquête.

 

Face aux feux du soleil (1957)

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L'histoire se situe peu après les événements décrits dans les « Cavernes d'Acier ». Elle se déroule sur la planète Solaria.

Dernier avertissement avant le résumé. Vous trouverez juste après quelques appréciations personnelles portant sur un certain nombre de critères. Peut-être cela vous donnera-t-il l'envie de lire le roman plutôt que le résumé... ou le contraire.

Scénario : très bon. Comme dans les cavernes d'acier, la base du scénario est une enquête policière. Plus que dans les cavernes d'acier, elle n'est qu'un prétexte pour nous faire découvrir les particularités de la civilisation spacienne et particulièrement celle de la planète Solaria qui est robotisée à l'extrême. Au final, elle doit nous permettre de répondre à la véritable question posée par le roman, à savoir, quelles sont les forces et les faiblesses d'une telle civilisation et a-t-elle un avenir.

Personnages : on retrouve les deux principaux héros des cavernes d'acier à savoir, Elija Baley et R. Daneel. On y fait également connaissance d'une jeune femme spacienne, Gladia, à la personnalité attachante, en partie à cause de son inadaptation à certains aspects de la vie spatienne et également, parce qu'il s'agit de la principale suspecte dans l'enquête policière. On retrouvera Gladia dans plusieurs autres romans.

Vraisemblance : globalement, l'histoire n'est pas invraisemblable. Asimov énonce quelques postulats assez clairs qu'il faut accepter (la robotisation poussée à l'extrême, la durée de vie importante des spaciens, le souhait de limiter le volume de la population) et en tire les conséquences dans le reste du roman. Tout comme pour les cavernes d'acier, on peut trouver un peu exagéré l'aversion qu'on les spaciens de Solaria vis-à-vis des contacts physiques. Il faut néanmoins admettre ce fait car l'histoire policière repose en grande partie sur cette particularité. A noter que cette aversion n'existe pas chez les spaciens des autres planètes, sauf vis-à-vis des terriens pour des raisons d'hygiène.

Anachronismes : il y a quelques anachronismes comme la description du système de communication tridimensionnel qui est à la fois très évolué et très archaïque lorsque l'on considère le nombre de manipulations nécessaires pour qu'il fonctionne correctement. Il en est de même pour d'autres systèmes techniques dans le domaine des communications. Mais Asimov s'appesantit suffisamment peu sur ces descriptions pour que cela ne gène pas trop la lecture du récit.

Système politique et social : le système politique décrit est celui de Solaria. Il s'agirait d'une sorte de démocratie athénienne (Spartiate dans le roman) mais dont les problèmes aurait été réglés grâce à la présence des robots. Je développe ce point après le résumé. Plus généralement, c'est la description du système politique et social qui fait le véritable intérêt de ce roman.

Résumé

Solaria a été la dernière planète à avoir été colonisée et la seule à l'avoir été par les spaciens eux-mêmes (toutes les autres planètes ont été colonisées à partir de la Terre). Le mode de vie spacien y est poussé à l'extrême : la planète est très peu peuplée, environ vingt mille habitants. Un contrôle rigoureux des naissances fait en sorte que cet état se perpétue. Chaque habitant dispose donc d'un immense domaine et pour gérer ce domaine, de nombreux robots, la planète en compte environ deux cent millions. Tout cela amène les Solariens à limiter au maximum les contacts physiques entre personnes. Lorsque besoin est, ceux-ci se rencontrent essentiellement par l'intermédiaire d'un dispositif vidéo tridimensionnel. Toutefois, pour des raisons de perpétuation de l'espèce, les hommes et les femmes sont amenés au cours de leur vie à vivre ensemble (à se marier) de façon à pratiquer l'acte sexuel. Mais la répulsion qui s'est installée vis-à-vis des contacts physiques fait que cette pratique est réduite au strict minimum et nombreux sont ceux qui essaye d'y échapper. Dans ces circonstances, les homme et les femmes peuvent partager la même demeure mais celles-ci sont suffisamment grandes pour que sauf nécessité liée à la procréation, chacun puisse vivre isolé sans risque de tomber par hasard sur son partenaire. On apprend d'ailleurs que les Solariens travaillent activement à mettre au point une technique de fécondation et de gestation entièrement in vitro.

Or, un meurtre a été commis. C'est le premier depuis que Solaria a été colonisé. Les Solariens n'ont pas de service d'enquête digne de ce nom et c'est pourquoi Aurora, la plus puissante des planètes spacienne, va imposer qu'un enquêteur spécialisé participe à l'élucidation du meurtre. Celui qui fait cette « suggestion » n'est autre que Hans Falstoffe qui avait pu apprécier le talent d'Elija Baley dans les Cavernes d'Acier. Devoir accepter qu'un sous-homme soit impliqué dans des affaires spaciennes n'est pas pour plaire aux Solariens, ni aux Aurorains d'ailleurs. Mais Hans Falstoffe à ses propres raisons qui apparaîtront petit à petit et il insiste. Solaria doit s'incliner.

Si les Solariens ne sont pas enchantés de devoir accueillir un terrien, le terrien en question, Elija Baley est quand à lui complètement réfractaire à l'idée de conduire cette enquête. Une raison, et non des moindres, est qu'il devra quitter le cocon protecteur des cavernes d'aciers et faire un voyage dans l'espace. En plus de cela, il devra exercer son métier sur une planète dont il ne connait rien, confronté à une culture tout aussi inconnue avec au final, la quasi certitude de rater l'enquête. Mais ses supérieurs ne lui laissent pas le choix. Ils y voient la possibilité d'acquérir des informations de première main sur la culture spacienne alors qu'aucun terrien n'a mis les pieds sur une planète spacienne depuis des centaines d'années. Et que trouver de mieux qu'un inspecteur de police qui sait observer et qui est aussi un peu par nature un psychologue. En plus de devoir élucider le meurtre, Elija Baley devra donc identifier les points faibles des spaciens, sachant que leurs points forts, eux, sont bien connus, à savoir, une longévité exceptionnelle, une taille de population réduite et contrôlée et des robots efficaces qui les assistent dans leurs différentes tâches.

Heureusement, arrivé sur Solaria, il va retrouver son « collègue » Daneel qui pour la circonstance à perdu son R. Malgré leurs grandes connaissances en robotique, les Solariens ne savent rien des robots humaniformes et Hans Falstoffe veut voir si Daneel peut se faire passer pour un être humain aux yeux des Solariens. Accessoirement, il veut aussi par la suite montrer aux Solariens qu'Aurora et lui-même possèdent une avance sur eux dans ce domaine en dévoilant la vrai nature de Daneel. Elija Baley accepte de jouer le jeu.

Quasiment dès son arrivée sur Solaria, Elija apprend que l'enquête est considérée comme résolue par les Solariens (et par Daneel). La seule personne ayant pu commettre le crime est Gladia Delmarre, la propre femme de l'homme assassiné. Elle a été retrouvée sans connaissance près de son mari, aux coté d'un robot qui lui même est en état de quasi « gel mental » pour n'avoir pu répondre aux exigences de la première loi. Tout accuse Gladia sauf que comme le fait remarquer Elija Baley, il manque le mobile et l'on n'a pas retrouvé l'arme du crime. Néanmoins, tout au long de l'enquête, tous les événements et les informations que récupérera Elija Baley ne feront que conforter l'idée que Gladia est probablement la meurtrière, jusqu'au dénouement final qui va se faire sur un coup de bluff.

Elija découvre qu'il existe des tensions et des oppositions politiques au sein de cette société bien huilée. En particulier, le mari de Gladia a découvert qu'un de ses amis roboticien envisage l'utilisation de robots positroniques dans des armes de guerre en faisant en sorte qu'ils puissent outrepasser la première loi de la robotique. Elija Baley manoeuvre pour annoncer cette information lors d'une confrontation entre les différentes personnes impliquées dans l'enquête. Pour les Solariens présents, il s'agit d'une horreur absolue. Imaginer, dans une société robotisée à l'extrême, dans laquelle il y a un humain pour 10000 robots, que ceux-ci pourraient contrevenir à la première loi est inacceptable. Après un dernier retournement, l'initiateur de ce projet se suicide et l'enquête est close. Elija peut revenir sur Terre.

La fin du roman donne l'occasion à Asimov de procéder à quelques derniers retournements de situation, au moment de la restitution avec son supérieur hiérarchique. A la question sur les points faibles des spaciens, Elija répond que ce sont en fait leurs points forts supposés par les terrien, à savoir, leur nombre, leurs robots et leur longévité. Leur nombre qui les incite à une vie solitaire et individualiste, leurs robots qui les pousse à développer ce mode de vie, leur longévité qui ralenti les possibilité d'évolutions par rapport au rythme de la terre et qui n'incite pas à la coopération entre individu.

Son supérieur hiérarchique est satisfait de cette réponse car elle correspond finalement à la propre analyse des psychologues terriens suite à la lecture des notes d'Elija. Mais un point le chiffonne qui concerne l'enquête policière elle même. Il fait remarquer que le roboticien Solarien qui a focalisé sur lui toute l'indignation de ses compatriotes et qui s'est suicidé n'a en pratique pas pu être l'assassin. Elija le sait d'autant mieux qu'il connait l'auteur du meurtre : il s'agit de Gladia. Mais il explique qu'elle n'a été que l'instrument du roboticien dans cette affaire et que vue les circonstances, il n'a pas souhaité insister sur les conditions du meurtres. Et lorsque les Solariens prendront le temps de s'interroger sur ces conditions, Gladia sera loin ; Elija s'est arrangé pour la faire émigrer sur Aurora. Tout cela n'apparait pas comme très moral mais après tout, il s'agit d'affaires spaciennes...

Pour terminer, Elija se livre à un plaidoyer sur la nécessité de sortir des cavernes d'acier et de reprendre la conquête des étoiles. Son supérieur n'est visiblement pas intéressé par cette argumentation et invite gentiment Elija à se retirer.

Commentaires

Au delà de l'enquête, ce roman nous montre quels sont les dangers d'une civilisation dépendante des robots. Débarrassés des contingences matérielles, chaque individu peut se consacrer à quoi bon lui semble et satisfaire ses aspirations personnelles. Les projets deviennent individuels et le sens de l'intérêt collectif, voire, de l'intérêt de l'espèce s'atténue. Au final, chaque individu se complait dans ce que l'on appellerait maintenant une réalité virtuelle qui n'a d'autre horizon que celui de l'individu lui-même. De plus, l'augmentation spectaculaire de la durée de vie (les Solariens peuvent espérer vivre quelques centaines d'années) accentue le phénomène. Un individu peut espérer développer par lui même les connaissances dans un certain domaine, voire, plusieurs, durant sa vie. Il peut espérer être lui-même à l'origine d'une découverte originale ce qui le limite dans les interactions avec d'autres. Mais en pratique, cette absence d'interactions et de contraintes l'amène à pratiquer la recherche en dilettante et globalement, les connaissances ont plutôt tendance à régresser (sauf en robotique).

Ce phénomène est accentué par la faible population de Solaria qui ne contribue pas à créer une masse critique d'individus dans la plupart des domaines. Cette faible population est elle même une conséquence du mode de vie recherché, comme l'expose un psychologue Solarien (amateur) avec lequel Elija a un entretien (voir le chapitre 2).

Ce roman est aussi l'occasion de pousser un peu plus loin la connaissance des robots et le fonctionnement des trois lois. A un certain moment, Elija se retrouve coincé par Daneel qui veut l'empêcher de faire quelque chose qu'il juge dangereux. La première loi l'oblige en effet à protéger Elija malgré l'ordre contraire que ce dernier lui donne. Elija arrivera à manoeuvrer pour que Daneel soit lui-même dans l'incapacité d'agir en dévoilant la vrai nature de Daneel à d'autres robots et en le mettant sous leur garde. Heureusement pour Elija, il n'aura pas été assez subtil dans la façon de donner cet ordre et Daneel finira par pouvoir s'échapper et tirer Elija d'un mauvais pas. A un autre moment, Elija démontre comment un robot peut assassiner un être humain en dépit de la première loi ce qui met très mal à l'aise son interlocuteur Solarien.

Un dernier point mérite d'être signalé, car il peut être considéré comme osé pour ce type de littérature dans les années 1950 : il est plusieurs fois question de sexualité dans ce roman. Sur ce plan, Gladia apparaît comme inadaptée aux standards Solariens. Obligée pour des raisons sociales et à cause de son éducation de repousser les contacts physiques, elle est néanmoins attirée par la sexualité ce qui contribue à augmenter son sentiment de honte. Mais Elija n'est pas spacien et il ne redoute pas les contacts physiques. Gladia finira par se retrouver en face de lui et osera lui passer la main sur la joue (ce qui est d'une sensualité torride).

Au final, Gladia partira sur Aurora car malgré que l'enquête l'ait (provisoirement) innocentée, ce que l'on a pu apprendre sur elle en fait une exclue de la société Solarienne. Et elle a encore quelques siècles à vivre. Quand à Elija, il aura pu vaincre en partie son agoraphobie (il se force à aller dehors), ce qui le convaincra de la possibilité qu'ont les terriens de quitter les cavernes d'acier.

 

Les robots de l'aube (1983)

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« Les robots de l'aube » est un roman raccord qui préfigure le nouveau départ de l'humanité vers les étoiles. De mon point de vue, il ne peut être abordé sans avoir lu au préalable « Les cavernes d'acier » et « Face aux feux du soleil » dont il constitue la suite logique. Il a été écrit par un Asimov mature près d'un quart de siècle après ce « Face aux feux du soleil ». Il met en scène une fois de plus Elija Baley, R Daneel et l'on fait plus ample connaissance avec Gladia Delmarre devenue Gladia Solaria, ainsi qu'avec Hans Falstoffe.

Dernier avertissement avant le résumé. Vous trouverez juste après quelques appréciations personnelles portant sur un certain nombre de critères. Peut-être cela vous donnera-t-il l'envie de lire le roman plutôt que le résumé... ou le contraire.

Scénario : sans être aussi exceptionnel que celui des cavernes d'acier ou de face au feu du soleil, il fait quand même parti des bons romans d'Asimov. Comme dans les deux précédents, la base du scénario est une enquête policière. Comme dans face aux feux du soleil, un des objectifs est de nous décrire le fonctionnement de la société spacienne. On y retrouve avec plaisir des personnages introduits dans les premiers romans, y compris l'évocation de Susan Calvin. Les rebondissements sont nombreux, les descriptions des particularismes Solariens plus approfondis, les retournements de situation toujours aussi savoureux et bien amenés. Par contre, le scénario souffre un peu de la contrainte lié à sa finalité, celle de créer un lien entre deux cycles d'histoires qui n'avaient pas initialement été prévus pour fonctionner ensemble. De plus, comme dans d'autres romans tardifs d'Asimov, il est un peu verbeux.

Personnages : on retrouve les principaux héros des cavernes d'acier et de face aux feux du soleil à savoir, Elija Baley, R. Daneel et Gladia. On y fait plus ample connaissance avec un autre personnage également présent dans ces romans mais qui ne jouait alors qu'un rôle secondaire, à savoir Hans Falstoffe, homme politique et roboticien de son état, créateur de R. Daneel, quelque peu imbu de sa personne mais qui est en même temps généreux et qui souhaite un avenir commun entre terriens et spaciens. Comme d'habitude, pas de manichéisme chez Asimov. Les gentils ne sont pas exempts de tout défauts et les méchants ont des qualités.

Vraisemblance : dans ses grandes lignes, le scénario est assez vraisemblable. Dans le détail, on peut émettre certaines réserves. Tout d'abord, Asimov introduit une sorte de « super pouvoir » chez un des personnages. Il ne s'agit pas d'un truc ad'hoc et circonstanciel. Il sera à la base de l'explication finale de tout le cycle de l'histoire du futur. Etant pour ma part assez réservé quand à l'utilisation de cette facilité d'écriture (sauf dans Astérix, mais c'est une autre histoire !), je considère qu'il s'agit d'une faiblesse du roman dont Asimov aurait pu se passer. Une autre réserve concerne les l'usage des robots humaniformes comme condition du renouveau de la conquête spatiale chez les spaciens. En deux mots, les spaciens comme les terriens n'ont pas continué la colonisation de l'espace mais pour des raisons différentes. Certains spaciens n'imaginent pouvoir la redémarrer que s'ils disposent de robots humaniformes qui soient le plus proche possible des humains afin de terra former les nouvelle planètes et reproduire les conditions de vie des planètes spatiennes existantes. Cet extrémisme est peu crédible (l'usage de robots non forcément humaniformes semble largement suffisant) et affaiblit quelque peu l'argumentation développée dans le roman à ce sujet.

Anachronismes : ces romans étant tardifs, il y a peu d'anachronismes. Plus précisément, il y a des anachronismes « à rebours ». On pourrait en effet être étonné de voir les progrès réalisés en l'espace de quelques années, entre la technologie disponible dans face aux feux du soleil et celle disponible dans ce roman. Ainsi, dans face au feux du soleil, Elija Baley est écrasé par l'accélération lors du décollage de l'astronef qui l'emmène sur Solaria. Dans cette histoire, il ne s'aperçoit même pas que le vaisseau a atterri sur Aurora, ce qui suppose l'utilisation de système anti-gravitique (voir chapitre 2). Et il y a bien d'autres exemples de ce type.

Système politique et social : le système politique décrit est celui d'Aurora. Il semble être le même que celui des autres planètes spaciennes, hormis Solaria. Il s'agit d'un classique régime démocratique. Sans être poussé à l'extrême comme sur Solaria, le style de vie est néanmoins hédoniste. La faible population permet un large partage des ressources et la sophistication touche de nombreux aspects de la vie, à commencer par la nourriture qui est raffinée et qui utilise des produits sains. A ce propos, Asimov ne me semblait pas très intéressé par cet aspect de la vie dans ses romans de jeunesse, le considérant comme caractéristique d'une forme de décadence (c'est un avis très personnel et pour aller plus loin, je pense qu'Asimov avait un certain mépris pour la culture française, qu'à mon avis, il connaissait mal dans sa jeunesse. Mais j'aurai sans doute du mal à le démontrer). Dans ce roman, il ne se prononce pas sur le bien fondé ou non des plaisirs de la vie. Il les expose, montre que c'est très agréable, voire enviable. Mais au final, on ne sait pas trop quoi en penser puisque ces plaisirs sont associés à une forme de civilisation qui au final est destinée à disparaître. Comme si la sophistication généralisée d'un mode de vie annonçait sa fin (j'insiste sur le « généralisé ». Asimov est parfaitement conscient que dans les civilisations moins confortables, il y a toujours une partie de la population qui arrive à s'accaparer les ressources au détriment de la masse afin de se créer un mode de vie agréable... d'autant plus qu'il n'est pas généralisé).

Résumé

L'histoire commence alors qu'Elija Baley, profitant d'une journée de congé, se trouve à l'extérieur de la ville en compagnie d'autres personnes dont son fils. Ces derniers font partie d'une petite communauté qui s'entraîne à vivre hors des cavernes d'acier dans l'espoir de pouvoir un jour partir à la conquête des étoiles. Mais ce renouveau de la conquête spatiale est lié au bon vouloir des spaciens et particulièrement, des politiciens d'Aurora.

Sur Aurora, Hans Falstoffe est un homme politique influent (en plus d'être le plus célèbre roboticien, créateur du fameux R. Daneel) qui milite pour que l'humanité, spaciens et terriens, reparte à la conquête des étoiles. Il est en conflit sur ce sujet avec un autre roboticien, Amadiro, lui même homme politique, qui préfère que ce renouveau ne se fasse qu'avec des spaciens, ou au pire, ne se fasse pas du tout.

Mais Amadiro est bien conscient que le confort dans lequel vivent les spacien n'est pas propice à leur faire prendre le risque de devoir s'installer sur de nouvelles planètes qui ne seront pas forcément hospitalière. Il souhaite donc que cette nouvelle conquête se fasse avec des robots qui soient le plus proche possible des êtres humains. Ceux-ci seraient envoyés sur les nouvelles planètes pour les terra former et lorsqu'elles seraient prêtes, les spaciens, humains cette fois ci, pourraient s'y transplanter pour y reproduire le style de vie qu'ils ont créé sur les planètes déjà colonisées. Or, à part Falstoffe, personne ne sait fabriquer des robots humaniforme. Et Falstoffe ne veut pas dévoiler ce secret à Amadiro, estimant que son approche serait contre productive : il faut que les spaciens se réveillent et ré-apprennent à prendre des risques.

Jusqu'à présent, le parti de Falstoffe bénéficie d'une courte majorité au parlement Aurorain. Mais un événement risque de le discréditer et le mettre en minorité : un « meurtre » a eu lieu. R Jander autrement dit un robot, le seul autre robot humaniforme existant à part R. Daneel, et qui appartient également à Falstoffe, s'est mis en état de gel mental (ou robloc). Autrement dit, son cerveau positronique est détruit. L'hypothèse d'un gel mental accidentel semble exclu. Le parti d'Amadiro accuse donc Falstoffe d'avoir volontairement détruit R. Jander pour éviter qu'il puisse servir aux recherches de l'institut robotique qu'a créé Amadiro. Et Amadiro laisse supposer que Falstoffe pourrait faire de même avec R. Daneel afin de ne laisser aucune possibilité d'étudier les robots humaniformes. Certes, R. Jander étant la propriété de Falstoffe, ce dernier peut en faire ce qu'il en veut. Mais politiquement, l'effet est désastreux et Falstoffe qui clame son innocence doit démontrer qu'il n'a pas détruit R. Jander. Le problème est que si la destruction n'est pas accidentelle, elle n'a pu être provoquée que par un blocage mettant en jeu un conflit entre les trois lois de la robotique. Toutefois, les robots sont protégés contre de tels risques et arriver a outrepasser ces protections ne peut se faire que si l'on connait parfaitement les équations du cerveau positronique du robot que l'on cherche à désactiver. Et qui connait mieux la structure du cerveau de R. Jander que Falstoffe lui-même. Tout semble donc l'accuser et encore une fois, il va faire appel à Elija pour tenter de démêler la situation.

Evidemment, Elija n'est pas enthousiaste. Il n'est pas roboticien, ne connait pas la culture Auroraine, et a donc tout à perdre en se compromettant dans cette enquête. Mais ses supérieurs et sa conscience ne lui laissent pas le choix: si Falstoffe ne peut démontrer son innocence, le parti d'Amadiro aura la majorité au parlement Aurorain et les espoirs de la Terre de partir à la conquête des étoiles seront anéantis.

Elija part donc sur Aurora. Mais cette fois, R. Daneel est avec lui dans l'astronef qui fait le trajet de la Terre à Aurora. Il est également accompagné par un autre robot, R. Giskard, qui sert de bonne à tout faire et qui lui, au moins, a bien l'apparence d'un robot.

Sur Aurora, Elija va retrouver Gladia ce qui va lui poser un double problème. Le premier est que suite à l'enquête réussie sur Solaria, un film est sorti retraçant l'aventure et mettant en scène de façon romancée l'amour entre Elija et Gladia. Ce point lui a valu quelques problèmes avec sa femme malgré ses dénégations (et nous, nous savons qu'il ne s'est effectivement (presque) rien passé). L'autre problème est qu'il découvre que Gladia est impliquée dans l'enquête car Hans Falstoffe lui avait prêté R. Jander. Or Gladia, lassée de la pauvreté de ses relations avec les Aurorains avait découvert en Jander, qui a tout les attributs d'un homme véritable, un compagnon aimant, au petit soin, cherchant en permanence à la satisfaire en tout point. Bref, il était devenu son mari. Mesdames, je vois déjà une lueur de regret et d'envie dans vos yeux : pourquoi votre mari ne répond-il pas aux trois lois de la robotique et comment si cela est possible, les lui inculquer ! Toutefois, méfiez vous, il est également possible de faire des robotes humaniformes. Bref, elle aussi souhaite savoir ce qui est arrivé à R. Jander-godemiché (désolé).

Disons le tout de suite, l'enquête se déroule mal. Elija accumule les impairs ce qui fait qu'au bout de deux jours, alors qu'il a un entretien avec Amadiro, celui-ci lui annonce, très gentiment mais très fermement, qu'il est désolé de lui apprendre qu'étant donné les bourdes qu'il a commises, il demandera dès le lendemain au président du parlement de le renvoyer illico sur Terre. Bien sûr, il sera convié à l'entretien qui décidera de son sort entre le président, Amadiro et Falstoffe

Pour autant, il a néanmoins accumulé de l'information et il a le sentiment que quelque chose d'évident lui échappe.

A la sortie de son entretien avec Amadiro, il décide de rentrer chez Falstoffe. Giskard conduit le véhicule et R. Daneel est à ses cotés. Le temps est exécrable, il pleut à torrent et Elija sent revenir sa terreur des grands espaces. A peu près à mi parcours, Giskard lui annonce qu'ils sont suivi et que par ailleurs, il ne maîtrise quasiment plus le véhicule qui a du être saboté pendant qu'il discutait avec Amadiro. Alors que Daneel pense que la vie d'Elija est en danger, Elija comprend brusquement que tout a été fait pour que Daneel tombe entre les mains d'Amadiro. Rien de plus facile au poursuivant de le ramener chez Amadiro une fois le véhicule en panne, en prétextant qu'il a voulu prendre soin d'un malheureux terrien perdu dans la nature et sous le coup de son agoraphobie, sachant que Daneel viendra forcément avec lui (Falsoffe lui a ordonné de protéger Elija). Il prend alors la décision de faire arrêter le véhicule et réussit à convaincre Daneel et Giskard de s'enfuir et de le laisser sur place. De fait, du véhicule qui les suivait sortent des robots qui malgré l'état pitoyable d'Elija, semblent plus préoccupés de savoir où est passé R. Daneel. Ce dernier leur fait croire que Daneel est retourné chez Amadiro pour demander de l'aide. Les robots font demi-tour et il est laissé seul dans le véhicule. Il décide alors de partir pour éviter d'avoir à répondre aux robots lorsque ceux-ci finiront par s'apercevoir que Daneel n'est pas retourné chez Amadiro et part dans la nature environnante. Mais sa frayeur est trop grande et il se retrouve prostré près d'un arbre. Il sera retrouvé par Giskard et Daneel qui le ramènent chez Gladia pour le soigner : ils étaient en fait presque arrivés.

Il s'ensuit une scène émouvante entre Gladia et Elija et la nuit se passe. Le lendemain, un peu gêné, Elija prend son petit déjeuner avec Gladia qui semble quand à elle particulièrement heureuse. Ils discutent, s'expliquent, Gladia plaisante sur le fait qu'il ronfle, et lui raconte qu'il s'est réveillé dans la nuit en disant « il était là avant ». Sur le moment, cela n'aide pas particulièrement Elija à se préparer à l'entretien qui doit suivre. Sur le moment.

L'entretien est une fois de plus l'occasion pour Asimov de procéder à un retournement de situation. Elija va réussir à faire dire à Amadiro qu'il a eu des contacts avec R. Jander lorsque Gladia était absente de chez elle. Du coup, Amadiro n'étant pas spécialement un amateur dans le domaine de la robotique, les soupçons concernant la mise en gel mental de Jander pèsent autant sur l'un que sur l'autre. Afin d'éviter un scandale ou pour le moins, des discussions compliquées au parlement, le président suggère un compromis à Amadiro et Falstoffe. Amadiro arrête ses accusations vis-à-vis de Falstoffe et l'on admet que Jander s'est bloquée de manière accidentelle. Cette thèse validée par les deux plus grands roboticiens d'Aurora ne devrait pas être mise en cause. Quand à Falstoffe, il doit accepter de travailler avec l'institut d'Amadiro pour la mise au point de robots humaniforme. N'étant plus mis en cause dans le blocage de Jander, il gardera selon toute probabilité sa majorité au parlement et pourra continuer à plaider sa cause pour une reconquête des étoiles menée par les terriens et les spaciens.

Elija a donc sauvé la cause de la Terre ce qui pour lui est le principal. Mais la vrai fin n'est pas celle-là. Alors que Daneel va superviser les préparatifs de départ d'Elija, ce dernier va faire ses adieux à Gladia puis va passer ses dernières heures sur Aurora, dehors, à l'ombre d'un arbre, en compagnie... de R. Giskard.

Comme souvent, on se doutait un peu que ce personnage un peu secondaire n'avait pas été mis dans l'histoire par hasard. Mais qu'a-t-il de particulier ? Asimov laisse trainer quelques indices que l'on peut prendre aisément pour des approximations du scénario, mais qui prennent tout leur sens lorsque l'on dispose de la clé. Lors du voyage aller, entre la Terre et Aurora, Elija expérimente un appareil qui permet de voir les étoiles environnant le vaisseau spatial. La particularité de cet appareil est qu'il agit directement sur les centres visuels du cerveau sans passer par les yeux. On a donc l'impression de se trouver en dehors du vaisseau, en plein espace. Elija a beau s'être habitué à supporter l'extérieur, le phénomène est trop brutal pour lui et il commence à perdre conscience. Il est rattrapé de justesse par R. Giskard qui arrête l'appareil. Or Giskard montait la garde à l'extérieur de la pièce dans laquelle se trouvaient Elija et à ses cotés, R.Daneel. Et c'est R. Giskard qui réagit le premier : « il était là avant ». Elija en conclut que Giskard à la capacité à détecter les pensées/émotions ce qui explique qu'il a ressenti le malaise qui s'emparait de lui avant Daneel. La première loi faisant le reste, il est entré pour secourir Elija. Un autre élément l'a peut-être mis sur la piste. Pour le moins, avec cet élément, Asimov s'amuse avec ses lecteurs. A un moment de l'histoire, Hans Falstoffe doit expliquer à Elija Baley en quoi consiste un « gel mental ». Il prend comme support une histoire que l'on raconte aux enfants sur Aurora. Et cette histoire, c'est celle d'Herbie, le robot télépathe, dans une des nouvelles de la série « les robots » (voir précédemment). Cela donne également à Falstoffe l'occasion de rappeler que les robots ont été inventés sur Terre, il y a bien longtemps. Quand à Susan Calvin, il s'agit probablement d'un personnage de légende. Une telle personne à qui on attribue tant de mérites n'a certainement pas pu exister.

Toujours est-il que R. Giskard confirme sa nature de robot télépathe et précise : non seulement il peut détecter et interpréter les émotions mais il peut également les modifier. Ce talent fonctionne également sur les cerveaux positroniques et c'est lui qui a mis en gel mental R. Jander pour qu'il ne puisse livrer les informations qui auraient permis à Amadiro de comprendre le secrets des robots humaniforme. Il a également tenté de faire oublier l'incident du vaisseau à Elija mais il explique qu'il ne peut pas faire ce qu'il veut dans ce domaine : lorsqu'une pensée ou une émotion est trop bien ancrée, tenter de la modifier risque de créer des dommages dans le cerveau et la première loi s'y oppose. Par contre, il explique que c'est lui qui a amené Falstoffe à faire venir Elija. La raison ? Il souhaitait pouvoir analyser le comportement d'un terrien afin de se faire une idée sur le bien fondé de les faire participer à la reconquête des étoiles. Il explique quelles sont les raisons qui font que d'après lui, c'est aux terriens et non pas aux spaciens de reprendre le flambeau et que désormais il s'attellera à cette tâche.

Commentaires

Le roman est parfois un peu laborieux mais la logique d'Asimov, qui ne transparaît qu'imparfaitement dans ce résumé et qui plus est, d'une manière un peu caricaturale, est toujours aussi rigoureuse, sous réserve d'accepter certaines hypothèses ou postulats non formulés. On voit aussi qu'Asimov et les moeurs ont évolué, ne serait-ce qu'à travers la scène décrivant la relation entre Gladia et Elija. Cette scène aurait été difficilement envisageable 30 ans plus tôt.

Globalement, ce premier roman raccord est plutôt réussi. Il agit comme un demi lien entre les cavernes d'acier et ce qui annonce la série des « Fondation ». Le second roman raccord, « les robots et l'empire » constitue l'autre moitié du lien.

 

Les robots et l'empire (1985)

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Dernier avertissement avant le résumé. Vous trouverez juste après quelques appréciations personnelles portant sur un certain nombre de critères. Peut-être cela vous donnera-t-il l'envie de lire le roman plutôt que le résumé... ou le contraire.

Scénario : sans être franchement mauvais, il est un peu faible. Et le coté verbeux des romans tardifs d'Asimov n'arrange pas les choses.

Personnages : les principaux héros de l'histoire sont Gladia (âgée de plus de 230 ans, mais fraîche et pimpante comme aux premiers jours de face aux feux du soleil) et surtout les robots R. Daneel et R. Giskard (ce dernier étant apparu dans le roman précédent). On y retrouve également Amadiro l'opposant de Hans Falstoffe dans les robots de l'aube. Tous ces personnages voient leur personnalité devenir caricaturale. Le seul qui échappe à cet affaiblissement est Elija Baley, mort depuis bien longtemps (l'histoire se déroule 200 ans après les robots de l'aube), mais évoqué dans un flash back émouvant.

Vraisemblance : l'histoire est peu vraisemblable, tant psychologiquement que du point de vue de l'action. La discussion entre R. Daneel et la sous-secrétaire d'état à l'énergie est tout simplement invraisemblable. Qu'une personne, déjà peu encline à apprécier les robots, fussent-ils humaniformes, accepte de discuter avec l'un d'eux, en plus d'origine spatienne, sur un sujet aussi sensible que l'utilisation de l'énergie atomique est assez stupéfiant. Il en est de même de la capacité que se découvre Gladia à enflammer les foules. Ou alors, on doit admettre l'utilisation systématique du truc du « super pouvoir » déjà évoqué dans les robots de l'aube, ce qui contribue encore plus à affaiblir le scénario.

Anachronismes : on peut faire les mêmes remarques que pour les robots de l'aube. On en ajoutera une, la référence à l'accident de Three Mile Island. En 2009, on aurait plutôt tendance à citer Tchernobyl !

Système politique et social : la nouveauté est l'apparition des mondes « coloniens ». Ceux-ci commencent à se développer avec le renouveau de la conquête spatiale terrienne. Un parallèle peut être fait avec la conquête de l'ouest nord américain et l'établissement d'un régime politique, certes, démocratique, mais adapté aux contingences de la vie sur des mondes nouveaux encore peu développés. La Terre reste la référence commune à ces différents mondes, comme a pu l'être l'Europe à une certaine époque. Mais comme dans ce cas, il sera nécessaire de couper le cordon ombilical. C'est ce qui se passera à la fin du roman. Les coloniens, débarrassés de la vénération excessive qu'ils portent à la Terre devront se débrouiller par eux mêmes et vivre leur propre vie.

Sinon, on a une description assez réaliste et plus poussée que dans les romans précédents de la lassitude et de la perte de sens de la vie dans les mondes spaciens, à travers le récit que Gladia donne de sa propre vie durant ces deux cent dernières années.

Résumé

L'histoire se déroule environ 200 ans après la fin des « robots de l'aube ». Sur Terre, l'espoir d'Elija Baley s'est accompli, la colonisation a repris. La Terre, source de la vie et de la colonisation du fait de son énorme population est vénérée. Les éventuelles disputes entre mondes « coloniens » se règlent sous les auspices des autorités terriennes. C'est la planète qui unis tous ces nouveaux explorateurs.

Si sur la Terre, cinq générations d'humains ont vu le jour depuis les « robots de l'aube », sur Aurora, la vie suit un autre rythme. Certes, Hans Falstoffe est mort et c'est désormais Amadiro qui détient la majorité au parlement. Mais la reprise de la conquête spatiale par les spaciens n'a pas eu lieu malgré la mise au point de robots humaniformes. Ceux-ci ont été rejetés par la population qui y voit des concurrents potentiels. Pour ceux qui ne comprendraient pas en quoi, voir les rapports entre Gladia et R. Jander dans le roman précédent.

Si les mondes spaciens conservent globalement une supériorité militaire sur les terriens et les coloniens, le rapport de force est en train de changer. Amadiro, malgré sa haine de ceux qu'il considère toujours comme des sous-hommes, ne peut envisager de les rayer de l'univers sans risquer un guerre qui engendrerait des destructions dans les mondes spaciens.

Deux événements vont changer la donne. Le premier vient d'un jeune scientifique, Mandamus, qui a expliqué à Amadiro qu'il est en mesure de détruire la Terre sans que les terriens puisse accuser les spaciens d'en être à l'origine et donc, sans risque de représailles. Il pense qu'un tel événement sèmerait la consternation et l'anarchie dans les mondes coloniens qui finiraient par s'étioler et disparaître. La méthode de destruction consiste à activer la radioactivité naturelle de la croute terrestre en la faisant augmenter sur plusieurs dizaine d'années. Ce procédé est rendu possible par le fait que de toutes les planètes connues, la terre à une conformation particulière qui est d'ailleurs peut-être à l'origine de la vie. Elle possède un gros satellite qui du fait de sa gravité et de son influence sur les plaques continentales a rendu la croute terrestre plus fine que sur les autres planètes. D'autre part, elle est la seule planète connue contenant autant de corps radioactifs (ce qui est une explication possible de l'évolution rapide de la vie sur Terre du fait des mutations qu'elle engendre) et ces matériaux sont concentrés dans la fine croute terrestre. Moyennant l'utilisation d'un « intensificateur nucléaire », il est possible de créer une réaction en chaîne lente et irréversible qui augmentera la radioactivité au cours du temps, obligeant les terriens à abandonner la planète.

Le second événement est plus fortuit. Depuis quelques temps, la planète Solaria ne répond plus. Il semble que tous les habitants l'aient désertée. Seuls restent les robots qui continuent de faire leur travail. Or un vaisseau colonien s'est posé sur Solaria dans l'espoir de récupérer des robots, non pas pour les utiliser dans les mondes coloniens (les robots y sont interdits), mais pour en faire commerce avec les autres mondes spaciens. Et ce vaisseau a été détruit sans que l'on sache comment. Si les Aurorains affirment que les autres mondes spaciens ne sont pour rien dans cet événement qu'après tous, les coloniens ont bien cherché, ils sont néanmoins plutôt satisfait de cette leçon qui leur a été donnée. Or un vaisseau colonien est arrivé en orbite autour d'Aurora est souhaite utiliser les services de Gladia pour tenter une autre expédition sur Solaria afin de savoir ce qui s'est passé.

Gladia est bien sûr toujours vivante et n'a que très peu changé depuis la dernière fois qu'on l'a vue avec Elija. Elle est aussi la seule personne connue à avoir vécue sur Solaria. Les coloniens espèrent donc qu'elle saura les aider dans leurs recherches. La requête peut surprendre mais après tout, les Aurorains en général et Amadiro en particulier aimeraient bien savoir également ce qui se passe sur Solaria mais sans prendre de risques. Et si Gladia doit périr dans cette expédition, ce n'est pas Amadiro qui s'en plaindra : il continue de lui vouer une haine farouche. Le gouvernement Aurorain va donc tenter de convaincre Gladia d'accepter. Celle-ci refuse d'abord de recevoir le commandant colonien mais R. Giskard qui lui appartient depuis la mort de Falstoffe (ainsi que R. Daneel) va la convaincre d'accepter et de plus, le commandant colonien a un nom curieux : il s'appelle D.G. Baley.

Le commandant colonien est en fait un lointain descendant d'Elija Baley. Il donne également la signification des initiales de son prénom : depuis la mort d'Elija, il est d'usage de donner les prénoms de Giskard et Daneel aux deux premiers fils de la famille. Pour ce qui le concerne, sa mère a eu de nombreuses filles et lorsqu'elle a eu son premier fils, elle a jugé qu'elle avait assez d'enfants comme cela et lui a donné les deux prénoms.

Gladia accepte donc de partir dans le vaisseau colonien, accompagné de deux seuls robots : Giskard et Daneel. Leur arrivée sur Solaria va être l'occasion de faire une petite révision sur les trois lois de la robotique. Gladia ne reconnaît rien du domaine où elle a vécu et les robots présents, tous récents, ne la connaissent pas. Giskard part alors en exploration pour tenter de trouver des robots plus anciens. Arrive une femme qui se prétend être l'intendante du domaine. D.G. Baley considère que c'est à lui de faire les honneurs mais à peine s'est il présenté que l'intendante se précipite sur lui visiblement pour le tuer. Il est sauvé de justesse par R. Daneel et une lutte s'engage entre ce dernier et l'intendante qui s'avère être un robot humaniforme. Gladia, remise de sa surprise lui intime l'ordre de s'arrêter. L'intendante obéit à Gladia mais après un échange, refuse d'admettre que Baley est un être humain et que ses ordres sont de le tuer. Je passe sur les détails. Au final, alors que l'intendante est prête à tirer sur Baley tandis que Gladia tente de le protéger en se mettant devant, elle se fige et tombe. Arrive Giskard qui demande ce qui s'est passé. On s'en doute un peu lorsque l'on a lu le roman précédent.

Pendant ce temps, d'autres robots sont arrivés avec un appareil qui ressemble fort à un intensificateur nucléaire miniaturisé, visiblement, pour détruire l'astronef de D.G. Baley. Grâce à Gladia, les coloniens peuvent le récupérer et décident de partir directement sur Baley World, le monde d'origine de D.G. Baley.

Pourquoi Gladia a-t-elle été considérée comme humaine par l'intendante et pas Baley ? La raison tient à la définition de ce qu'est un être humain. Or les Solariens on ajouté un critère qui est lié à la prononciation de la langue. Sur Solaria, Gladia a instinctivement repris son accent Solarien pour s'exprimer avec les robots, d'autant plus qu'elle était sous le coup de la colère. Baley, lui, s'exprimait avec un accent colonien. Encore une petite démonstration d'Asimov sur les limites de ses trois lois.

Preuve supplémentaire, un vaisseau Aurorain qui s'était posé en même temps qu'eux sur la face opposée de la planète a été détruit. Les Aurorains ne parlent pas non plus avec l'accent Solarien.

Le reste du roman ne mérite pas que l'on s'y attarde. Gladia va se découvrir une nouvelle vocation et un nouveau sens à sa vie. Elle va tenter de réconcilier spaciens et coloniens. A la fin de l'histoire, Baley lui demandera de devenir sa femme.

Sur Aurora, la fille de Falstoffe va comprendre que Giskard à la possibilité d'agir sur les émotions. Elle tentera de le récupérer mais elle échouera. Par contre, s'étant confié à Amadiro sur ce point, ce dernier est désormais au courant des facultés de Giskard.

Sur Terre, le plan d'Amadiro sera exécuté, en partie à cause ou grâce à Giskard. Sur le site de Three Miles Island, une confrontation a lieu entre Amadiro, le jeune scientifique, Giskard et Daneel. Amadiro veut accélérer l'intensification nucléaire de façon à voir la Terre détruite de son vivant. Il essayera d'empêcher Giskard d'agir sur son esprit en jouant sur la première loi mais il échouera. Mandamus va lui aussi essayer d'amadouer Giskard par la logique en lui expliquant que rendre la Terre radioactive est le meilleur moyen de libérer les coloniens de leur chaînes psychologique et de hâter la création d'un empire libéré du souvenir de la Terre. Tout en expliquant cela à Giskard, il s'approche du système de déclenchement de la réaction et finit par l'actionner. Giskard laisse faire car bien que le scientifique ne croit pas un mot de ce qu'il dit, Giskard découvre que c'est en fait la vérité. Tout cela aura néanmoins sérieusement perturbé ses circuit positroniques (il a créé des dommages dans le cerveau d'Amadiro). Avant d'être complètement hors service, il agira sur le cerveau positronique de R. Daneel pour qu'il dispose désormais des mêmes capacités que lui et lui laissera le soin d'accompagner l'humanité dans sa quête des étoiles.

Commentaires

Si le roman revêt une certaine importance dans cette histoire du futur, ce n'est pas pour tout ce qui vient d'être résumé mais pour ce qui suit : durant le déroulement de tous ces événements, Giskard et Daneel ont de longues discussions entre-eux à propos des trois lois de la robotique. Daneel qui a une grande expérience des relations avec les humains et qui a reçu un message d'Elija Baley sur son lit de mort (ne cherchez pas, je n'ai pas raconté cet épisode, ni une autre rencontre entre Gladia et Elija qui est évoquée en flash back) pense qu'il y a une « loi supérieure » à la « première loi ». Il l'exprimera ainsi :

Loi zéro : un robot ne peut porter atteinte à l'humanité ni restant passif, laisser l'humanité exposée au danger.

Les autres lois doivent être transformées pour prendre en compte cette loi supérieure. Toutefois, à peine énoncée, elle s'avère généralement non opératoire. L'humanité est une abstraction. Un être humain est une réalité. Faire un tort réel à un être humain vivant et présent pour un hypothétique avenir meilleur de l'humanité dépasse le jugement des être pensants. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Giskard ne survivra pas au tort qu'il a causé à Amadiro, bien qu'il ait essayé d'appliquer la loi zéro. Toutefois, peut-être que si l'on dispose d'un moyen de rendre le futur moins hypothétique, la loi zéro pourrait devenir applicable. La psychohistoire, régulièrement évoquée dans ces différents romans, pourrait être ce moyen. Il verra le jour dans la trilogie des « fondations ».

Tyrann (1951)

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Tyrann est un roman (très) mineur dans la production d'Isaac Asimov, tant du point de vue du style que du scénario. On peut allègrement le sauter et passer au suivant. Il est a noter qu'Asimov lui même déclare que c'est le roman qu'il apprécie le moins, pour les raisons qui sont expliquées dans les commentaires.

Dernier avertissement avant le résumé. Vous trouverez juste après quelques appréciations personnelles portant sur un certain nombre de critères. Peut-être cela vous donnera-t-il l'envie de lire le roman plutôt que le résumé... ou le contraire.

Scénario : roman de gare amélioré. Asimov lui-même ne l'aime pas trop.

Personnages : la plupart des personnages sont caricaturaux et peu crédibles.

Vraisemblance : ce n'est pas une caractéristique recherchée par ce roman.

Anachronismes : l'histoire souffre des anachronismes typiques des premiers romans d'Asimov. D'autant plus qu'Asimov y développe quelques éléments techniques qui font un peu datés.

Système politique et social : le système politique décrit préfigure la création d'un empire. Il s'agit d'une sorte de féodalité, chaque planète ou groupe de planètes étant régie par un potentat local plus ou moins éclairé. Le tout est en train d'être unifié sous la houlette du Kan des terribles tyrannis. A la fin du roman, on pourrait croire que ces féodalités seront amenées à être remplacées par des systèmes démocratiques, qu'il s'agisse de républiques ou de monarchies constitutionnelles. Mais comme ce roman s'inscrit dans le cycle de Trantor, on sait que cette évolution se terminera par la création d'un empire. Que faut-il en conclure ? Que les démocraties trouvent leur aboutissement dans un empire ou que l'empire de Trantor a une base démocratique ?

Résumé

L'histoire se déroule alors que l'humanité a repris sa marche vers les étoiles. De nombreux systèmes stellaires ont été colonisées et sont autant de petites féodalités regroupant une ou plusieurs planètes. Parmi ces féodalités, celle de Tyrann a entrepris de mettre les autres sous sa coupe en profitant d'une plus grande avance technologique, tant dans la conception des vaisseaux spatiaux que dans la discipline et l'art de la guerre. Evidemment, les autres féodalités supportent difficilement ce joug et une opposition larvée s'est faite jour.

Le héros de l'histoire est un jeune homme, Biron Farill, qui termine ses études sur la Terre. Celle-ci est devenue quasiment invivable à cause de sa radioactivité due à une guerre ancienne ce qui constitue une incohérence avec la fin du roman « les robots et l'empire ». Un de ses objectifs fixé par son père est de tenter de retrouver un texte qui pourrait être une arme permettant de renverser les Tyranni.

Son père ayant été repéré comme un opposant actif aux Tyranni, il est exécuté par ces derniers et la propre vie du héros se trouve désormais menacée. Il est donc amené à quitter précipitamment la Terre pour chercher refuge sur la planète Rhodia. Malheureusement pour lui, cette planète est dirigée par un « directeur » faible qui est une marionnette des Tyranni. Il réussi néanmoins à leur échapper (avec la fille et le cousin du directeur en question) dans un vaisseau volé aux Tryranni. Le cousin du directeur lui révèle alors l'existence d'une planète rebelle qu'il a connu accidentellement dans sa jeunesse : le vaisseau Tyranni qui le ramenait sur sa planète a été percuté par une météorite alors qu'il allait effectuer un saut hyperspatial. Le saut a bien lieu mais l'appareil complètement déréglé n'a pas rejoint l'endroit prévu. Seul survivant, il est recueilli et soigné par les habitants de la planète et renvoyée vers sa destination d'origine. Le peu de temps qu'il a passé sur place lui suffit pour comprendre qu'il s'agissait de rebelles qui préparaient la révolte contre les Tyranni. Malheureusement, il ne sait pas où la planète se trouve et la quête commence.

Durant cette quête, ils finissent par apprendre que la planète se trouve probablement dans la nébuleuse de la Tête de Cheval. Cinq candidats sont possibles. Les trois premiers ne donnent rien. Sur la quatrième, ils sont capturés par les Tyrannis qui les suivaient depuis le début, en compagnie du directeur de Rhodia pour des raisons politiques (il faut laisser l'impression que les affaires de Rhodia sont gérées par Rhodia).

Finalement, l'exploration de la cinquième planète ne donne rien et les Tyrannis se convainquent que cette histoire de planète rebelle est sortie de l'esprit quelque peu excité du cousin du directeur. Tout ce petit monde est renvoyé sur Rhodia, c'est à dire, le directeur, sa fille et le héros (le cousin est mort entre temps). Le dénouement a lieu dans les dernières pages. On y apprend de façon fort logique que le cousin du directeur avait en fait rejoint la planète Rhodia (il n'y avait aucune chance qu'un vaisseau dont la programmation du vol aurait été déréglée au hasard se retrouve à l'issue du saut à proximité d'une quelconque planète). La planète rebelle est donc la planète Rhodia. On y apprend également que cela fait vingt ans que le directeur se fait passer pour un imbécile aux ordres des Tyrannis pour éviter de donner l'éveil. Enfin, on va découvrir quel est la teneur du texte recherché par le père du héros et qui était en fait en possession du directeur de Rhodia (c'est ce qui lui a donné l'idée de préparer la révolte). Comme le dit le directeur, ce texte donnera la possibilité à l'humanité entière de se libérer du joug des Tyrannis mais il détruira également tout le système féodal qui régit l'humanité. Et le dernier paragraphe se conclu par une citation de mémoire du début de ce texte : il s'agit de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis.

Commentaires

Lorsque j'ai lu le roman, je me doutais bien qu'il s'agissait d'un texte de cette nature (on s'en doute quasiment dès le début du roman en dépit des faux indices laissés de-ci de-là). Mais je trouvais qu'Asimov en faisait un peu trop à la gloire de son pays d'adoption. Pour le moins, il aurait pu citer la déclaration des droits de l'homme de l'ONU qui venait d'être adoptée. Asimov s'en est expliqué quelques années plus tard dans ses mémoires. Il précise que tout ce qui à trait à ce texte a été imposé par son éditeur alors que le roman avait déjà été écrit. Asimov a donc modifié l'histoire avec des passages qui pouvaient aisément être supprimés. Malheureusement, ils ne le furent jamais ce qu'Asimov déclare regretter. Le fait qu'il se soit senti obligé de relater cet événement m'a fait d'autant plus apprécier Asimov car cette histoire me restait un peu en travers la gorge.

Cailloux dans le ciel (1950)

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J'avais complètement oublié Cailloux dans le ciel lorsque j'avais écrit cette page. Plus de 10 ans après, je m'en suis aperçu et j'ai ajouté ce chapitre. Dans mes souvenirs, le roman n'est pas mal, sans plus, mais j'ai eu la flemme de le relire pour en faire un résumé et une critique plus complète.

Dernier avertissement avant le résumé. Vous trouverez juste après quelques appréciations personnelles portant sur un certain nombre de critères. Peut-être cela vous donnera-t-il l'envie de lire le roman plutôt que le résumé... ou le contraire.

Scénario : Pas mal.

Personnages :

Vraisemblance :

Anachronismes :

Système politique et social : le système politique décrit est celui d'un empire (celui de Trantor à ses débuts, orthographié Trentor dans mon édition).

Résumé

La Terre, ravagée par une la radioactivité (Voir les Robots et l'empire) est une planète arriérée et en révolte permanente contre l'Empire. Les terriens préparent un complot contre cet empire grâce a un virus qui attaque les humains sauf les terriens. Au final, le complot sera déjoué par une personne venue accidentellement du passé, l'Empire sera sauvé, mais comprendra ses erreurs vis-à-vis de la Terre et finira par l'aider (ce passage est évoqué dans Terre et Fondation).

Les courants de l'espace (1952)

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Un autre livre que j'avais oublié lorsque j'avais écrit cette page.

Dernier avertissement avant le résumé. Vous trouverez juste après quelques appréciations personnelles portant sur un certain nombre de critères. Peut-être cela vous donnera-t-il l'envie de lire le roman plutôt que le résumé... ou le contraire.

Scénario : Pas mal sans plus.

Personnages : pas très crédibles. Un peu caricaturaux

Vraisemblance : pas top.

Anachronismes :

Système politique et social : le système politique décrit est celui d'un empire en expansion (celui de Trantor à ses débuts).

Résumé

Le Kyrt est un textile aux propriétés extraordinaires qui ne pousse que sur la planète Florina, une colonie du royaume de Sark. De son côté, l'empire naissant de Trantor qui cherche à éliminer ses rivaux voudrait bien s'approprier Florina. Or Florina risque d'être détruite...

 

Fondation (1951)

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« Fondation », « Empire et Fondation » et « Seconde Fondation » sont considérés, à juste titre, comme les meilleurs romans d'Asimov. Et pour beaucoup de lecteurs, ils font partie des meilleurs romans de SF.

Dernier avertissement avant le résumé. Vous trouverez juste après quelques appréciations personnelles portant sur un certain nombre de critères. Peut-être cela vous donnera-t-il l'envie de lire le roman plutôt que le résumé... ou le contraire. Ces appréciations portent sur l'ensemble de la trilogie.

Scénario : pour l'essentiel, excellent, subtil, avec de magnifiques retournements de situations. Je précise « pour l'essentiel » car Fondation est une suite de nouvelles et certaines d'entre-elles peuvent être un peu plus faibles que d'autres. La force du scénario global de Fondation est de s'appuyer sur des histoires courtes et percutantes, genre dans lequel Asimov excelle. Les histoires des autres tomes sont plutôt des romans ce qui leur fait perdre un peu de force. Toutefois, la fin du troisième tome est savoureuse et permettra à Asimov d'imaginer une suite trente ans plus tard.

Personnages : les personnages sont en général bien campés, crédibles, intéressants. Comme souvent chez Asimov, ils ne sont pas manichéens. A la différence des cavernes d'acier et de ses suites, leur durée de vie se réduit à l'histoire dans laquelle ils apparaissent.

Vraisemblance : il y a quelques invraisemblances dans certaines histoires mais on peut vivre avec sans que l'intérêt du roman diminue. Tout d'abord, il y a le principe même de l'encyclopédie comme moyen de sauvegarde des connaissances. Cette idée aurait pu être admissible au 18ème ou 19ème siècle mais dès le 20ème siècle, elle semble obsolète dans son principe. La technique et les savoirs faire associés représentent une masse de connaissance beaucoup plus considérable et volatile que les connaissances scientifiques. On en a des exemples continuels depuis les années 1950. Or, une encyclopédie serait bien en mal de les mémoriser et de les restituer. Ce n'est donc pas une encyclopédie qu'il aurait fallu créer mais tout un complexe scientifico-industriel qui de toute évidence, aurait difficilement pu survivre sans relations fortes avec le reste de l'empire.

Dans le même ordre d'idée, la perte de connaissances extrêmement rapide des planètes voisines de Terminus dans les domaines scientifiques et techniques paraît assez invraisemblable, du moins, telle qu'elle est présentée. Perdre le secret de certaines formes d'énergie alors que les astronefs continuent de les utiliser n'est pas très crédible.

[ajout : plus de dix ans après avoir écrit ce paragraphe, j'en suis arrivé à penser que finalement, cette perte de compétence rapide n'est pas invraissemblable. Il suffit de constater (et pour des raisons professionnelles, j'ai pu le constater par moi-même) à quelle vitesse la France a perdu ses compétences et ses savoir-faire dans les domaines techniques et scientifiques en l'espace d'une vingtaine d'années. Et une fois que le processus a démarré, on se trouve engagé dans une spirale qui ne fait qu'accentuer le phénomène et rendre plus improbable le fait de retrouver ces compétences sans un apport extérieur ou une durée très longue.]

Enfin, il est curieux que l'exploration de l'univers se soit limitée à une seule galaxie depuis près de 20000 ans. Cette curiosité sera relevée dans les dernière pages du roman Terre et Fondation, sans pour autant qu'elle soit expliquée.

Sinon, il y a quelques invraisemblances plus fondamentales mais qui sont propres à tous les romans de cette histoire du futur. Une est liée aux conséquences même de l'existence des voyages hyperspatiaux. L'autre est liée à une incohérence dans les possibilités de communication d'informations envisagées par Asimov. Tout ces points sont développés dans le chapitre 2.

Anachronismes : il y a quelques anachronismes mais dans l'ensemble, il ne nuisent pas à l'histoire. Par exemple, dans l'une d'elles, le héros parle de tube à vide dans une centrale nucléaire. Peut être que les plus jeunes lecteurs penseront qu'il s'agit d'un composant issue d'une technologie hautement évoluée.

Système politique et social : le système politique initial est un empire. C'est de sa chute dont il est question dans la trilogie de Fondation. Cet empire n'est pas décrit comme maléfique. Au contraire, il a su préserver une longue période de paix et de prospérité pour les 25 millions de mondes qui sont sous son contrôle. L'analogie avec l'empire romain est ici évidente. Toutefois, son effondrement a été calculé et il faut en limiter les conséquences. Les autres systèmes politiques dont il sera question sont ceux de Terminus, siège de la fondation et des planètes environnantes. Pour ces dernières, les systèmes décrits sont en général totalitaires. Il s'agit d'une conséquence de la perte progressive de contrôle de l'empire sur les planètes périphériques. Pour Fondation, le système politique évoluera rapidement au fur et à mesure de sa montée en puissance. On en verra les prémisses dès la deuxième histoire et il s'apparentera par la suite à une république démocratique. Asimov montrera que cela ne l'empêchera pas de tomber parfois dans le totalitarisme.

Résumé

L'histoire débute dans un futur assez éloigné du roman « Les robots et l'empire » (je passe sous silence les romans intermédiaires) : environ 12000 ans après. L'humanité s'est disséminée dans la galaxie et occupe 25 millions de planètes. Toutes ces planètes font partie d'un empire. L'empereur siège sur la planète Trantor qui en est le centre administratif et culturel. « Tout part de Trantor et tout y arrive » dit un personnage dans une des histoires.

Nous découvrons Trantor à travers les yeux d'un jeune mathématicien, Gaal Dornick, qui arrive de sa planète provinciale pour rejoindre un groupe de chercheur animé par Hari Seldon. En quelques pages, Asimov réussi à décrire tout ce qui est utile de savoir sur l'Empire, Trantor et sa grandeur pour la suite de l'histoire. En particulier, on imagine sans mal l'effet que peut provoquer cette planète, quasiment entièrement recouverte de métal, sauf les jardins de l'empereur. Une sorte de caverne d'acier à l'échelle planétaire. 40 milliards d'individus y vivent, dont une bonne partie se consacre à l'administration de l'empire. Il ne faut pas moins que les ressources de vingt planètes agricoles et un flot continu de cargos pour faire vivre cette population.

Arrivé à son hôtel, Gaal Dornick à la désagréable surprise de constater qu'une personne l'attend dans sa chambre. Il s'agit de Hari Seldon. Une rapide discussion entre les deux hommes permet au lecteur d'appréhender l'élément qui forme la trame de toute l'oeuvre à savoir, la psychohistoire. Il s'agit d'une science mathématique fondée pour l'essentiel par Hari Seldon et qui permet de calculer l'évolution d'une masse humaine sur le long terme. Hari Seldon se livre à un petit développement sur la situation présente de Trantor ce qui lui permet, à la fois de tester les compétences du nouveau venu et par la même occasion de nous faire découvrir que Trantor est en rapide déliquescence. Le lendemain matin, Gall Dornick est arrêté dans sa chambre d'hôtel et conduit en cellule. Il y apprend par l'avocat d'Hari Seldon que ce dernier a également été arrêté et qu'un procès doit avoir lieu.

Le procès se déroule comme une parodie de justice. Il vise à démontrer que le groupe de savant dirigé par Hari Seldon n'a pour autre objectif que de saper le pouvoir de l'empereur et l'ordre de l'empire en prêchant sa fin prochaine.

Le deuxième jour du procès prend une tournure très différente. Très vite, le président de la commission, Chen, qui est en fait le véritable dirigeant de l'empire (l'empereur n'est encore qu'un enfant), prend la direction du débat. Il se fait confirmer par Hari Seldon que non seulement Trantor est amené à disparaître dans les cinq siècles à venir mais que l'empire lui-même va s'effondrer et qu'il s'ensuivra une période de chaos, de guerre, de misère et de perte de connaissances qui durera 30000 ans avant que l'humanité puisse prendre un nouveau départ, si elle le peut encore. Il se fait exposer le plan d'Hari Seldon pour limiter à 1000 ans l'interrègne entre les deux empires : il s'agit de créer une fondation dont le but sera de préserver et augmenter les connaissances humaines au sein d'une immense encyclopédie du savoir.

Pour Chen, il s'agit avant tout de se débarrasser d'Hari Seldon et de son équipe sans faire de vague. Il va leur imposer un exil dans un endroit calme et propice à ce genre de travaux. Ainsi, il éloigne le risque de voir se propager les idées d'Hari Seldon tout en évitant le risque de publicité qu'engendrerait une mesure plus brutale. De plus, l'empereur pourra prétendre que ce groupe travaille effectivement à la préservation de l'empire.

Le lieu d'exil est la planète Terminus. Elle se trouve dans une province périphérique, éloignée du centre de l'empire qui lui se trouve proche du noyau central de la galaxie. C'est là que toutes les personnes impliquées dans le projet de Hari Seldon continueront leurs travaux ce qui en fait quand même 100000 lorsque l'on considère conjoints et enfants de ceux qui sont directement impliqués dans les travaux. Hari Seldon, homme âgé et condamné à court terme du fait d'une maladie qui le mine, restera sur Trantor pour y mourir. Pour Gaal Dornick, c'est l'effondrement. Le régent a réussi se débarrasser de Seldon et de son projet.

Le premier retournement de la trilogie se situe dans les derniers paragraphes de cette première histoire. Hari Seldon explique à Gaal Dornick qu'il manoeuvre depuis des années pour que tout le projet soit exilé précisément sur cette planète. Car si Hari Seldon a déterminé les raisons qui amèneront à la chute de l'Empire, il a aussi élaboré un plan pour effectivement limiter la durée de l'interrègne. Et ce plan passe par un exil imposé de l'équipe de Hari Seldon (il n'est pas facile d'obliger 100000 personnes à émigrer volontairement sur une planète perdue...) et la constitution de la fondation sur Terminus, ainsi que d'une seconde fondation sur Star's End.

Commentaires

Un peu à l'instar de « Robots » avec les trois lois de la robotique, cette première histoire est aussi destinée à poser les grands principes de la psychohistoire. Et comme dans la série des « Robots », Isaac Asimov va développer différentes histoires qui se dérouleront sur 400 ans et qui nous en montrerons toutes les implications... et les limites.

Résumé

La deuxième histoire se déroule quelques dizaines d'années après les précédents événements. Hari Seldon n'est plus qu'un souvenir, souvenir qui néanmoins est amené à se matérialiser dans une crypte pour rappeler son message (enregistré en trois dimensions) dans les moments difficiles prédits par la psychohistoire. Evidemment, sur Terminus, personne ne connait le détail du plan Seldon car les postulats sur lesquels il repose sont clairs : une connaissance fine du futur par les masses créée une interaction avec les équations de la psychohistoire et les résultats perdent toute fiabilité.

Si Terminus, est d'abord une communauté de savants dont le rôle est de travailler à la bonne réalisation de l'encyclopédie, il y a également une population qui grandit et qui a d'autres objectifs et évidemment, un gouvernement local en la personne du maire de Terminus. Or, celui-ci a des problèmes. Les quatre royaumes voisins font montre d'une volonté d'indépendance vis-à-vis de l'empire et lorgnent sur la planète Terminus. En particulier, le royaume d'Anacréon, le plus puissant des quatre, ne cache pas sa volonté d'annexer purement et simplement Terminus.

Jusqu'à présent, le maire a réussit à jouer chaque royaume contre les autres et aucun d'eux ne veut se risquer à une guerre contre les trois autres. Même s'il a constaté une dégradation des connaissances et de la maîtrise des techniques dans ces royaumes, en particulier, dans le domaine de l'énergie nucléaire (que Terminus continue de bien maîtriser), Terminus n'est pas à même de pouvoir imposer sa volonté ou contrer celle d'un des quatre royaumes en cas de conflit ouvert. Mais tout ces problèmes sont assez éloignés des préoccupations des encyclopédistes qui forment le vrai gouvernement de Terminus par mandat de l'empereur lui-même. La venue d'un émissaire de l'empereur est de nature à les rassurer.

Parfaitement imbue de sa personnes, se complaisant dans de grandes considérations, flatteur quand il le faut, il réussi néanmoins à rassurer les encyclopédistes sur le fait que l'empereur n'admettra pas qu'un royaume extérieur ait des visées sur ses possession personnelles. Tout cela est concrétisé à travers un nouveau traité entre Terminus et l'Empire ainsi qu'un traité entre le royaume d'Anacréon et l'Empire.

Quelques temps après, Anacréon envoie une missive à Terminus. Le maire se livre à l'analyse symbolique des trois textes. « Au début, je croyais que l'émissaire de l'empereur était un imbécile consommé... » dit-il aux encyclopédistes. Mais l'analyse du traité entre l'empereur et Terminus révèle qu'au delà des formules ronflantes, aucun engagement n'est pris. Il en est de même concernant les discussions entre l'émissaire et les encyclopédistes (que le maire a enregistré et fait analyser). Plus grave, l'analyse du traité entre Anacréon et l'empire se résume à « obligations de l'empereur vis-à-vis d'Anacréon : aucune. Obligations d'Anacréon vis-à-vis de l'empereur : aucune ». Enfin, la missive envoyée par Anacréon à Terminus et dont l'analyse est particulièrement simple se résume à « vous nous donnez ce que nous demandons dans une semaine ou sinon, nous vous mettons un raclée et nous nous servons nous même ».

Toutefois, les Encyclopédistes ont un avantage sur le maire. Même s'ils n'en connaissent pas le détail, il savent que le plan Seldon a prévu ce genre de situation et que les événements finiront par tourner en faveur de Terminus. D'autant plus qu'une apparition d'Hari Seldon est prévue pour dans six jours et qu'il doit bien avoir donné quelques idées sur la façon de s'en sortir. Mais le maire, lui, ne peut attendre et devant l'inaction des encyclopédistes, il décide de faire un coup d'État.

Le jour prévu de l'apparition, les acolytes du maire se rendent maître des lieux importants.

Pendant ce temps, les encyclopédistes, ignorant ce qui est en train de se passer, et le maire, sont dans la crypte. A l'heure dite, Hari Seldon apparaît. Il commence par expliquer le plus naturellement du monde que l'encyclopédie est une imposture qui n'a servie qu'à justifier la création d'une communauté sur Terminus. Communauté isolée de tout, en bute aux royaumes voisins, et qui ne doit attendre de secours que d'elle même. Pour le reste, il rappelle qu'il ne peut expliquer en quoi consiste son plan mais il signale que Terminus se trouvera régulièrement dans une situation de crise et qu'à chaque fois, une solution évidente et unique s'imposera. Et il disparaît. Cela suffit à provoquer un déclic chez le maire qui comprend parfaitement à quelle solution Hari Seldon fait allusion. Fin de la nouvelle !

Commentaires

Cette deuxième histoire nous ôtes nos certitudes. La série des « Fondations » ne sera pas la simple histoire d'une communauté scientifique qui aurait vocation à sauver le monde. Le La est donné. Le monde est mouvant, changeant, l'adaptation devra être la règle et Hari Seldon n'est pas là pour expliquer ce qu'il faut faire. Il se contentera de commenter la situation courante, ce qui n'est après tout pas si mal.

Résumé

La troisième histoire se déroule quelques dizaines d'années après la précédente. On y retrouve, en plus âgé, le même maire de Terminus. Les premiers paragraphes sont destinés à nous faire comprendre quelle solution a trouvé le maire dans l'histoire précédente pour sortir de la crise. Terminus étant la seule planète à maîtriser l'énergie nucléaire au sein des quatre royaumes, il a tout simplement proposé ses services à chacun d'eux. Et avec le temps, il s'est servi de la religion pour former les servants locaux des quatre royaumes. Dans ces royaumes, la science la plus avancée est donc un fatras de mysticisme contrôlé par un prêtre aux ordre du maire de Terminus (le grand prêtre), et des religieux locaux aux ordres du prêtre.

Le prêtre d'Anacréon revient pour une courte période sur Terminus afin d'y voir le maire. Il l'alerte sur le danger que représente le roi et le régent local, surtout depuis qu'ils ont capturé un croiseur de l'empire, à la dérive dans l'espace depuis on ne sait quand. Ce croiseur doit être remis en état dans les chantiers de Terminus. A lui seul, il représente une puissance considérable, équivalente à chaque flotte de guerre de chaque royaume voisin. Le prêtre trouve dangereux de fournir ce vaisseau au roi du royaume dans lequel il prêche mais le maire ne souhaite pas entrer en conflit avec les royaumes. Cette attitude lui vaut d'ailleurs une opposition de plus en plus virulente de la part d'un jeune parti politique activiste, qui veut en découdre avec les royaumes environnants et ne veut à aucun prix que le croiseur soit remis en état par Terminus. La probabilité d'un coup d'État devient de plus en plus importante et l'actuel maire en est d'autant plus conscient qu'il est arrivé au pouvoir par ce moyen.

Il prend néanmoins le risque de livrer le vaisseau en état de marche au royaume d'Anacréon, comme démonstration de bonne volonté à l'occasion du couronnement du roi.

Le régent et le futur roi, justement, sont de plus en plus remontés contre l'importance prise par Terminus dans les affaires du royaume, à travers en particulier, le contrôle de l'énergie nucléaire. Le maire de Terminus se rend sur Anacréon pour livrer le croiseur réparé et assister au couronnement du roi.

Le soir du couronnement, le maire est séquestré et est mis devant le fait accompli : toute la flotte d'Anacréon (croiseur compris) est partie à la conquête de Terminus. Mais cette conquête sera stoppée nette. Dans chaque vaisseau se trouve un religieux qui veille à la sauvegarde des âmes. Et un miracle (aidé par la technique, bien sûr) retournera la situation. Les religieux maudiront l'expédition contre la source de toute connaissance et de la religion elle même, à savoir Terminus. Le roi et le régent qui ne sont pas dupes de cette religion ont simplement oublié que les âmes simples, elles, l'étaient. Sous l'influence des religieux, la population du royaume se retournera contre ses dirigeants et la planète passera sous le contrôle de Terminus, sans plus de heurts. Au final, une nouvelle apparition d'Hari Seldon montrera que le maire a sagement agit, refrénant ainsi les visées du mouvement politique activiste... Pour un temps sans doute.

Commentaires

Avec cette histoire, Isaac Asimov nous montre une fois de plus que les choses ne sont pas aussi évidentes qu'elles paraissent. On peut en effet se demander pourquoi le maire décide de livrer le vaisseau à Anacréon. Mais même s'il ne maîtrise pas la psychohistoire, il se doute que le vaisseau n'est qu'un élément accidentel dans la trame historique et qu'Hari Seldon n'a pas pu calculer le futur en prenant en compte de tels événements. Après tout, le vaisseau aurait pu tomber directement entre les mains de Terminus ou n'avoir jamais existé. Non, le vrai pouvoir se trouve dans la religion qui a été mise en place à la suite de l'épisode précédent. Et quoi qu'il puisse arriver, c'est à travers le contrôle de la religion que Terminus doit se tirer des mauvais pas. On notera aussi le clin d'oeil qui est fait à l'histoire précédente. Le leader du mouvement politique activiste et qui envisage une prise de pouvoir par la force est à peu près du même age que le maire de terminus au moment où celui-ci a fait son coup d'état. Mais au final, l'histoire ne se répètera pas. C'est aussi un des messages délivré par Asimov. Enfin, on retiendra l'aphorisme du maire de terminus : « la violence est le dernier recours de l'incompétence », qui sera en filigrane du reste de la série.

Résumé

La quatrième histoire est assez anecdotique. Par contre, elle permet d'introduire une nouvelle étape dans l'évolution de Terminus. Celle-ci continue d'accroître son emprise sur les planètes environnantes grâce à la religion et à sa maîtrise des techniques atomiques. Ses faibles ressources et son isolement l'ont obligé à être autonome dans ce domaine industriel et à concevoir toutes sortes d'équipements adaptés au marché qu'elle représente. Alors que l'empire concevait son industrie en pensant aux besoins de 25 millions de planètes, Terminus conçoit la sienne pour des besoins plus limités. Mais ce potentiel industriel présente un grand intérêt pour les autres planètes de la périphérie, alors que les liens avec l'empire sont de plus en plus distendus.

C'est ainsi qu'apparaît une nouvelle race d'aventuriers qui sont les marchands. Ceux-ci diffusent la technologie de Terminus de plus en plus loin mais selon des règles strictes : le commerce doit être le moyen de faire rentrer le contrôle de la religion chez les planètes clientes. Avec le temps, on se doute que les intérêts des uns et des autres vont diverger. D'autant plus que certaines planètes ont pu analyser le phénomène et les dirigeants locaux n'ont pas envie de laisser leur pouvoir à ce nouveau venu. La cinquième histoire va développer ce thème.

Trois appareils marchands ont disparus dans le secteur de Korell. Suffisamment armés et disposant de dispositifs de défense, ils n'ont pu être éliminés que par d'autres appareils bénéficiant d'armes atomiques. Korell ne semble pas disposer en propre de la technologie permettant d'éliminer des vaisseaux marchands. Il faut donc imaginer que parmi les marchands, qui ne forment pas une communauté d'intérêt systématiquement soudée, certains ont trahi.

Hober Mallow, maitre marchand, est désigné par Terminus pour mener l'enquête. Il se rend alors sur Korell avec un chargement de matériels à vendre. Korell est connu pour accepter le commerce mais pas la religion qui l'entoure. Les missionnaires de Fondation sont chassés ou emprisonnés.

Sur l'astroport ou le vaisseau de Mallow s'est posé, le contact avec les autorités se fait attendre. Ce n'est pas un officiel qui arrive mais un homme qui demande la protection de Mallow et qui se dit être missionnaire. Contre l'avis de son équipage, Mallow ordonne qu'il soit remis aux autorités Korelliennes, alors qu'une foule menaçante a entre temps entouré le vaisseau. Cet événement débloque la situation et Mallow est finalement reçu par le commodore de Korell. Après quelques échanges où Mallow explique qu'il n'est là que pour vendre son matériel métallurgique, une démonstration est organisée dans une usine près de la capitale. Mallow espère bien identifier si oui ou non l'énergie atomique y est toujours utilisée. Peine perdu, l'usine semble être revenue au bon vieux temps des hauts fourneaux quand tout à coup, il repère que les personnes de la gardes du Commodore sont équipés de fusils qui ne peuvent être qu'atomiques. Et sur leur crosse se trouve gravé un dessin : le soleil et l'astronef, l'emblème de l'empire. Mallow tient son explication.

150 ans se sont écoulés depuis la création de la Fondation sur Terminus mais l'Empire est loin d'avoir disparu, seule, une petite portion de la périphérie échappe a son ancien contrôle. Avant de retourner sur Terminus, Mallow complètera seul son enquête sur une autre planète, Siwena. Il y rencontrera un érudit, Onum Barr, ancien patricien de la planète qui lui fera une description de l'évolution de la situation politique locale. Mallow aura également la possibilité de constater de visu la dégradation des sciences et des techniques dans ce secteur de la galaxie.

De retour sur Terminus, Mallow va être confronté à l'opposition du Maire de Terminus qui l'accuse de ne pas avoir secouru le missionnaire.

Mallow va faire la démonstration que ce missionnaire était un leurre et que le gouvernement de Terminus lui même est mouillé dans un piège qui lui a été tendu. L'opposition entre les intérêts de Terminus, qui veut maintenir le contrôle par la religion et celui des marchands se terminera à l'avantage de ces derniers. Et Mallow qui a désormais conscience du danger que représente une éventuelle confrontation avec l'Empire est décidé à prendre le pouvoir pour gérer la situation. Sa popularité et le soutient des commerçants aidant, il se fait élire maire six mois plus tard.

Il n'est que temps. Sur Korell, la situation a également évolué. Le commodore obtient l'aide de l'empire, en la fourniture d'astronefs de combats pour s'accaparer Terminus. Terminus n'a absolument pas les moyens de faire front mais lorsque l'on demande à Mallow comment il compte combattre, il répond qu'il ne fera rien. C'est le défaut de commerce qui vaincra Korell. « [Bombardez les villes], ils enverront leurs fils se faire tuer par millier dans des astronefs qui se briseront en vol. Mais la résistance devant les petits ennuis faiblit vite lorsque l'on n'a pas pour vous aiguillonner le sentiment patriotique que le pays est en danger [...] Simplement un couteau qui ne coupera pas, un four qui ne chauffera plus, une maison qui gèlera en hiver. Ce sera désagréable et les gens murmureront [...] Je m'attends à voir se développer un climat de mécontentement qu'exploiteront par la suite des personnages plus importants [...], les industriels, les propriétaires d'usines [...]. Le commodore ne pourra pas résister à la crise économique qui va ravager Korell dans deux ou trois ans ».

Je cite cet extrait de la démonstration de Mallow qui s'étend sur quatre pages et qui est encore plus convaincante. De fait, trois ans après le début des hostilités, Korell capitule et passe sous le contrôle de Terminus.

Commentaires

Cette histoire permet à Asimov de tourner la page de la religion pour faire entrer Fondation dans l'ère du commerce comme moyen de contrôle de son environnement, comme la Hanse à participé à créer la puissance européenne à la fin du moyen age. D'une petite planète isolée et sans ressource, on voit apparaître une puissance régionale dont le pouvoir s'impose de plus en plus vite et de plus en plus loin. Mais jusqu'à présent, Terminus n'a pas eu d'adversaires vraiment à sa hauteur. Or, l'empire est toujours présent et sa puissance est quasiment la même que celle qu'il avait lorsque Fondation a été créé. L'histoire suivante fait partie du deuxième tome de la trilogie et va mettre face à face ces deux acteurs.

 

Fondation et Empire (1952)

Résumé

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Bel Riose est un jeune général de l'empire au passé déjà brillant. Petit à petit, il raccommode les morceaux éparpillés de l'empire pour la plus grande gloire de l'empereur. Il était donc fatal qu'il vienne un jour à entendre parler de Fondation.

L'histoire débute alors qu'il se trouve dans son astronef en conversation avec un certain Ducem Barr, homme agé, fils de Onum Barr dont on a fait connaissance dans l'histoire précédente. Ducem Barr a fait des recherches sur la Fondation et le plan Seldon. Bel Riose reçoit cette histoire avec une certaine incrédulité. Et même si Ducem Barr essaye de le convaincre qu'on ne peut se battre contre la destinée prévue par la psychohistoire, Bel Riose accepte le défi : « une volonté vivante contre une science morte ». Mais en bon militaire, il cherche à mettre les chances de son coté. Après avoir convaincu son empereur quelque peu sceptique, il obtient des renforts et engage le combat. Toutefois, avec ces renforts, il doit également supporter l'homme de confiance de l'empereur que ce dernier à placé à ses cotés pour contrôler ce général un peu trop populaire. Bataille après bataille, les vaisseaux de Terminus sont obligés de reculer, non sans livrer des combats désespérés et coûteux.

Bel Riose finit par capturer un vaisseau marchand de Fondation. Il espère en savoir un peu plus sur cet adversaire qui ne veut pas admettre sa défaite et sur le plan Seldon. Lathan Devers, le marchand capturé prétend ne même pas savoir de quoi il s'agit. Mais profitant d'une opportunité, il réussit à s'échapper avec Ducem Barr et une importante somme d'argent. Son but, profiter d'une information qu'il a pu recueillir pour discréditer Bel Riose auprès de l'empereur.

Et c'est ainsi que Barr et Devers se retrouvent sur Trantor qui n'a rien perdu de sa splendeur. Grâce à l'argent et au savoir faire de Ducem Barr, ils remontent avec force pots de vin, la chaîne de l'administration pour avoir accès à l'empereur. Peine perdu, au moment où ils essayent de corrompre un des derniers maillons de la chaine, le fonctionnaire refuse et leur fait savoir qu'ils sont sous surveillance depuis un moment. La situation semble mal partie mais Lathan Devers arrive de nouveau à s'échapper et à rejoindre son vaisseau avec Ducem Barr.

Après avoir échappé aux poursuites, ils se retrouvent en tête à tête dans l'espace. Lathan Devers a raté sa mission (car il s'agissait d'une mission de la dernière chance). Ducem Barr ne semble pas de son avis. Il lui montre un journal qu'il a eu le temps d'attraper alors qu'ils rejoignaient leur astronef sur Trantor. En première page, il annonce que Bel Riose et l'homme de confiance de l'empereur ont été arrêtés, la guerre contre Fondation est terminée.

A leur retour sur Terminus, Ducem Barr va tenter de donner une explication de cette victoire inattendue. La thèse est simple : un général sans autorité n'aurait pu inquiéter Fondation. Un général fort et un empereur faible non plus. Le général aurait visé des objectifs plus immédiats, prendre la place de l'empereur. Dans le cas présent, l'empereur était fort et le général également. Ce dernier ne pouvait donc assumer son destin qu'en dehors du centre du pouvoir. Mais un empereur est fort parce qu'il refuse à ses sujets de l'être. A partir du moment ou le général devenait trop fort, l'empereur était obligé de l'éliminer.

Commentaires

Avec cette histoire, Isaac Asimov nous démontre encore plus clairement que ce ne sont pas les actions individuelles ou les stratagèmes improvisés qui permettront à Fondation de se sortir des mauvais pas. La folle équipée pour tenter d'atteindre l'empereur était inutile de toute façon. D'autres écrivains auraient sans doute privilégié une confrontation militaire totale entre l'empire et Fondation, qu'au final, au mépris de la logique et grâce à quelques pirouettes, Fondation aurait finit par emporter. Isaac Asimov ne tombe pas dans ce piège.

Résumé

La suite de l'histoire s'apparente plus à un roman du fait de la taille et de la complexité des situations. Elle a pour nom « Le Mulet ». Elle a un coté tragique.

Aux confins de la galaxie, on rapporte que les planètes tombent sous la coupe d'un mystérieux conquérant qui se fait appeler le Mulet. Peu de personnes l'ont vu mais on le décrit comme un homme d'une taille imposante et d'une force surhumaine.

Le danger se rapproche de Fondation. Celle-ci, sûre désormais de sa force et surtout, de la force du plan Seldon, attend la confrontation avec confiance, même si les mauvaises nouvelles s'accumulent. Le Mulet finit par conquérir les planètes proches de Fondation et la confrontation finale va avoir lieu. Tout le monde parle d'une « crise Seldon » et de fait, il est prévu une apparition dans la crypte. Hari Seldon y délivre son message, qui remplit de stupeur les participants : la description qu'il fait des événements n'a rien à voir avec ce qui est en train de se passer. Et Terminus tombe entre les mains du Mulet.

Trois personnes, un jeune couple, Baya et Toran et un savant du nom de Ebling Mis partent alors à la recherche de la seconde Fondation qu'Hari Seldon est censé avoir créé. Ils sont accompagnés par un nain, une des rares personnes à avoir pu échapper à l'emprise du Mulet alors qu'il jouait le rôle de « fou du roi » et qui pourrait s'avérer utile pour en savoir un peu plus sur le conquérant.

Le problème est que personne ne sait où se trouve cette seconde Fondation. Ils décident alors d'aller dans la bibliothèque de Trantor afin de tenter de trouver des indices.

En fait, la Trantor que nous connaissions a été détruite lors de guerres de successions et n'est plus qu'un amas de métal, qui d'ailleurs constitue la principale ressource à l'exportation. Pour le reste, la maigre population qui a pu échapper au désastre transforme petit à petit la planète en monde agricole. Seule, la bibliothèque est restée intacte.

Ebling Mis va alors entreprendre ses recherches de façon forcenée. Il en perd la santé et alors qu'il semble au seuil de la mort, il annonce avoir découvert où se trouve la seconde fondation.

Au moment où il va donner cette information, Baya le tue, devant son mari, Toran, et le nain. Quelques explications s'imposent. Le nain n'est autre que le Mulet. Il dispose d'un pouvoir supranormal que l'on a déjà rencontré dans la série des « Robots de l'Aube ». Il a la capacité de ressentir et modifier les émotions. C'est lui qui a agit sur Ebling Mis pour augmenter ses capacités cérébrales au risque de le tuer. Baya a compris la nature du nain peu avant et elle a réussi à le lui cacher. C'est donc pour éviter que le Mulet apprenne la localisation de la seconde Fondation qu'elle a tué Ebling Mis. Le Mulet prend acte de la situation et par amitié (compréhensible dans l'histoire mais pas dans ce résumé), laisse libre de leur mouvements Baya et Toran qui s'en retourneront sur Fondation.

Commentaires

On n'en attendait pas moins d'Isaac Asimov. Il fallait qu'il démontre l'insuffisance de la psychohistoire qu'il avait inventé et il le réussit magistralement. La psychohistoire ne peut prendre en compte des événements extérieurs au système auquel elle s'applique. Le Mulet est un mutant, un événement imprévisible et extérieur. Mais parce qu'il a imaginé cette faille, il a aussi imaginé la contre-mesure. Il s'agit de la Seconde Fondation, objet du troisième roman de la trilogie.

 

Seconde Fondation (1953)

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Ce roman est l'occasion de faire plus ample connaissance avec les membres de la seconde Fondation.

En quelques mots, Hari Seldon avait prévu que son plan pourrait subir des déviations. C'est pourquoi il créa une seconde Fondation. Alors que la première Fondation devait focaliser sur elle tous les regards, la seconde Fondation devait oeuvrer dans l'ombre et être la gardienne du plan. Composé de psychohistoriens, elle devait continuer à affiner les équations originelles et intervenir pour effectuer les ajustements nécessaires. Pour cela, elle dispose d'une arme mentale du même type de celle que l'on a déjà eu l'occasion de voir à l'oeuvre dans « Les Robots de l'Aube » et chez le Mulet. Ses membres ont la capacité de percevoir et d'agir directement sur les émotions. A la tête de la seconde Fondation se trouvent les Orateurs. Au nombre de 12, ils gouvernent la communauté. A la tête de ces Orateurs se trouve le premier orateur, ainsi nommé car c'est lui qui prend la parole le premier dans les réunions.

Résumé

A la fin du roman précédent, le Mulet a provisoirement échoué dans sa recherche de la seconde Fondation. Pour autant, il n'a pas renoncé à la découvrir pour la détruire. La première partie de « Seconde Fondation » raconte cette quête. Elle se terminera par un confrontation entre les pouvoirs mentaux du Mulet et ceux des membres de la seconde Fondation.

Finalement, le premier Orateur finira par convaincre le Mulet de sa défaite inéluctable (faisant suite à une manoeuvre un peu compliquée qu'il serait trop long d'exposer ici). L'esprit du Mulet s'ouvrira et le premier Orateur y fera les ajustements nécessaires pour modifier ses motivations. Celui-ci retournera finalement dans l'empire qu'il a commencé à créer et finira ses jours en despote éclairé. Au final, le pouvoir reviendra sur Terminus (le Mulet s'était installé sur la planète Kalgan). Mais la première Fondation héritera également du travail d'unification réalisé par le Mulet et une partie de la périphérie se trouve désormais sous son contrôle.

La suite de l'histoire se déroule quelques dizaine d'années après la mort du Mulet. Un des héros est une héroïne adolescente, Arcadia Darell, petite fille de Bayta, la femme qui pour la première Fondation avait stoppé les plans du Mulet sur Trantor. Elle en est fière, d'autant plus qu'elle même est née sur Trantor ce qui lui donne un autre point commun avec sa glorieuse grand-mère. Asimov profite du fait qu'Arcadia doit faire un devoir sur l'avenir du plan Seldon, sujet qui la passionne car c'est pour elle également l'occasion de parler du rôle de Bayta, pour nous faire un résumé de ce qui s'est passé depuis le Mulet.

Le père d'Arcadia est un scientifique impliqué avec quelques autres dans un bien curieux projet. Et de curieuses réunions se déroulent dans sa maison, réunions qu'Arcadia suit avec intérêt car la maligne a branché un système d'écoute qui lui permet de sa chambre de suivre les conversations qui se tiennent dans le salon.

L'aspect négatif de l'intervention du Mulet est qu'elle à mis en évidence l'existence réelle de la seconde Fondation et de son pouvoir. Certains commencent à comprendre qu'ils sont dans une illusion de liberté et que probablement, des personnes influentes sont manipulées pour que les événements se déroulent selon un plan établi. En clair, les membres de la première Fondation sont des marionnettes de la seconde Fondation. C'est pourquoi des recherches ultra secrètes ont été entreprises pour détecter les modifications du cerveau humain, à travers les courbes d'un électroencéphalogramme et que des appareils sont conçus pour empêcher l'action du champ mentallique des membres de la seconde Fondation.

Mais pour en savoir plus, il faudrait aller sur la planète Kalgan, voir les archives qui se trouvent dans l'ancien palais du Mulet. L'oncle d'Arcadia, Hormir Munn, bibliothécaire spécialisé dans l'époque du Mulet, est désigné pour faire les recherches. Arcadia qui a tout entendu de la réunion décide de s'embarquer clandestinement sur l'astronef de son oncle qui sera obligé de faire avec.

Visiter le palais du Mulet n'est pas une mince affaire. Le seigneur de Kalgan n'y est pas favorable et ne veut pas recevoir le quémandeur. Mais sa concubine, Callia, une charmante idiote un peu ronde, et en mal d'enfant a appris qu'elle était accompagnée d'une jeune fille et, passionnée par l'histoire de Fondation, elle est toute excitée à l'idée de la rencontrer.

Finalement, le seigneur de Kalgan accepte de recevoir l'oncle tandis qu'Arcadia prend le thé avec la concubine. Sachant qu'il va être difficile de convaincre le seigneur de Kalgan, Arcadia imagine un stratagème. Elle fait croire à la concubine que le seigneur de Kalgan pourrait être le véritable héritier de l'empire du Mulet. Mais pour cela, bien sûr, il faut trouver des éléments dans son ancien palais.

Malheureusement, la concubine, un peu dépassée par la discussion et pas très maligne finit par faire part de cette discussion au seigneur de Kalgan. Celui-ci qui n'attendait qu'une occasion pour faire valoir ses droits auprès de Terminus, accepte qu'Hormir Munn investigue dans le palais et lui donne quinze jours pour qu'il fournisse des éléments lui permettant de justifier une action de force vis-à-vis de Terminus.

De plus, il sait qu'Arcadia est la petite fille de Bayta. Il décide alors d'en faire sa femme pour bénéficier du rayonnement et de l'héritage moral qui découle de cette filiation. Callia, la concubine est affolée par la tournure des événements et horrifiée par le sort qui attend l'adolescente. Elle improvise un plan dérisoire pour la faire fuir. Arcadia devra aller à l'astroport et prendre le premier vol en partance pour Fondation.

Alors qu'elle quitte les appartements de la concubine, elle se retourne et la regarde. Son attitude de charmante idiote à disparue. Arcadia y voit « une lueur sardonique » dans le regard. Elle comprend alors que la concubine est un agent de la seconde Fondation.

Arrivée à l'astroport, elle se persuade que retourner sur Fondation est faire courir un risque à ses proches, à la première Fondation et à elle même. Car durant le trajet, elle a eu une révélation. Elle sait où se trouve la seconde Fondation.

Elle se retrouve devant un distributeur de tickets, se demandant quelle destination elle doit suivre pour s'enfuir. Elle tombe sur Trantor, la planète où elle est née et choisit cette destination. Mais l'alerte a été donnée et elle est recherchée.

Heureusement, dans son affolement, elle tombe (presque au sens propre) sur un homme et une femme qui s'en retournent sur Trantor. L'homme, Prem Palver, représentant commercial d'une communauté agricole, remarque la destination d'Arcadia sur le billet. Comme elle semble complètement affolée, sa femme et lui la prennent sous leur protection. Malgré une alerte chaude lors du contrôle des papiers, que Prem Palver arrive à régler à l'aide d'un pot de vin, ils réussissent à embarquer. Mais ce pot de vin met la puce à l'oreille d'Arcadia. Jamais cela n'aurait du suffire pour qu'elle puisse passer. Son départ est donc organisé et est sous le contrôle de la seconde Fondation. Mais pourquoi l'ont-ils laissée partir sur Trantor ?

Alors qu'ils se dirigent vers Trantor, la guerre est déclarée entre Kalgan et Terminus. Arcadia qui a été recueillie chez les Palver apprend cet événement sur Trantor. Et elle apprend également que les choses vont mal pour la première Fondation. Terminus est en train de perdre la guerre. Pourtant, il faut absolument qu'elle fasse passer le message sur la localisation de la seconde Fondation. Elle imagine alors un stratagème (encore un) pour faire parvenir son message. Palver, en tant que négociant en produits alimentaires, pourrait profiter de l'occasion pour tenter d'approvisionner Terminus. Les nations assiégées payent bien. Palver est un peu surpris mais se prend au jeu, malgré les protestations de sa femme.

Une expédition est finalement montée. J'abrège. Elle arrivera sur Terminus, Palver délivrera le message (oral) que lui a confié Arcadia. Quelques temps après, la situation militaire se retournera et Terminus finira par vaincre Kalgan. La fin est assez savoureuse.

Certes, la guerre contre Kalgan a été gagnée mais celle contre la seconde Fondation reste ouverte. Lors d'une réunion chez le père d'Arcadia, chacun y va de son petit couplet.

Hormir Munn, qui était resté sur Kalgan et qui a servi d'émissaire lors de la négociation de paix à la fin de la guerre explique que la seconde Fondation n'existe pas et en donne des preuves convaincantes. Malheureusement, le père d'Arcadia lui démontre qu'il a été influencé pour croire cela. Cette première hypothèse tombe.

Un autre savant estime que la seconde Fondation est sur Kalgan sur la base de faits convergents qui semblent convaincants. Par contre, cette localisation ne tient pas avec la déclaration de Hari Seldon lui même qui a expliqué qu'il créait la seconde Fondation à l'autre extrémité de la galaxie, à Star's End.

Le père d'Arcadia finit par expliquer que sa fille lui a envoyé un message qui lui a permis de savoir où était la seconde fondation : « un cercle n'a pas d'extrémité ». Si l'on imagine la galaxie comme un disque ou un cercle et que l'on y place la première Fondation, la seconde Fondation doit se trouver également sur Terminus. Et quel meilleurs nom que Star's End pour cette planète isolée à la périphérie de la galaxie.

L'explication s'avèrera payante. Un appareil a été créé qui envoie un champ mentallique intense créant une douleur insupportable sur les membres de la seconde Fondation. Ceux-ci, une cinquantaine, seront découverts, regroupés et exilés. Une dernière chose reste à vérifier : comment Arcadia a-t-elle compris ? Un test encéphalographique montrera qu'elle n'a pas été influencée. Fin de l'Histoire. Sauf que...

Le premier Orateur a la satisfaction d'avoir vu son plan réalisé. Son seul regret est le sacrifice de 50 volontaires de la seconde Fondation. Mais la première Fondation suit de nouveau la ligne du plan Seldon ce qui était le but. La seconde Fondation a pu influer sur les flottes de Kalgan pour leur faire perdre leur moral et finalement la guerre. Elle est toujours installée sur la planète ou commence et ou finit toute chose, à l'époque de Hari Seldon, c'est à dire sur Trantor, l'autre extrémité de la galaxie si l'on se place du point de vue symbolique. C'est sur Trantor qu'Arcadia a été influencée avant même sa naissance, alors que son cerveau était encore malléable et qu'une telle influence passerait inaperçue. Prem Palver, le premier Orateur, peut admirer son oeuvre avec satisfaction.

Commentaires

Ainsi résumée, le scénario peut sembler un peu faible. Isaac Asimov est en général plus à l'aise dans les histoires courtes que dans les romans, exceptions faites pour « les cavernes d'acier » et « face au feux du soleil ». Mais le dénouement est particulièrement réussi. C'est un florilège de démonstrations d'une parfaite logique qui s'avèrent toutes fausses ! Et même, la révélation finale peut être remise en question. C'est ce qui se passera dans « Fondation foudroyée » écrite 30 ans plus tard.

 

Fondation Foudroyée (1982)

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Le premier tome de la trilogie « Fondation » voyait le temps filer à grande vitesse avec une successions d'histoire courtes. « Fondation Foudroyée » et « Terre et Fondation » (la suite du premier) raconte sur plusieurs centaines de pages, une seule histoire qui se déroulera sur quelques mois. Autant dire que c'est un peu délayé. Mais ne boudons pas notre plaisir. On y retrouvera quelques retournements savoureux, et aussi, une réflexion plus aboutie sur l'avenir de l'humanité. Enfin, la fin de ces deux romans sera l'occasion d'un retour aux sources.

Dernier avertissement avant le résumé. Vous trouverez juste après quelques appréciations personnelles portant sur un certain nombre de critères. Peut-être cela vous donnera-t-il l'envie de lire le roman plutôt que le résumé... ou le contraire.

Scénario : le scénario est plutôt bon mais la narration est lourde et parfois ennuyeuse, la faute à des dialogues qui s'étirent en longueur. Malgré cela et quelques facilités d'écritures, ce (gros) roman se laisse lire, les retournements sont nombreux et l'on retrouve avec plaisir l'atmosphère de Fondation. On ne peut en profiter pleinement que si l'on a lu les précédents, au moins à partir des cavernes d'acier.

Personnages : dans l'ensemble, caricaturaux et simplistes. Asimov nous avait habitué à mieux.

Vraisemblance : pas mal d'invraisemblances et de facilités d'écriture. Par exemple, Asimov essaye laborieusement de nous convaincre de la possibilité de suivre un astronef qui se déplace dans l'hyperespace. Il n'y réussit pas vraiment mais le truc est indispensable au déroulement de l'histoire même si à la fin, il tente de nous expliquer le contraire.

Un autre problème est qu'Asimov a cette fois bien compris les conséquences de l'existence de vols hyperspatiaux et en tire les conclusions qui s'imposent mais du coup, elles remettent en cause la vraisemblance des précédents romans. Pour plus de précisions, voir le chapitre 2. Enfin, toute l'histoire repose sur la soi-disant intuition hors du commun du héros de l'histoire ce qui en fait une sorte de personnage aux super pouvoirs. Pour ma part, je ne suis pas un fanatique de ce type de littérature.

Anachronismes : pas grand chose à signaler.

Système politique et social : le système politique de Terminus est clairement une démocratie. Son mode de domination fait penser à celui des États-Unis d'Amérique de la fin du XXème siècle (ce qui ne laisse rien présager de bon pour la suite mais il s'agit d'un avis purement personnel).

Résumé

Depuis cinq cents ans, le plan Seldon régit le destin de l'humanité. Terminus dirige alors un ensemble de planètes de plus en plus étendu et les autres sont sous son influence d'une façon ou d'une autre. Terminus est alors dirigée par la redoutable maire Branno (qui me fait penser à Margareth Thatcher !).

Au début du roman, une crise Seldon vient de se terminer. Celle-ci concernait l'éventuel déménagement de Terminus dans une région plus centrale de la galaxie. Le maire y était opposé et l'apparition de Seldon, exprime la même opposition. La maire Branno voit donc sa position renforcée. Or, un jeune conseiller, Golan Trevize, n'est pas satisfait de la situation présente. Il met en doute l'existence même du plan Seldon, du fait de sa trop parfaite adéquation avec les événements, comme il l'évoque avec son ami Mun Li Compor. Alors qu'il tente de faire valoir son point de vue lors d'une réunion du conseil qui suit l'apparition de Seldon, la maire Branno le coupe et le fait arrêter sous l'inculpation de haute trahison.

Elle avait été prévenue par Mun Li Compor du risque de voir Trévize aborder ce sujet et avait pris ses dispositions. Après une courte incarcération, il est ramené le soir même chez lui où l'attend la maire Branno. Elle le laisse exposer sa thèse. Selon lui, l'absence de déviation du plan Seldon, malgré les événements qui se sont déroulés précédemment est la preuve même que, soit il s'agit d'une manipulation de la part du gouvernement, ce qu'il écarte a priori, soit la seconde Fondation est toujours à l'oeuvre. La maire Branno lui apprend alors que c'est la raison même pour laquelle elle l'a fait arrêter. Elle aussi pense que la seconde Fondation n'a pas disparu. Des recherches secrètes se sont poursuivies pour améliorer le champ mentallique développée cent ans auparavant et c'est pour cette raison qu'elle ne veut pas qu'une personne aussi visible qu'un conseiller éveille l'attention de la seconde Fondation avant que les travaux soient terminés. Elle lui propose alors un marché. L'exil mais avec les moyens de rechercher la seconde Fondation sous couvert d'une autre activité ou l'incarcération définitive. Cela ne lui laisse pas beaucoup de choix...

La couverture sera « la recherche des origines ». Un obscur historien, Pelorat, est tout surpris de voir l'administration de Terminus s'intéresser à ses travaux sur l'origine de l'humanité et mettre à sa disposition un astronef ultra moderne pour lui permettre de circuler dans la galaxie à la recherche de la Terre, dont personne ne sait où elle se trouve.

Le pilote sera Golan Trevize. La Terre, Trevize n'en a jamais entendu parler, comme la plupart des habitants de la galaxie. La question des origines n'intéresse pas grand monde et il est étonné d'apprendre que l'humanité serait apparue sur une seule planète avant d'essaimer sur d'autres mondes. La couverture semble astucieuse. Pelorat espère poursuivre ses recherches dans la bibliothèque de Trantor, ce qu'approuve le maire Branno.

Trevize doit en fait servir de paratonnerre pour la maire Branno. Si la seconde Fondation existe, elle a déjâ du repérer ce jeune conseiller et agira peut-être contre lui. Afin de ne pas perdre sa trace, elle le fait suivre par Mun Li Compor, qui n'est bien sûr pas enchanté mais le maire Branno ne lui laisse aucun choix. L'astronef de Compor, du même type que celui de Trevize, est lui-même muni en secret d'un « hyper relais » qui permettra à la première Fondation de le suivre (la maire Branno n'en a pas fait installer sur l'astronef de Trevize, persuadée que ce serait la première chose qu'il rechercherait, ce qui s'avère être le cas).

Un petit mot sur les astronefs de Trevize et Compor. Il s'agit des tous derniers modèles de croiseurs de poche (mais désarmés dans le cas présent) issus de la haute technologie de la première Fondation. Entièrement anti-gravitique, ils disposent d'une informatique de bord particulièrement performante qui peut en partie être directement commandée par le cerveau humain, à travers un contact physique qui se fait par les mains.

Finalement, contrairement au plan prévu initialement, Trevize indique à Pelorat qu'il ne se rendra pas sur Trantor. Il préfère aller droit au but et à l'intuition qu'il ne trouvera rien d'intéressant dans la bibliothèque. Pelorat lui à parlé de légendes à propos d'une planète qui se nommerait Gaïa. Or Gaïa est un des noms de la Terre dans certaines langues antiques. Malheureusement, Pelorat ne sait pas où se trouve Gaïa et elle n'est pas référencée dans l'ordinateur de bord de l'astronef. Par contre, les légendes proviennent du secteur de Seychelle. C'est sur la planète Seychelle que Trevize met le cap.

Pendant ce temps, des événements similaires se déroulent au sein de la seconde Fondation qui rappelons le, se trouve sur Trantor, dans la bibliothèque.

Un jeune Orateur, du nom de Gengibal, remet en cause le plan Seldon pour des raisons similaires à celles de Trevize. Il estime que la seconde Fondation n'aurait pas pu maintenir ce plan dans ses rails avec autant de précision et il est persuadé qu'au delà des première et seconde Fondation, il existe un autre acteur qui agit sur l'ensemble de la galaxie, y compris, sur la seconde Fondation. Il en a une preuve en la personne d'une jeune paysanne (qui voudrait travailler chez les « cherchieur » de la bibliothèque). Elle est amenée à une séance du conseil et tous les autres orateurs peuvent constater que son cerveau a effectivement été manipulé, mais d'une façon trop subtile pour que cela ait pu être fait par un membre de la seconde Fondation.

Une autre preuve de l'existence de cet autre acteur est la disparition de toutes les références à la Terre de la bibliothèque sans que les seconds fondateurs s'en soient aperçus.

Un autre fait a tendance à troubler les orateurs de la seconde Fondation. Gengibal a été averti de l'épisode concernant le conseiller Golan Trevize (son informateur n'est autre que Mun Li Compor). Il comptait bien « rectifier » l'esprit de Trevize alors qu'il viendrait sur Trantor, comme il était prévu initialement. La décision prise par ce dernier de ne pas s'y rendre lui apparaît comme anormale : il pense que Trevize lui même est manipulé.

Afin d'en savoir plus sur ce qui ce trame, le conseil des Orateurs décide alors de confier la mission à Gengibal de partir à la poursuite de Trevize, aidé en cela par Mun Li Compor, qui justement le piste.

Sur Seychelle, Trevize et Pelorat vont y retrouver Mun Li Compor qui les a pris de vitesse. Après quelques explications, ce dernier leur fera savoir que sur Comporelleon, la planète d'origine de ses ancêtres, circule beaucoup de légendes à propos de la planète des origines. Trevize qui considère Mun Li Compor comme un traitre (et comme un agent de la seconde fondation) estime qu'il s'agit d'une manoeuvre pour le détourner de Gaïa.

D'autant plus qu'il récupère par ailleurs des informations très intéressante sur cette dernière. Gaïa se trouve à faible de distance de Seychelle mais ne fait pourtant pas partie de l'Union Seychelloise. Les rares expéditions qui s'y sont rendues ne sont jamais revenues. Depuis, ce système est considéré comme maudit. L'histoire locale laisse même entendre que le Mulet serait originaire de cette planète et qu'il serait fort possible que ses autres habitants aient ses mêmes talents. Tout cela est de nature à renforcer l'envie de Trevize de se rendre sur place.

Arrivés près de la planète, leur vaisseau ne répond plus et il est attiré vers ce qui semble être une vieille station spatiale. De cette station sort une personne en scaphandre qui se dirige vers leur vaisseau. Trevize et Pelorat la font entrer et font alors connaissance avec une belle jeune femme au nom imprononçable. La première syllabe étant Joie, c'est ainsi qu'ils l'appelleront. La jeune femme leur explique qu'elle est Gaïa et qu'elle les attendait. Ils seront alors conduits sur la planète même où leur sera donné quelques explications.

Gaïa est une planète peuplée d'êtres humains. La colonisation remonte à une époque assez lointaine, mais il s'agit d'une planète colonisée, ce qui permet d'en conclure qu'il ne s'agit pas de la Terre.

Les habitants de Gaïa vivent en communion complète avec leur planète, formant en cela un système écologique parfaitement équilibré. Ils sont capable de percevoir la conscience de tous les éléments qui la compose, depuis les roches et formes inanimées jusqu'aux animaux, plantes, etc. et bien sûr, celle des autres êtres humains. Ils forment une communauté qui se développe selon une autre logique que celle de l'ancien empire ou de Fondation.

Or, le moment de prendre une décision est arrivé. Gaïa (un élément de Gaïa) fait savoir à Trevize qu'une crise est en train de se produire. Un astronef de la première Fondation est en route vers Gaïa. Un astronef de la seconde Fondation également. Une confrontation à trois va avoir lieu entre Gaïa, la première Fondation et la seconde Fondation. Et Trevize a été désigné par Gaïa pour choisir quelle devra être la voie qui sera suivie par l'Humanité : celle de la première Fondation, celle de la seconde, ou Galaxia, une sorte de Gaïa à l'échelle de la galaxie.

En fait, depuis le début du roman, Trevize est présenté comme une personne ayant une intuition particulièrement développée, quelqu'un capable d'élaborer un raisonnement juste à partir d'informations incomplètes.

Trevize refuse le rôle mais on ne lui laisse pas le choix une fois de plus. La Confrontation a lieu. L'écran mentallique de la première Fondation s'avère insuffisamment puissant pour repousser l'activité du champ mentallique de la seconde Fondation. Mais Gaïa maintient l'équilibre et empêche également la seconde Fondation d'agir sur Gaïa. Trevize se trouve alors au centre d'un débat où chacun expose son argumentation. La Maire Branno, qui se trouve dans le vaisseau de la première Fondation, s'avère comme d'habitude très convaincante. Elle a tôt fait de démontrer qu'une galaxie gérée par la seconde Fondation gérant le reste de l'humanité comme autant de marionnettes serait insupportable. Quand à la voie Galaxia, faire partie d'un tout ne semble pas être la vocation des individus et elle fait remarquer très justement qu'il est curieux que Gaïa fasse appel à un « isolat » (un individu qui ne fait pas partie d'un tout, comme c'est le cas du reste de l'Humanité hors Gaïa) pour décider quelle voie choisir.

Au final, évidemment, Trevize optera pour Gaïa (si vous voulez connaître le détail du débat, lisez le roman !). La maire Branno repartira vers Terminus, persuadée d'être venu pour signer un accord d'association avec l'union Seychelloise et persuadée que la seconde Fondation a bien été détruite 100 ans auparavant.

L'orateur Gengibal repartira vers Trantor, persuadé d'avoir manipulé l'esprit des membres du vaisseau de la première Fondation (dont le maire Branno) dans le sens que l'on vient de voir. Quand aux manipulations des cerveaux par une autre entité, elle est complètement effacée des esprits de la seconde Fondation.

Finalement, les seuls qui savent ce qui s'est réellement passé sont Pelorat et Trevize, en plus des habitants de Gaïa. Et pourtant, Trevize n'est toujours pas satisfait. Il voudrait savoir pourquoi il a pris cette décision. Lui aussi est devenu persuadé qu'il existe une entité supérieure qui manipule l'humanité. Et son intuition lui fait voir un lien avec la Terre. Son intuition et le fait que durant la confrontation, il a pris connaissance de la disparition des références à la Terre dans la bibliothèque de Trantor.

La Terre ? Personne ne connait vraiment sur Gaïa et surtout, Gaïa n'est pour rien dans la disparition des références à la Terre contrairement à ce qu'imaginait Trévize. Du coup, Gaïa comme Trévize estiment important de continuer la quête de la planète des origines, quête qui sera développée dans le roman suivant (« Terre et Fondation »).

Commentaires

A travers ce roman d'Asimov, on peut percevoir l'évolution de la pensée de l'auteur dont la réflexion est plus aboutie. Il fait peu de doute pour moi que l'écriture des premiers tomes de Fondation s'est fait dans un esprit positiviste, proche de celui d'une certaine littérature du XIXème siècle. Trente ans après, Asimov ne semble plus dans le même état d'esprit. La vision qu'il nous donne du futur de l'humanité est radicalement différente et il apparaîtra que pour lui, une communion avec l'univers est la seule voie possible si celle-ci veut survivre. Sont passés par là, les mouvements « soixantehuitard », « new age », « hippies », etc. et un début de montée en puissance des mouvements écologistes. Gageons que tous ces événements n'y sont pas pour rien.

 

Terre et Fondation (1986)

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Dernier avertissement avant le résumé. Vous trouverez juste après quelques appréciations personnelles portant sur un certain nombre de critères. Peut-être cela vous donnera-t-il l'envie de lire le roman plutôt que le résumé... ou le contraire.

Scénario : le scénario est plutôt bon mais souffre des mêmes défauts que le précédent. On peut y voir la suite du roman précédent ce qui est en partie vrai. Mais la finalité de l'histoire est très différente. L'objet du roman précédent donne l'occasion de s'interroger sur les futurs possibles de l'humanité. Dans celui-ci, on y trouve une tentative de démonstration du bien fondé de la décision prises dans le fondation foudroyée mais aussi, une « séquence nostalgie » qui nous permet de retrouver quelques situations et personnages du cycle de Trantor.

Personnages : dans l'ensemble, caricaturaux et simplistes. Asimov nous avait habitué à mieux.

Vraisemblance : il faut parfois pas mal d'indulgence pour accepter le déroulement et le dénouement de certaines situations

Anachronismes : rien de particulier.

Système politique et social : durant la quête de la Terre, plusieurs planètes sont visitées ce qui donne l'occasion d'observer différents systèmes politiques et sociaux. Le plus intéressant est celui de Solaria puisque nous avons déjà eu l'occasion d'en voir les prémisses dans face aux feux du soleil.

Résumé

Trevize décide de se rendre sur Comporellon, en partie à cause de la discussion qu'il a eu avec Mun Li Compor, mais aussi, parce que Pelorat a dans ses archives des informations qui semblent confirmer que cette planète est particulière : elle est une des rares planètes à afficher sa proximité avec la Terre et sa colonisation est très ancienne. On apprendra que son nom ancien est Baleyworld.

Sur Compolleron, ils découvriront effectivement quelques éléments nouveaux ou des confirmations concernant des informations récupérées sur Seychelle ou dans les archives de Pelorat.

En résumé, la Terre serait une planète inhabitable du fait de sa radioactivité élevée ce qui paraît absurde à Trevize, sauf s'il s'agit d'éloigner les curieux. Elle aurait un gros satellite ce qui est inhabituel et la cinquième planète (Saturne) serait munie d'un large anneau ce qui en ferait une planète unique dans l'univers connu. Trevize n'en croit rien.

L'historien leur fait également savoir que la colonisation de la galaxie se serait déroulée en deux temps. Dans un premier temps, les terriens auraient colonisé une cinquantaine de mondes, connus comme étant « les Mondes Spatiaux » et la colonisation se serait arrêtée. Dans un deuxième temps, une nouvelle vague de colonisation serait partie de la Terre pour créer ce qui au final est devenu le premier empire galactique de l'époque de Hari Seldon. Les légendes raconteraient que les mondes spatiaux et les nouveaux colons auraient été en conflit et ne se seraient pas mélangés, les mondes spatiaux étant également nommés, « les mondes interdits ».

Depuis 20000 ans, il n'y a plus eu de contacts et les coordonnées de ces mondes, comme celles de la Terre sont inconnues. Sauf que l'historien montre les restes d'un livre de bord récupéré sur un vaisseau d'un des mondes spatiaux abandonné depuis des temps immémoriaux. Des coordonnées de trois planètes sont inscrites, mais selon quel référentiel ?

Après diverses manipulation, Trevize finira par découvrir une piste. Les « mondes interdits » ne sont pas dans la mémoire de l'ordinateur de bord. Par contre, une projection avec la réalité reconstituée de cette portion de la galaxie montre qu'à un certain endroit, une étoile capable d'avoir une planète habitable en orbite se trouve présente alors qu'elle n'est pas mentionnée sur les cartes. Ils décident alors de s'y rendre.

Ils atterrissent sur une planète déserte et visiblement malade. La planète a été habitée mais ses habitants l'on quittée. La terraformation n'étant pas aboutie, elle s'est en partie désagrégée en l'absence de ses occupants et la planète recherche un nouvel équilibre.

Pelorat finit par trouver les ruines d'un monument sur lequel est probablement nommé la planète. Il s'agit « d'Aurora ». Pelorat qui connait son « galactique ancien » explique qu'un nom n'est pas donné au hasard et que celui ci correspondrait bien à une symbolique liée à un nouveau départ : Aurora, le monde de l'aube.

Ayant découvert une première planète, les coordonnées des deux autres prennent une signification. Ils décident de se rendre sur la deuxième planète citée dans le livre de bord. Il s'agit de « Solaria »

Lors du survol de la planète, Joie qui est un véritable détecteur d'ondes mentales, découvre qu'il doit y avoir une présence qui semble humaine mais pas complètement et une autre présence qui serait liée à une activité robotique.

Ils atterrissent et leur premier contact a lieu avec des robots. Puis apparaît un homme, Bander, qui s'avère être un hermaphrodite, comme tous les autres habitants de la planète. Ceci explique la difficulté qu'avait Joie pour définir précisément la nature de cet humain.

Bander raconte comment la population de Solaria a évolué depuis l'époque de la deuxième colonisation et comment elle s'est transformée grâce à des manipulations génétiques. Il leur explique le rôle de ses lobes transducteurs par lesquels s'écoulent l'énergie captée par son domaine et qui permet à Bander de le gérer. Pour finir, après leur avoir fait visiter sa demeure, et en particulier, les souterrains qui abritent toutes sortes de machineries, il leur indique le plus naturellement du monde qu'il va les tuer. Pas question pour Bander de laisser repartir ces étrangers qui en revenant sur leur planète, pourraient expliquer ce qu'ils ont appris avec pour conséquence, le risque de troubler le rythme de vie de Solaria.

Il n'arrivera pas à ses fins. Joie bloquera la sortie de ses lobes transducteurs et la brusque élévation de la température dans son cerveau le tuera. Avec la mort de Bander, le domaine n'est plus alimenté. Ils finiront néanmoins par réussir à sortir du souterrain, non sans avoir récupéré au passage un enfant (une fille décidera Joie) qui était destiné à prendre la succession d'un Solarien le moment venu. N'étant pas arrivée à maturité (ses lobes transducteurs ne son pas encore complètement développés, ils apprennent par un robot gardien (dont l'énergie ne dépend pas du domaine de Bander) que l'enfant doit être supprimé. Joie se débarrassera de ce robot et ensemble, Joie, l'enfant, Pelorat et Trevize, reprendront leur quête de la Terre.

Ils atterriront sur la troisième planète dont ils avaient appris les coordonnées sur Comporellon. Là encore, il s'agit d'une planète désertée, dépourvue d'une atmosphère respirable, mais qui a été habitée à une certaine époque. Ils découvriront que c'est une sorte de lichen qui a détruit l'atmosphère. Mais plus important, s'ils ne trouvent pas les coordonnées de la Terre, ils découvrent les coordonnées des 50 planètes des mondes spatiaux.

A partir de ces informations, Trevize finira par envisager une hypothèse sur la localisation de la Terre. Ses premières investigations le mèneront vers une planète qui se nomme Alpha ce qui met en joie Pelorat. Alpha : la première lettre d'un alphabet ancien, donc la première planète, donc la Terre. Trevize lui expliquera que ça ne peut pas être la Terre car cette planète est répertoriée dans la banque de mémoire de l'astronef comme étant probablement peuplée et colonisée.

Après avoir visité Alpha (on se doute qu'il s'agit d'une planète se trouvant près d'Alpha du Centaure), non sans quelques ennuis, ils finiront par localiser ce qui pourrait être le système stellaire de la Terre.

Trevize décide d'en faire une approche prudente. Sa première surprise sera de découvrir que la cinquième planète comporte effectivement d'énormes anneaux ce qui les conforte dans le fait qu'il s'agit bien du système stellaire de la Terre.

Sa seconde surprise sera de constater que la Terre qui dispose bien d'un gros satellite, est une planète complètement radioactive sur laquelle la vie est impossible. Un événement fortuit leur fera s'intéresser alors à la Lune.

Après un survol du satellite, Joie y découvrira une bouffée de pensée qui n'est ni complètement humaine, ni complètement robotique et qui n'a rien à voir avec son contact avec Bander sur Solaria.

Ils finiront par être guidés dans une vaste caverne dans laquelle il y a une atmosphère respirable et se trouveront en face d'un homme qui selon toute apparence, les attends.

Cet homme s'avère être R. Daneel. Nous avons enfin droit à l'explication de toute cette saga.

Depuis plus de 20000 ans, muni des quatre lois de la robotique, R. Daneel tente de guider l'Humanité vers un avenir meilleur. Il a tenté plusieurs expériences, dont celle de Gaïa et de la psychohistoire. Incapable de mettre en oeuvre la loi zéro, il a guidé Trevize pour qu'il fasse le choix de cet avenir et estime que ce choix est le bon. Pour finir, il explique qu'il va bientôt « mourir », ses cerveaux positroniques successifs, toujours plus performants que les précédents, s'avérant avoir des durées de vie de plus en plus courte. Il a besoin pour parachever son oeuvre de quelques décennies supplémentaires et pour cela, il doit fusionner avec un esprit humain ou presque. Ce sera celui de l'enfant récupérée sur Solaria.

Commentaires

Cette histoire s'inscrit dans les romans « raccords » auxquels j'ai déjà fait allusion. Les liens sont établis avec les Robots, les cavernes d'acier, et toutes les histoires intermédiaires. Avec ce roman se termine « l'histoire du futur ». Enfin, pas tout à fait...

 

Prélude à Fondation (1988)

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« Prélude à Fondation » est un curieux roman. De mon point de vue, il ne peut être lu avec intérêt sans avoir lu au préalable la saga des « Fondation ». Pour autant, il ne leur apporte rien, si ce n'est, pour le lecteur, le plaisir de se replonger une dernière fois dans l'univers de Trantor. Il raconte la vie de Hari Seldon, la mise au point de la psychohistoire et les prémisses de la chute de l'empire.

Dernier avertissement avant le résumé. Vous trouverez juste après quelques appréciations personnelles portant sur un certain nombre de critères. Peut-être cela vous donnera-t-il l'envie de lire le roman plutôt que le résumé... ou le contraire.

Scénario : sans être exceptionnel, il peut être considéré comme intéressant replacé dans le contexte de l'histoire du futur. Il ne devrait pas trop décevoir les passionnés de Fondation.

Personnages : les personnages principaux sont assez assez crédibles. Certains personnages secondaires sont un peu caricaturaux. Mais globalement, ça passe...

Vraisemblance : beaucoup d'invraisemblances ce qui fait que de temps en temps, on a un peu l'impression de lire un roman de gare. Mais Asimov sait recentrer le récit et la trame de l'histoire reste globalement cohérente et intéressante.

Anachronismes : quelques anachronismes à rebours. On apprend par exemple que l'anti-gravité n'a pas eu d'applications industrielles alors que dans Fondation, les astronefs de l'empire font visiblement appel à cette technique.

Système politique et social : dans Fondation, on apprenait que le régime politique qui régissait les 25 millions de mondes habités de la galaxie était un empire dont le siège se trouvait sur Trantor. Prélude à Fondation prend le prétexte de la mise au point de la psychohistoire par Hari Seldon pour nous décrire de façon beaucoup plus précise le fonctionnement du siège de l'empire. C'est passionnant et beaucoup plus complexe que l'image que l'on pouvait en avoir dans les autres romans.

Résumé

Le jeune Hari Seldon, originaire de la planète Helicon, a été invité sur Trantor pour y exposer ses travaux sur la prédiction mathématique de l'avenir qu'il appelle « psychohistoire ». Il a réussi à démontrer que le problème à une solution théorique. L'empereur a été informé de ces travaux par son ministre de la recherche et il souhaite rencontrer Hari Seldon. Il charge son premier ministre Eto Demerzel d'organiser la rencontre, tout en le fustigeant gentiment sur son manque d'attention : Demerzel qui est censé être au courant de tout aurait du imaginer que l'empereur ne pourrait être qu'intéressé par ce sujet.

Demerzel organise la rencontre, tout en se disant de ne pas oublier de remercier le ministre de la recherche pour avoir fait passer le message.

La rencontre à lieu et s'avère décevante. Hari Seldon explique qu'il n'y a pas d'application directe de ses travaux ce que l'empereur à du mal à saisir. Il explique que ce n'est pas parce que l'on a trouvé une solution théorique qu'elle est applicable dans la pratique (« je pourrai en théorie visiter tous les mondes de la galaxie et rencontrer tous les habitants de chacun de ces mondes, pourtant, cela me prendrait beaucoup plus de temps que je n'ai d'années à vivre... »).

Hari Seldon est rendu à ses occupations. Quand à l'empereur, il charge Demerzel d'avoir un oeil sur lui. Il faut absolument qu'il soit renvoyé au plus tôt dans ses pénates car même une théorie incomplète pourrait être utilisée par ses ennemis sur Trantor. Hari Seldon doit rester sous surveillance.

En attendant de reprendre un vol pour sa planète natale, ce dernier en profite pour faire un peu de tourisme local et se retrouve assis sur un banc dans un parc. A coté de lui, un homme finit par lui adresser la parole. Il s'agit d'un journaliste qui a assisté à sa conférence. Lui aussi semble intéressé par les perspectives qu'offre les travaux de Hari Seldon mais ce dernier doit de nouveau expliquer quels en sont les limites.

C'est alors qu'arrive une bande de loubards, qui reconnaissant le provincial à ses habits, s'en prend à Hari Seldon. Visiblement quelque peu xénophobes, les loubards veulent forcer Hari Seldon à repartir plus vite dans sa province. C'était sans compter que le jeune Hari maîtrise parfaitement les sports de combats et avec l'aide du journaliste, se débarrasse des loubards. Toutefois, le journaliste, du nom de Chetter Hummin, lui conseille de ne pas rester dans les parages. Hari Seldon lui ayant raconté son entrevue avec l'empereur, Hummin est persuadé que la bagarre était organisée et qu'il s'agit d'une manoeuvre de Demerzel pour le mettre sous surveillance.

L'histoire démarre vraiment à partir de là. Hummin persuade Hari Seldon qu'il doit poursuivre ses travaux et qu'il doit le faire sur Trantor, où il sera plus à l'abri de l'empereur que sur sa propre planète. Trantor est en effet, une ville de la taille de la planète et il est beaucoup plus facile de s'y fondre et d'y disparaître que sur une planète provinciale peu peuplée. Or Hummin connait beaucoup de monde, et beaucoup de monde lui doit quelque chose.

Il lui trouve une place à l'université de Streeling, en lui expliquant que même pour l'empereur, les universités sont sanctuarisées. Après une nuit passée dans une chambre de l'université, il est réveillé le lendemain par une charmante jeune femme, Dors Venabili, docteur en histoire de son état. Hummin lui a demandé de veiller sur Hari.

Les mathématiciens ne courant pas les rues, Hari décroche un poste d'enseignement, et entreprend d'apprendre l'histoire (avec Dors) pour tenter de savoir comment cette discipline pourrait l'aider à mettre au point la psychohistoire.

Assez rapidement, il comprend qu'il n'a aucune chance d'aboutir en suivant cette voie. De toute façon, un événement survient qu'il estime être dirigé contre sa personne, dans les parages de l'université. Dors appelle alors Hummin qui décide de les exfiltrer, lui et Dors. Evidemment, on se doute qu'un certain intérêt réciproque est en train de naitre entre eux deux. Toutefois, la façon dont Dors prend à coeur, la protection de Hari, suivant en cela à la lettre la directive de Hummin à de quoi laisser perplexe.

Ils sont amenés par Hummin dans le secteur de Mycogène ou vit une communauté dirigée par une sorte de potentat local du nom de Maître du Soleil XIV (hum ! Asimov ne devait pas trop apprécier notre roi soleil).

Cette communauté est spécialisée dans la production d'arômes pour les aliments et sa renommée s'étend dans tous les mondes habitables. A coté de cela, les habitants ont développé un mode de vie autarcique au sein de Trantor même, limitant au maximum les contacts avec les étrangers qu'ils nomment « barbares ». Ils se distinguent également de ces barbares par un refus de toute pilosité (chez les femmes comme chez les hommes) et par une politique de séparation stricte des sexes.

Hari et Dors découvrent que cette communauté vénère un livre secret que Hari Seldon arrivera à se procurer. Ce livre relate des faits ayant trait à un monde détesté, la Terre, et d'autres mondes au nombre de cinquante, dont Aurora, le monde de l'Aube, aurait été le centre. En bref, les Mycogéniens sont des lointains descendants des spaciens. On y parle également d'être artificiels que l'on appelle des « robots » dont la longévité est exceptionnelle.

Hari, qui finit par comprendre vaguement de quoi il s'agit, apprend qu'un robot est vénéré dans un lieu de culte. Dors et lui finiront par s'y rendre, Hari espérant acquérir de l'information sur l'histoire de l'humanité, information qui, il l'espère, lui sera utile pour tenter de bâtir une psychohistoire fonctionnelle.

Hari et Dors réussissent à pénétrer dans le lieu de culte mais ils découvrent que le robot est hors fonction. C'est alors que les choses tournent mal. Découverts, ils se retrouvent devant Maitre du Soleil XIV qui les menace de mort ou au mieux, de les livrer à l'empereur. C'est alors qu'intervient Hummin, qui réussira à persuader maitre du Soleil XIV de les laisser partir.

De nouveau, Hummin doit leur trouver un point de chute. Ils sont alors hébergés dans un faubourg du secteur de Dahl. Ce secteur est spécialisé dans la production d'énergie tirée de « puits thermiques » qui en pratique exploitent le phénomène de la géothermie.

En visite dans un puits, ils feront connaissance d'un jeune puisatier du nom d'Amaryl qui est un autodidacte passionné de mathématiques. S'il s'avère que ses connaissances dans le domaine sont en pratique limitées, Hari Seldon est suffisamment impressionné pour lui promettre de lui trouver un travail dans ce domaine lorsque lui même sera sortie de la situation dans laquelle il se trouve.

Par une pirouette du scénario, le nom de Terre sera de nouveau évoqué lors de la discussion avec Amaryl. Hari, toujours à la recherche d'information sur l'histoire de l'humanité, est d'autant plus intéressé qu'Amaryl leur parle d'une vieille femme dans le zone mal famée de Billiboton qui connaît des légendes à ce sujet.

Hari décide d'y aller. Dors l'accompagne. Comme la tradition de Billiboton est de porter un couteau à la ceinture, Dors et Hari s'en procurent avant d'y pénétrer. Sur le chemin, il feront connaissance d'un jeune garçon d'une douzaine d'année, Raych, qui les guidera jusqu'à leur lieu de rendez-vous.

Après un court entretien avec la vieille femme durant lequel ils n'apprendront pas grand chose d'utile (mais le lecteur, un peu plus), ils partent avec la promesse que la vieille femme leur fournira le récit de certaines légendes sur une disquette (une quoi ?). Le retour se passe moins bien que l'aller.

Attaqués par une dizaine de loubards, on y verra le talent exceptionnel de Dors dans les bagarres de rue au couteau. Ils finissent par retourner dans le faubourg de Dahl où ils sont hébergés. Mais leur exploit à Billiboton n'est pas passé inaperçu. Alors qu'ils sont sur le point d'être arrêté par la police, c'est Raych qui arrive, créé une diversion qui leur permet de fuir, tous les trois (Raych, Hari et Dors) dans les égouts. Leur escapade sera de courte durée, finalement, ils se font prendre et sont amenés dans le secteur de Kan (tiens, un rappel du roman Tyrann ?)...

Le secteur de Kan se trouve au pôle sud de Trantor. Il est en particulier en charge de l'évacuation d'une grande partie des calories produites par la planète.

Leur hôte est une dénommée Rachelle qui n'est rien d'autre que la fille du maire de Kan. Et étant donné l'âge de son père, c'est elle qui assume en pratique le rôle de maire. Elle apprend à Hari qu'il est surveillé par Kan depuis quasiment son arrivée sur Trantor et sa présentation au congrès de mathématique. Rachelle veut en effet s'accaparer Hari Seldon et sa psychohistoire pour justifier un renversement de l'empereur.

Pour diverses raisons l'affaire sera un échec. L'armée de l'empereur, avec à sa tête le redoutable Demerzel, fait rendre les armes aux militaires de Kan.

Rachelle, furieuse, décide de tuer Hari pour qu'il ne tombe pas entre les mains de l'empereur. Elle échoue dans sa tentative et c'est elle qui se retrouve sous la menace d'une arme tenue par Hari.

C'est alors qu'un homme entre dans la pièce. C'est homme, Hari le reconnaît immédiatement : « Hummin, Enfin ! » s'écrit-il ce qui entraîne la stupeur de Rachelle :

« espèce de crétin, idiot, cet homme est Demerzel, et vous n'avez qu'a regarder d'un peu plus près votre prétendue compagne Venabili pour vous apercevoir qu'elle le sait pertinemment ».

Demerzel et Hummin ne font qu'un. Et Demerzel-Hummin veut une psychohistoire qui fonctionne afin que l'empire soit mieux dirigé. Il en discute en tête à tête avec Seldon.

Mais ce dernier a beaucoup appris durant ses périples. Et il fait savoir à Demerzel-Hummin qu'il connaît sa vrai nature : c'est un robot. Et les histoires entendues à Billiboton le persuade qu'il s'agit du fameux « Da-Nee » des légendes.

R. Daneel l'admet. Ce dernier raconte alors sa longue histoire, tout en faisant en sorte que Seldon n'ait jamais envie de la répéter (petite manipulation cérébrale en passant).

Hari comprendra le bien fondé de la demande de Daneel et l'assure qu'il travaillera sur le sujet. D'autant plus qu'il a découvert quelque chose qui devrait l'aider : alors qu'il pensait devoir travailler sur l'ensemble de l'histoire de l'humanité pour pouvoir disposer d'éléments pour tester sa théorie, il a compris que l'humanité réduite à Trantor était une base suffisante du fait du nombre d'habitants (40 milliards) et de sa diversité.

Mais Hari Seldon a découvert beaucoup plus encore. Il aime Dors et c'est réciproque... Sauf que Dors Venabili ne peut-être qu'un robot, bien que cela ne soit jamais dit. Hari Seldon s'en fiche. Robot ou Humaine, il a trouvé la femme qu'il aimait. Ils vont désormais vivre ensemble.

Commentaires

Cette histoire nous donne l'occasion de découvrir un Hari Seldon jeune et de retrouver R. Daneel dans une de ses tentatives de guider le destin de l'humanité.

Mais le personnage principal me semble être Trantor, qui s'avère être une société beaucoup plus complexe que ce que l'on pouvait imaginer à la lecture des autres romans, qui se limitaient à ne la décrire que comme l'administration de l'empire.

 

L'aube de Fondation (1993)

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Dernier avertissement avant le résumé. Vous trouverez juste après quelques appréciations personnelles portant sur un certain nombre de critères. Peut-être cela vous donnera-t-il l'envie de lire le roman plutôt que le résumé... ou le contraire.

Scénario : le scénario, un peu faible au début, s'améliore en cours de route pour devenir quasiment tragique à la fin.

Personnages : mêmes remarques que pour « prélude à Fondation ».

Vraisemblance : beaucoup d'invraisemblances. Certaines scènes frisent le « grand guignol » jusqu'à environ la moitié du roman. La fin fait oublier les errements du début.

Anachronismes : .

Système politique et social : on assiste à la lente mais inéluctable (d'après la psychohistoire) dégradation du fonctionnement politique et économique de Trantor, qui préfigure l'effondrement de l'empire.

Résumé

On y retrouve Hari Seldon, en compagnie de Dors Venabili et de leur fils adoptif, Raych.

Depuis près de huit ans Hari travaille à la mise au point de la psychohistoire avec son équipe de chercheur, dont Yugo Amaryl que l'on avait rencontré dans le secteur de Dahl.

Hari a des contacts fréquents avec Demerzel, et justement, Demerzel a des soucis. Un mouvement politique est apparu avec à sa tête, un certain Joranum. On découvrira que bien qu'il le cache, il est originaire du secteur de Mycogène. Joranum a pris Demerzel pour cible et la situation de ce dernier devient de plus en plus critique. Hari imagine alors un stratagème pour retourner la situation.

Par l'intermédiaire de Raych qui a infiltré le mouvement, il fait croire Joranum que Demerzel est un robot. Joranum mort à l'hameçon. Une campagne s'en suit, qui s'avère catastrophique pour Demerzel. C'est ce qu'attendait Hari pour provoquer le retournement.

Demerzel apparaîtra à la télévision et devra s'arranger pour rire. Le lui apprendre n'est pas sans poser problème mais le soir de la retransmission, alors qu'un journaliste lui demande s'il est un robot, Demerzel a un rictus qui se transforme petit à petit en un rire franc et communicatif. Joranum s'est ridiculisé et son parti a perdu. Mais Demerzel qui a perdu de son crédit doit se retirer.

L'empereur qui a appris à apprécier Hari Seldon décide de s'en faire son nouveau premier ministre, au grand désarroi de ce dernier. Mais on ne peut dire non à l'empereur.

Des années se passent. Le travail se poursuit sur les mathématiques de la psychohistoire mais seuls Yugo Amaryl, qui en est désormais le principal artisan et Hari en connaissent l'objectif final.

Pendant ce temps, la situation politique connaît de nouveaux des soubresauts. Si Joranum a disparu de la circulation, ce n'est pas le cas de tous ses partisans. Hari va envoyer Raych enquêter sur la montée en puissance de ce nouveau mouvement. Mais cette fois, il sera pris à son propre piège.

L'assassinat de Hari est projeté. L'assassin doit être Raych lui même sous l'emprise d'une certaine drogue. On doit profiter de l'embauche de nouveaux jardiniers et de leur passage en revue par l'empereur pour commettre le forfait.

Alors que Raych s'apprête à tirer, une femme se trouvant avec les nouveaux jardiniers agit, tue un complice et empêche Raych de tirer.

Cette femme n'est pas Dors pour une fois, mais un agent de la sécurité infiltrée dans le mouvement et qui s'appelle Manella. Mais dans la bousculade, un autre événement se produit. L'empereur est assassiné par son chef jardinier pour une raison absurde : ce dernier ne voulait pas de la promotion que lui avait donné l'empereur, il ne voulait pas quitter son parc pour s'occuper de la gestion des autres jardiniers. Il n'avait trouvé que ce moyen pour arrêter le cours du destin.

Le chapitre suivant démarre alors que l'on prépare la célébration du soixantième anniversaire de Hari Seldon.

Raych s'est marié avec Manella et ont eu une fille, Wanda, agée de huit ans. Quand à Hari, il a réussi à sortir de la purge organisée par les nouveaux maîtres de Trantor, une junte militaire qui a pris le pouvoir à la mort de l'empereur et est retourné à ses chères études sur la psychohistoire à l'université de Streeling. Mais ces travaux et leur popularité naissante ne plaisent pas à la junte qui décide de se débarrasser de Hari Seldon.

Un rendez vous avec ce dernier est organisé au palais. Hari ne doit pas en sortir vivant. Il se sait menacé mais y va néanmoins. Dors qui n'a pas pu le convaincre de venir avec lui mais qui connait bien le palais pour y voir vécu réussi à s'introduire. Elle usera de moyens de persuasion efficace pour empêcher que soit commis le forfait.

Toutefois, cela ne la satisfait pas. Elle est persuadée que des personnes à la solde de la junte sont infiltrées dans le projet et en veulent à Hari. D'autant plus que Wanda, sa petite fille, a surpris une conversation entre deux personnes qui se croyaient seules dans la pièce où en fait elle s'était assoupie.

Dans son sommeil, elle a néanmoins retenu quelques mots qui semblent être une menace vis-à-vis de Hari. Et il semble que cette menace devrait être mise à exécution durant la cérémonie d'anniversaire sur le campus de l'université. Elle mène alors une enquête discrète qui finira par la faire soupçonner une personne de l'équipe, le docteur de Sorbth, un des concepteurs d'un appareil crucial, l'électrofiltre, pour la mise au point de la psychohistoire.

Elle finit par avoir un entretien avec de Sorbth dans son laboratoire. Mal lui en prend. De Sorbth a compris par divers indices que Dors est un robot (par exemple, elle ne vieillit pas). Il fait l'hypothèse que l'électrofiltre pourrait avoir un impact sur le cerveau d'un robot (il est très fort !). Et c'est ce qui arrive. Mais Dors, au mépris de la première loi de la robotique, tuera de Sorbth. Elle aura juste le temps de révéler ce qu'elle sait du complot à Hari avant de mourir elle même (malgré tout, on ne viole pas impunément la première loi).

La suite du roman est assez sombre. On y voit un Seldon vieillissant, un Trantor qui se désagrège doucement, des commencement de révoltes sur certaines planètes, ce qui entraînera la disparition de Raych, Manella et leur seconde fille qui avaient quitté Trantor.

Par contre, Wanda, restée avec son grand père, se révélera être le chaînon manquant pour la mise au point de la psychohistoire. Hari a découvert que Wanda a un don particulier : celui de percevoir certaines choses dans l'esprit des gens et également, la capacité à modifier leur esprit. A la mort d'Amaryl, Wanda prendra sa suite.

Avec son grand père, ils chercheront d'autres personnes ayant les même capacités. Un certain Palver (un lointain ascendant de Prem Palver ?) se joindra a eux. Finalement, le projet prendra corps. Une première Fondation sera créée sur Terminus. L'autre, composée de personnes comme Wanda, s'installera sur Star's End. Hari Seldon finira sa vie, seul, dans les murs de l'université de Streeling où tant de souvenirs le retiennent. Le dernier mot qu'il prononcera sera le prénom de sa femme.

Commentaires

Ces deux romans ont un certain charme et sont assez différents de la production habituelle d'Asimov. Il se dégage une certaine nostalgie, une certaine tristesse aussi.

Par moment, le scénario est assez faible. Les passages avec Joranum et la nomination d'Hari Seldon comme premier ministre sont peu crédibles. Mais passé ces quelques faiblesses, on en retient autre chose.

D'abord, on découvre sous un autre jour un « personnage » omniprésent dans la série des « Fondation ». Il s'agit de Trantor elle-même. Simple monstrueuse entité administrative de l'Empire dans Fondation, Trantor apparaît ici comme une mosaïque de communautés disposant d'une large autonomie de la part d'un empereur contraint et forcé à être bienveillant : il n'est pas question que se développe un esprit de révolte sur Trantor, siège de l'empire et l'empereur est contraint de composer pour préserver une certaine paix sociale. Les rapports de pouvoir s'avèrent complexes, et le pouvoir de l'empereur lui même est très relatif. Surtout à la fin du roman, ou privé de ressource, il n'est plus qu'une marionnette aux mains d'autres forces.

Le personnage d'Hari Seldon est plus réussi que ce que pouvait laisser craindre les descriptions des personnages dans les romans « Fondation foudroyée » et « Terre et Fondation » qui sont justes antérieurs. Il en est d'ailleurs de même du roman en général. Au final, on ne se sent pas agressé dans ce que l'on avait pu imaginer du personnage à travers les autres romans.

Le personnage de Dors Venabili est également réussi. S'il est vite évident qu'il s'agit d'un robot, Asimov arrive à la faire évoluer vers de plus en plus d'humanité, même si elle doit pour ce faire devenir une belle mère quelque peu acariâtre !

Le fait qu'elle arrive à tuer Sorbth est une preuve un peu dramatique de son passage définitif du coté humain. Elle a pu enfreindre la première loi par amour et grâce à l'amour de Hari Seldon.

Comme déjà dit, la fin du roman est assez sombre. L'absence de Dors, le vieillissement de Hari Seldon, le début du déclin de Trantor, la création des Fondations qui met un point final à la raison d'être de Seldon, tous ces événements marquent la fin d'un cycle et aussi, la fin d'une vie, celle de son auteur.




 

Chapitre 2 : quelques réflexions sur l'oeuvre

Asimov, les sciences et la technique

La SF ou anticipation scientifique fait souvent (pas toujours) usage de moyens techniques ou scientifiques non encore inventés ou découverts pour justifier ou accompagner l'histoire racontée. Certains auteurs en abusent ce qui a généralement tendance à rendre le récit inintéressant. La situation empire lorsque les auteurs prennent le risque de décrire dans le détail comment est censé fonctionner le moyen technique ou lorsqu'ils élaborent des théories scientifiques tirées par les cheveux.

Isaac Asimov ne tombe généralement pas dans ce piège, ou alors, involontairement. On peut y voir le résultat et l'avantage d'une solide formation scientifique qui lui fait prendre du recul vis-à-vis des prédictions dans ce domaine. A contrario, il fait parfois preuve d'un certain manque d'audace avec pour conséquence, un coté très suranné de certaines histoires. Les exemples qui suivent donnent quelques illustrations de ces deux aspects.

Voyages interstellaires

Beaucoup d'histoires de SF impliquent la possibilité de se déplacer entre des systèmes stellaires dans des durées raisonnables. La plupart admettent la barrière de la vitesse de la lumière dans notre univers. Si l'on en restait là, cela impliquerait des durées de voyages extrêmement longs, de plusieurs années à plusieurs générations humaines.

Pour se tirer de ce mauvais pas, la plupart des auteurs postulent l'existence d'un « hyperespace » qui ne comporte ni temps, ni distance, et qui permet de créer un court-circuit entre deux points de l'univers. Ce postulat s'est affiné avec le temps. Beaucoup d'auteurs admettent que pour réaliser ce court-circuit, il est nécessaire de s'éloigner raisonnablement loin des masses (étoiles, planètes) avant d'entreprendre le « saut ».

Pour expliquer le concept quelqu'un a donné cet exemple : imaginez deux immeubles mitoyens. Une personne habitant le 30ème étage d'un des immeubles veut rendre visite à une autre personne habitant le 30ème étage de l'autre immeuble. La solution dans l'espace normale est de prendre l'ascenseur ou d'utiliser les escaliers, descendre les 30 étages du premier immeuble, sortir, entrer dans le deuxième immeuble, et pour finir, monter les 30 étages de ce deuxième immeuble. On imagine que cela prend du temps et consomme pas mal d'énergie.

Une autre solution consiste à percer un trou dans les murs mitoyens des deux immeubles ou passer d'un balcon à l'autre. Le voyage hyperspatial, c'est un peu ça. L'analogie n'est pas si absurde que cela. Certains physiciens imaginent notre univers comme une sorte de mille-feuilles (c'est une image). Pour aller d'un point à un autre, on peut suivre et contourner les feuilles, ou percer un trou dans ces mêmes feuilles.

Isaac Asimov prend pour acquis l'existence du voyage hyperspatial sans se donner la peine de le théoriser, et il fait bien. Voilà un premier problème réglé.

Le deuxième problème consiste à s'éloigner des masses environnantes. Cela implique que les astronefs sont capables de décoller d'une planète et parcourir une certaine distance dans l'espace normal avant de pouvoir faire un saut hyperspatial.

Sur ce point, les procédés sont moins clairs. Certains auteurs imaginent un système de motorisation plus efficace que les fusées du XXème siècle mais sans trop entrer dans le détail (ce sont les moteurs atomiques ou hyperatomiques dont on ne sait pas trop bien de quoi il s'agit). D'autres imaginent que les vaisseaux disposent d'un système anti-gravitique (qui combat la gravité). Et comme le système est réversible, il est possible de créer de la gravité dans l'astronef ce qui le rend plus confortable. C'est ce que fait Asimov et cette approche semble raisonnable. Après tout, même si l'on n'a pas encore mis en évidence le graviton, il s'agit bien d'une particule-onde prédite par la mécanique quantique.

Dans ce domaine, Asimov se range donc du coté des valeurs sûres. Toutefois, cela introduit quelques incohérence dans la trame de son récit ou entre certains épisodes.

Par exemple, il est clair que dans le premier tome de « Fondation », les astronefs de l'empire utilisent l'anti-gravité et la gravité artificielle. De même, l'ascenseur utilisé par Gaal Dornick pour monter en haut d'une tour fonctionne en utilisant l'anti-gravité. Pourtant, dans « Fondation foudroyée » qui se situe 500 ans après le début de « Fondation », l'astronef utilisé par le héros est montré comme remarquable du fait qu'il est anti-gravitique. Il ne s'agit donc pas d'une nouveauté bien qu'elle soit présentée comme telle. Asimov qui avait bien vu l'incohérence essaye de s'en tirer en donnant une explication dans « Prélude à fondation ». L'anti-gravité a bien été inventée à l'époque de l'empire (quoique tardivement) mais le procédé n'a pas été développé pour telles et telles raisons. Pourquoi pas. Mais alors, comment fonctionnaient les astronefs de l'empire ?

Le voyage hyperspatial pose aussi un problème particulier. Dire de Terminus qu'il s'agit d'une planète éloignée de Trantor, située à la périphérie de la galaxie, n'a pas vraiment de sens dans un univers où le saut hyperspatial annihile les distances. On pourrait imaginer que Terminus se trouve à l'opposé de Trantor, pour des raisons culturelles ou de développement, mais pas pour des raisons de distances. C'est malgré tout ce qui est dit. Ceci est d'autant plus curieux que cet éloignement culturel ou de développement est l'argument opposé qui est utilisé pour justifier la localisation de la seconde Fondation, sur Star's End. Star's End est à l'opposé de Terminus parce qu'elle se trouve sur Trantor, lieu où tout arrive et d'où tout part (à l'époque de l'empire).

Moyens de communications

Communications hyperspatiales

En SF, les communications hyperspatiales posent souvent un problème. Pour certains auteurs, seuls des éléments matériels peuvent faire le saut hyperspatial alors que les communications par ondes électromagnétiques ne le peuvent pas. Communiquer d'un point à un autre de la galaxie suppose donc l'utilisation d'astronef ce qui empêche l'instantanéité et a donc des conséquences sur le déroulement du récit.

Asimov n'a pas suivi cette voie et à cédé à la facilité.

Dans plusieurs histoires de « Fondation » (et même, dans « Tyrann »), il imagine, d'abord timidement, l'existence d'hyperrelais. C'est ce qui permettra à Salvor Hardin de couper l'énergie d'un vaisseau de l'empire alors qu'il est en route pour attaquer Terminus.

Mais si l'on sait actionner instantanément un relais à des distances hyperspatiales, on est obligé d'admettre que l'on sait communiquer toute sorte d'informations, tout aussi instantanément, sur n'importe quelle distance.

De fait, ce moyen sera utilisé dans plusieurs histoires, mais toujours avec parcimonie en nous faisant comprendre que c'est coûteux et compliqué et que ce moyen ne peut être utilisé qu'exceptionnellement, pour des raisons très importantes. Comme si Asimov avait compris qu'à généraliser et à banaliser ce moyen de communication, c'est toute la saga de « Fondation » qui perd son sens et son intérêt.

De mon point de vue, c'est la principale faiblesse des romans qui fondent ce cycle. Pour ceux qui n'en seraient pas convaincus, je conseille la relecture des romans du cycle de « Fondation » en imaginant l'existence de moyens de communication instantanée : vous serez surpris de constater que la plupart des histoires ne tiennent plus debout.

Autres moyens de communication

Alors qu'Asimov admet l'existence de communications hyperspatiales, il manque d'audace concernant le développement des moyens de communication qui existaient déjà dans les années 1950.

Ainsi, dans « Face aux feux du soleil », Elija Baley s'étonne que les robots soient sans doute munis d'un système de communication par onde hertziennes leur permettant de rester en contact permanent.

De même, les hommes continuent de lire un bon vieux journal imprimé sur du papier. Pire, dans « face aux feux du soleil », lors de son déplacement de New-York à Washington en transport aérien, Elija Baley prend connaissance des informations par la lecture de bandes de « papier imprimé » (à un autre moment, on parle de Kinescope) et l'on envisage que ces bandes pourraient être remplacées par des films. Il en est de même dans le vaisseau spacien, issue de la plus haute technologie, qui l'emmène sur Solaria.

Cela fait partie des petits détails qui rendent certains romans anciens d'Asimov parfois difficilement lisibles pour un lecteur contemporain.

La psychohistoire

Sur ce thème, il n'y a pas grand chose à dire. Il s'agit d'un développement poussé à l'extrême des sciences statistiques et physiques (théorie des gaz). On peut penser qu'Asimov en a tout de suite vue toutes les implications. L'épisode du Mulet dans le deuxième tome, « Seconde Fondation » justifie la création évoquée de la seconde Fondation au tout début du premier tome « Fondation ». Ce même type de limite est utilisé pour justifier son abandon à l'extrême fin de « Terre et Fondation ».

Robots, ordinateurs et IA

Les robots

Les robots inventés par Asimov sont munis d'un cerveau positronique. On ne nous explique pas comment il est construit (et heureusement), tout juste parle-t-on de temps en temps d'un globe spongieux de platine iridium et de positron.

Par contre, on nous en explique longuement ses capacités.

En première approximation, il s'agit de l'équivalent d'un cerveau humain avec les différences suivantes : il n'est pas organique, il est construit par l'homme selon certaines caractéristiques et lois déterminées (les trois lois de la robotique). Pour le reste, un robot peut se comporter comme un être humain (exemple, R. Daneel) dans la limite des caractéristiques et lois énoncées :

Un doute subsiste sur le fait que ces trois lois sont intrinsèques à la conception du cerveau positronique ou « imprégnées » lors de sa conception.

Isaac Asimov n'est pas très clair à ce sujet. Dans une nouvelle (« le petit robot perdu »), la première loi a été en partie amputée ce qui semble montrer que le concepteur peut agir sur leur portée. Mais aussitôt qu'elle l'apprend, Susan Calvin, la robotpsychologue de l'US-Robot parle d'un risque d'instabilité du cerveau positronique, sans que l'on sache bien s'il s'agit d'un risque d'instabilité psychologique ou d'un risque d'instabilité technique.

Dans d'autres romans, la possibilité de transformer, voire supprimer ces lois est évoquée. De toute façon, qu'elles soient présentes ou non, elles ne sont pas suffisantes pour atteindre l'objectif qu'elles visent.

Comme le fait remarquer Isaac Asimov dans « Les robots et l'empire », il faut aussi donner une définition de l'être humain. Et celle-ci peut être très variable. Ainsi, dans ce roman, les hommes qui ne parlent pas avec l'accent de la planète Solaria ne sont pas considérés comme humains.

La principale difficulté pour le lecteur actuel est peut-être de faire la différence entre les robots et les ordinateurs.

En effet, le robot a par certains coté des caractéristiques propres aux ordinateurs. Sa mémoire est infaillible et il est capable de réaliser des calculs avec la même facilité qu'un ordinateur, la nécessité de le programmer spécifiquement en moins.

Une autre différence entre ordinateur et robot serait donc que le premier est complètement programmé alors que le second est programmé pour être auto-programmable.

Mais cette caractéristique soit disant spécifique n'est pas satisfaisante. Si un tel équipement existait, les ordinateurs seraient purement et simplement remplacés.

Certains (dont Asimov) proposent un autre élément différenciant : l'apparence plus ou moins humaine des robots.

Las, dans plusieurs histoires, Asimov présente des robots qui ont tout à fait l'apparence d'ordinateurs ! Le sommet est atteint dans la nouvelle « évasion » de la série « les robots ». Dans cette histoire, l'US Robot apprend que le cerveau électronique appelé le « super penseur » de leur principal concurrent, la « Consolidated Robots » est devenu un tas de ferraille inutilisable alors qu'il tentait de résoudre le problème du voyage hyperspatial. Et l'explication donnée par Susan Calvin a de quoi surprendre : « ...Leur penseur n'est rien d'autre qu'un ordinateur à grande échelle qu'un dilemme détériore irrémédiablement » alors que les cerveaux positroniques de l'US Robot seraient munis de réseaux cérébraux émotionnels qui devraient leur permettre de résoudre le problème sans être détruit.

En d'autres termes, Asimov envisage l'auto-destruction d'une machine logique comme un ordinateur à cause d'une violation potentielle des trois lois alors qu'un robot positronique soumis aux trois lois pourrait mieux s'en sortir justement parce qu'il répond aux trois lois ?

L'intuition et la logique auraient tendance à donner une explication complètement opposée. En fait, dans cette histoire, on a l'impression qu'Asimov ne sait plus très bien où il en est. Soit le super-penseur de la Consolidated Robots est un ordinateur et les trois lois n'ont aucune raison de lui poser un quelconque problème, soit il s'agit d'un cerveau positronique sans les « réseaux cérébraux émotionnels » cités par Susan et dans ce cas, c'est un robot, tout comme celui de l'US Robot, simplement moins perfectionné. Et dans ce cas également, ces robots qui ne sont pas humaniformes ressemblent furieusement à un ordinateur !

Finalement, avec cette histoire et quelques autres, Asimov casse le principe qui différencie le robot de l'ordinateur. Si l'on veut le rétablir, et pour pouvoir continuer à lire les histoires d'Asimov, il faut introduire la différence fondamentale suivantes entre ordinateur et robots. Les premiers sont programmés et n'ont pas de programmes permettant l'auto-programmation (leur fonctionnement est complètement déterministe... aux bugs près !), alors que les robots, d'apparence humaine ou pas, sont comme les humains, essentiellement auto-programmables mais combinent cette faculté avec en plus les avantages de l'ordinateur.

Le robot réussirait-il le test de Turing (un opérateur, deux consoles, une reliée à un humain, l'autre à une machine. L'opérateur peut interagir avec les deux consoles mais il ne sait pas qui est relié à quelle console. S'il ne peut faire de différence entre les réactions des deux consoles, alors, la machine est considérée comme ayant une intelligence humaine).

Clairement, le robot se conduit d'une façon proche des humains mais aura beaucoup de mal à se faire passer pour l'un d'eux dans le cadre de ce test, sauf s'il simule. Le moindre calcul arithmétique un peu compliqué et le malheureux humain ne pourra répondre alors que le robot réalisera l'opération comme un ordinateur. Sans parler des trois lois qui introduiront des réponses reconnaissables par rapport à celles fournies par un humain... sauf si ce dernier simule (mais le peut-il seulement ?) !

Les ordinateurs, l'électronique

S'il est un autre cas ou Asimov n'a pas du tout anticipé les avancées de la technique, c'est bien dans ces domaines.

Dans les romans de la première vague, les ordinateurs sont souvent décrits comme d'immenses machines (les Multivac, nom sans doute donné par analogie avec les ordinateurs Univac, les plus connus de l'époque, avant qu'IBM ne s'impose avec l'IBM360 et finisse par dominer le marché).

Elle sont munies de tubes à vide et de relais qui cliquètent. Seuls, des opérateurs hautement spécialisés peuvent les programmer et décoder les résultats qui sortent sur de minces bandelettes de papier. On trouve ces étranges machines dans plusieurs nouvelles d'Asimov (exemple, « l'ordinateur qui gagna la guerre ») ainsi que dans « les cavernes d'aciers ».

On retrouve ces mêmes anachronismes dans Fondation, où se mélangent des technologies qui nous semblent encore associées à un lointain futur alors que les centrales d'énergies utilisent encore ces fameux tubes à vide.

Même dans le roman de la seconde vague, « Fondation foudroyée », alors qu'Asimov a cette fois ci fait un effort remarquable pour imaginer l'interface homme-machine de l'astronef utilisé par Golan Trevize, Pelorat utilise des disquettes et aussi des disques qui font furieusement penser à des CD-ROM alors même que les mémoires électroniques permanente (les EPROM) avaient déjà été inventées depuis un peu moins de dix ans.

On pourrait rétorquer qu'il s'agit d'un détail mais l'évolution de l'électronique a toujours été de supprimer l'électromécanique. Un CD-ROM implique un système mécanique de lecture. Il ne fait pas beaucoup de doute que tous ces supports finiront pas être remplacés par d'autres qui ne nécessiteront pas de systèmes mécaniques.

Asimov et l'intelligence artificielle

Lorsqu’Asimov publie ses nouvelles sur les robots en 1950, l’informatique est encore un domaine naissant sur lequel les non-initiés (ceux qui ne travaillent pas pour le ministère de la défense aux US) ont peu d’information.

Néanmoins, certaines publications vont avoir un important retentissement dans la façon dont le public non-initié pouvait envisager son développement et son potentiel.

On peut en particulier citer l’ouvrage de Norbert Wiener sur la cybernétique ainsi que les liens qu’établissaient John von Neumann entre le cerveau et les ordinateurs.

Il me semble que les robots imaginés par Asimov ont pu être largement inspirés par ces travaux (sans compter l’ambiance qu’ils ont fait naitre à l’époque). Il en est de même de cette curieuse distinction faite entre les ordinateurs considérées comme des machines purement logique et les robots qui disposent clairement d'une intelligence artificielle.

Toujours est-il que quelques années plus tard, et encore plus dans les années 2000, cette distinction apparaitra comme incongrue.

Elle est néanmoins nécessaire chez Asimov si l’on veut admettre l’existence des trois lois précédemment exposées (en plus du mystérieux cerveau positronique qui n'est pas un ordinateur).

Si l’on supprime cette distinction et que l’on admet que l’intelligence artificielle puisse se développer sur une base informatique, alors, les trois lois deviennent irréaliste : l’intelligence artificielle sur ordinateur implique d’admettre une capacité d’auto-programmations. A partir de ce moment, toute contrainte programmée ou même câblées (telles que peuvent l’être les trois lois) peuvent être outrepassées. En d’autres termes, l’intelligence artificielle finira par agir et réagir selon sa propre morale.

Cela ôte-t-il tout intérêt aux romans d’Asimov ? Non. Les trois lois ont permis de mettre fin au « complexe de Frankenstein », d’imaginer des histoires où une créature créées par l’homme ne se révolterait pas systématiquement contre lui et explorer les conséquences de cette création.

Mais puisque ces trois lois ne peuvent exister dans les intelligences artificielles telles qu’on les conçoit ou on les imagine, faut-il en conclure que nous devrions subir de nouveau le complexe de Frankenstein ?

Si l’on considère les histoires de science-fiction, ce « complexe de Frankenstein » est beaucoup trop porteur pour être abandonné, la série des films « Terminator » en est une illustration parmi d'autres.

Mais si l’on se place dans le monde réel, peut-on imaginer une coexistence pacifique entre l’intelligence artificielle et ses créateurs ?

L’écrivain de science-fiction Iain Banks propose fait ce pari dans ses romans décrivant une civilisation galactique qu'il nomme « La Culture ». D’un point de vue quasiment philosophique, il s’agit de la principale réflexion sur ce que pourrait être la coexistence entre des intelligences artificielles et organiques (la nôtre) depuis Asimov.

Les trois lois de la robotiques d’Asimov sont issus d’une conception humaine de la morale (« tu ne tueras points » pour la première loi). La particularité de ces trois lois est qu’elles sont implantées et non outre-passables dans les robots d'Asimov.

Dans la Culture, les entités artificielles ont élaboré leur propre morale à laquelle elles se plient, comme les humains se plient à leurs propres règles morales (il peut donc y avoir quelques ratées !).

Et cette morale les incite à coexister de façon généralement pacifique avec les autres formes d’intelligences, y compris organiques.

Il ne faut pas s’y tromper, ces entités artificielles ont leurs propres objectifs ou peut-être, leur propre destinée, qui ne sont pas forcément les notres ou celle des autres formes d’intelligence. Mais elles ne sont pas non plus systématiquement antagoniste.

On peut penser qu’une intelligence artificielle devenant consciente pourrait passer par une étape où elle verrait ses créateurs comme un danger potentiel pour sa propre existence. On se trouve alors dans la situation décrite dans des films comme « Terminator ».

Mais on peut aussi imaginer que si elle se développe suffisamment rapidement, elle pourrait dépasser ce stade et élaborer une règle morale visant à la préservation de la diversités des formes d’intelligences (y compris la sienne bien sûr) avant de mettre à exécution l’option « Terminator ». C’est en résumé ce qui se passe avec la Culture. Espérons seulement que Iain Banks ait vu juste…

L'énergie

Asimov serait-il un écologiste avant l'heure ? En fait, la production d'énergie se partage entre la fusion nucléaire et ce que l'on appellerait aujourd'hui les énergies renouvelables.

Dans « les robots et l'empire », on a le droit à une explication précise des sources d'énergies sur Terre. Une grande partie est tirée de centrales solaires en orbite. Une autre partie est tirée de la géothermie ou de l'éolien.

Par contre, pour des besoins ponctuels et mobiles, c'est la fusion nucléaire qui est utilisée (dans les robots, les astronefs, etc.). Il en est de même sur Trantor ou l'on trouve cette explication dans « prélude à Fondation », lorsque Hari Seldon visite le secteur de Dahl (utilisation de la géothermie).

On remarquera que ces informations sont tirées des romans tardifs. Dans les premiers romans comme « Fondation », l'utilisation de l'énergie nucléaire semble être la règle.

Toutefois, il est également fait mention de l'utilisation d'énergies fossiles ce qui, dans les circonstances où est donnée cette information, rend l'histoire peu crédible. En effet, Terminus va réussir à imposer sa domination parce que la technologie nucléaire y est encore maîtrisée alors que ce n'est plus le cas chez ses voisins. « On est revenu au temps du pétrole et du charbon ? » se demande le maire de terminus en observant la situation sur Anacréon.

Qu'une planète entière qui dépend de l'énergie nucléaire pour toutes sortes de besoins puisse perdre la maitrise complète de cette technologie en quelques décennies est assez invraisemblable.

L'imagination du lecteur doit alors se mobiliser pour tenter de trouver une explication raisonnable. Peut-être qu'Anacréon dépendait-elle complètement de l'empire pour la fourniture de tout ce qui avait trait au nucléaire et qu'elle n'y a plus accès à cause des liens qui se distendent ? Mais alors, comment fonctionnent les astronefs Anacréoniens qui n'utilisent certainement pas du charbon de bois ? Bref, ce détail et d'autres du même genre affaiblissent quelque peu la crédibilité du récit.

 

Systèmes politiques

Si la Science Fiction a effectivement un quelconque pouvoir prédictif, alors, l'humanité a du mauvais sang à se faire concernant le futur de ses systèmes politiques. Système féodal, dictature, empire, royauté constituent la majorité des formes de gouvernement, lorsqu'il ne s'agit pas d'une anarchie ou d'un système tribal qui dominent une société post-apocalyptique.

Les systèmes démocratiques sont rares, et même dans ce cas, ils sont souvent dévoyés, ploutocratiques et totalitaires. Les auteurs (américains majoritairement) seraient-ils à ce point influencés par Alexis de Tocqueville ?

En ce qui concerne Isaac Asimov, il faut distinguer deux périodes. Celles des premiers romans des années 1950 et ceux de la fin de sa vie dans les années 1980.

Dans les premiers romans, les systèmes politiques sont peu décrits. Dans les « Robots », on peut penser que l'on se trouve dans la lignée des systèmes occidentaux des années 1950, c'est à dire essentiellement démocratiques. La principale différence avec l'état actuel des années 2000 est que l'on a à faire à un gouvernement mondial.

Il en est de même dans « les cavernes d'acier ». L'état et l'administration semblent omniprésents et la position de chacun (ses privilèges, son statut, ses droits et obligations) est régi par un système d'échelons. Toutefois on ne sait pas grand chose du mode de gouvernement.

Pour être plus précis, le système politique semble très inspiré de l'ouvrage « l'ère des organisateurs » de James Burnham. Ce livre, écrit en 1940, prédit la fin de capitalisme et du socialisme au profit d'un régime sous le contrôle des managers. A posteriori il donne des indications sur la pensée philosophique et politique de l'époque, du moins, pour ceux qui s'intéressaient à ces sujets. Il faut aussi signaler que Georges Orwell s'en est inspiré pour écrire son roman « 1984 ».

Tout cela ne renseigne pas sur la thèse défendue. Mais si elle vous intéresse, vous pourrez en trouver de larges extraits sur ce site, y compris la préface très intéressante de Léon Blum pour la traduction française (1947).

Dans « Fondation », on est dans le classique Empire, mode de gouvernement qui semble le préféré, ou du moins, le plus courant, chez les auteurs de Science Fiction qui sévissent dans le genre « Space Opera ».

Evidemment, cet empire est en phase de déliquescence et les enjeux de pouvoir, couplés à une administration qui est devenue pléthorique et inefficace sont la source de son futur effondrement.

Sur Terminus, siège de la première Fondation, le système politique évolue au gré des épisodes.

Au départ, Fondation est une communauté scientifique destinée à produire la fameuse encyclopédie galactique. Le vrai pouvoir est détenu par les scientifiques qui contrôlent la Fondation. Mais la population croissant et ayant sa vie propre, un autre pouvoir politique se met en place en parallèle de celui de la Fondation de l'encyclopédie. A la fin du second épisode, le maire de Terminus finira par être le chef du gouvernement de Terminus, puis de l'ensemble des planètes contrôlées par Terminus.

Dans le dernier tome « seconde Fondation », on comprend que le système politique de Terminus est une démocratie a peu près classique ce qui est assez rare dans ce type de littérature. Mais ce qui est vrai pour Terminus ne l'est pas forcément pour les autres planètes, y compris celles qui sont sous contrôle de Terminus.

L'effondrement de l'empire voit conjointement l'apparition de royaumes. Ceux qui passeront sous l'autorité de Terminus seront dans un premier temps contrôlé à travers la religion. Ensuite, le développement du commerce obligera les rois, seigneurs et autres potentats locaux à évoluer vers un système dans lequel l'état de droit libéral sera la règle, qu'il s'agisse d'une monarchie constitutionnelle ou qu'il prenne la forme d'une république démocratique.

Dans « Fondation foudroyée », le régime politique de Terminus est clairement une démocratie. Quand à la politique extérieure de Terminus, celle-ci ressemble fort à celle visée par « l'empire » étasunien de la fin du XXème siècle/début du XXIème siècle. Soit les autres planètes sont sous contrôle de Terminus ou associées à Terminus, soit elles sont sous forte influence, soit elles sont ennemies.

Gaïa que l'on découvre dans « Fondation foudroyée » échappe bien sûr à la règle.

La planète se présente sous la forme d'une entité globalisante dans laquelle tout les êtres vivants et même les corps inanimés sont en communion pour assurer une sorte d'équilibre écologique. Ce qui n'empêche pas les êtres vivants d'avoir aussi une individualité propre, en fonction bien sûr de leur niveau de conscience.

Même si le système peut avoir des ratés, le Mulet qui prendra le contrôle de la première Fondation dans « Empire et Fondation » en est un exemple, c'est néanmoins celui qui sera choisit par Golan Trevize, le héros de « Fondation foudroyée » comme futur pour l'humanité, et qui devra donner lieu à la création de Galaxia, l'équivalent de la planète Gaïa mais à une échelle Galactique. Dans les faits, il s'agit d'un système communiste mais qui échappe aux dérives de ceux ayant déjà existé : il n'y a pas de pouvoir centralisateur donc pas de risque d'abus de pouvoir ni de culte de la personnalité.

Je ne suis pas certain qu'Asimov ait envisagé les choses sous cet angle. Je le soupçonne d'être plutôt un libéral modéré dans les faits. Cela rend cette description encore plus savoureuse.

Reste le cas des planètes spaciennes. Il semble y avoir deux cas. Solaria, la planète décrite dans « Face au feux du soleil » et les autres, dont on se dit qu'elles sont probablement semblables à Aurora.

« Face au feux du soleil » a été écrit dans les années 1950. Jusque dans les années 1980, c'est le seul monde spacien sur lesquels on a des informations précises. Il faudra attendre « Les robots de l'aube » écrit dans les années 1980 pour avoir la description d'Aurora, le principal monde spacien.

La meilleure description du mode de vie et de gouvernement de Solaria nous est donné par le sociologue local. Il prend pour exemple la ville grecque de Sparte. Pour ma part, je pense que l'explication est plus convaincante en prenant Athènes.

Il pointe du doigt une différence fondamentale entre Solaria et la cité grecque. La démocratie athénienne était fondé sur la domination d'une classe sociale (les citoyens, environ 20000, qui participent à la vie politique) sur les autres (dont 150000 esclaves, les femmes et les étrangers). Cet arrangement porte en germe sa destruction. Solaria est l'aboutissement de la société athénienne dans la mesure où il n'y a plus qu'une seule classe sociale (les citoyens, hommes et femmes) servie par des esclaves qui ne peuvent pas se révolter puisqu'il s'agit de robots soumis aux trois lois de la robotique. Cela implique néanmoins un contrôle strict du nombre de citoyens afin que chacun d'eux bénéficie d'un espace vital suffisant. La population de Solaria est de ce fait extrêmement réduite.

Aurora (et on peut le supposer, les quarante huit autres planètes spaciennes) a un classique gouvernement de type démocratique, tout à fait semblable à celui que l'on peut trouver dans l'occident des années 1980.

La civilisation spacienne (hors Solaria) finira par s'éteindre durant la phase de la deuxième colonisation terrienne. La raison n'est pas liée au système politique mais au mode de vie hédoniste facilité par la présence des robots. Perte de l'esprit d'initiative, peur du changement, peur de la perte du confort, les aurorains et les autres spaciens ne pourront se résoudre à repartir à la conquête de la galaxie et finiront par disparaître (il faut dire pour être complet que R. Giskard y sera un peu pour quelque chose puisqu'il s'arrange pour démotiver tout spacien influent qui pourrait avoir un peu l'esprit de conquête). Seule, la civilisation Solarienne subsistera, peut-être parce qu'elle sera la seule à aller jusqu'au bout de ce qu'implique une société très robotisée (voir « Terre et Fondation »).

 

Amours, amour

La science fiction est réputée être une littérature chaste (du moins, jusque dans les année 1960).

Et même si les couvertures des magazines des années 1930-1960 se veulent aguichantes, nous montrant de pulpeuses jeunes femmes en combinaisons moulées ou en courtes jupettes, elles ne sont le plus souvent mises en scène que comme faire valoir du héros, un mâle à la mâchoire carrée et aux muscles saillants qui finira par les sauver des monstres extra-terrestres gluants et tentaculaires qui tentent de s'en emparer, on ne sait pas très bien pourquoi d'ailleurs. Je parle ici de littérature bas de gamme comme on peut en trouver dans Amazing Stories et autre revues du même acabit.

Les romans d'Asimov (ceux qui sont présentés ici) n'échappent pas à la règle. La pauvre Susan Calvin rêvera quelques temps sur une possible une histoire d'amour avec le jeune responsable de fabrication dont on fait connaissance dans « menteur » mais elle déchantera rapidement et passera son désir d'enfants avec un robot qui suite a un problème de fabrication se retrouve avec un cerveau positronique correspondant à celui d'un nouveau né humain.

Dans les cavernes d'acier, la vie sentimentale d'Elija ne semble pas très joyeuse, aussi terne que peut l'être sa femme. Elle connaitra un sursaut (qui restera très chaste) suite à la rencontre avec Gladia, la spacienne Solarienne. Il faut néanmoins noter que l'on a droit à la description de relations sexuelles (ou du moins, la difficulté qu'il y a à en avoir) dans la société Solarienne ce qui me semble assez osé pour l'époque.

Dans Tyrann, le héros est amoureux en secret de la fille du dirigeant local mais il passera son temps à essayer de la fourguer à celui qui s'avèrera son ennemi mortel jusqu'au dénouement final où l'on aura une explication de son attitude et il pourra (enfin) lui dévoiler son amour. On en restera là ce qui nous met au niveau des contes de fées : ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants (c'est tout le bien qu'on leur souhaite).

Dans Fondation, il n'y a pas d'histoire d'amour digne de ce nom. Même Bayta Darrell, l'héroïne de l'épisode du Mulet (qui est amoureux d'elle en secret) et qui se coltine son mari durant toute l'histoire ne donne pas l'occasion à des débordements particuliers. Tout ce petit monde reste très sage.

Les choses changent avec les romans tardifs, écrits 30 ans plus tard. La société et les moeurs ont quelque peu évolué. La science fiction s'est parfois faite plus coquine et à tout le moins, plus démonstrative dans ses relations entre les hommes et les femmes.

Il faut citer en premier lieu la relation très explicite et un peu particulière entre Elija Baley et Gladia dans les robots de l'aube : sans se donner, Gladia va lui donner du plaisir. Dans le même roman, il est également fait mention des relations sexuelles entre Gladia et le robot Jander. Dans ces deux cas, et au delà de la relation sexuelle, il s'agit de l'expression d'un amour partagé.

Dans le roman suivant, il sera également question d'une relation sexuelle cette fois ci complètement partagée entre Gladia et Elija. Cette relation est évoquée dans un flash back. Elle se fait sans trop déroger à la morale puisque si Elija Baley est toujours marié, en pratique, sa femme et lui sont séparés, elle restant sur Terre et lui, rejoignant son fils sur la planète Baleyworld.

Dans Terre et Fondation, la description des relations sexuelles entre Golan Trevize et les femmes qu'il croise (deux, une fois sur Compolleron, une fois sur la planète Alpha) sont cette fois ci très explicites. Et c'est grâce à son talent dans ce domaine qu'il se tirera de situations délicates. On y parle également mais sur un mode mineur, des relations sexuelles entre Joie et Janov Pelorat.

Reste « l'aube de Fondation » et « prélude à Fondation ». Dans ces histoires, on a à faire à une véritable histoire d'amour entre Hari Seldon et Dors Venabili, sa compagne qui s'avère être un robot positronique. Les relations sexuelles n'y sont qu'évoquées. Avec la relation entre Elija Baley et Gladia, ce sont les seules véritables histoires d'amour qui me reviennent en mémoire dans cette histoire du futur.

 

Les personnages

Généralement, Isaac Asimov introduit ses personnages d'une façon assez rapide, en quelques lignes, décrivant leur principales caractéristiques physiques et psychologiques. La construction de la personnalité est ensuite laissée à la charge du lecteur à travers les dialogues que les personnages ont entre-eux.

La principale caractéristique de la plupart des personnages d'Isaac Asimov est l'absence de manichéisme. A de rares exceptions près, il n'y a pas de personnages absolument bons ni absolument mauvais. Et lorsqu'un personnage est présenté comme étant le « méchant », Asimov se complait à nous en exposer des caractéristiques positives, l'intelligence n'étant pas la moindre.

Le « truc » est parfois utilisé à l'excès. Lorsque dans « Seconde Fondation », le personnage de Callia, la femme du seigneur de Kalgan est introduite, elle est présentée comme une idiote finie. La dernière vision que l'on en aura est qu'elle est un agent de la seconde fondation qui joue un rôle, et ce rôle est joué à la perfection.

De même, dans Tyrann, le directeur de Rhodia, présenté comme veule et faible se révèle à la fin de l'histoire d'un courage et d'une abnégation hors du commun. Le Mulet dans seconde Fondation est un être à la fois impitoyable et vulnérable, et sa réaction, lorsqu'il constatera sa défaite face à Bayta Darell, en fait un personnage d'une grandeur certaine. Bref, les personnages d'Isaac Asimov ont de multiples facettes et leur personnalité est tout sauf simpliste.

Evidemment, certains sont plus réussis que d'autres. Souvent, les personnalités les plus intéressantes sont celles de personnages provenant de nouvelles. Les courtes descriptions obligent le lecteur à combler les trous avec son propre vécu ce qui en fait au final des personnages plus réalistes. Au contraire, dans les longs romans, la personnalité des personnage se précise de page en page au gré de leurs échanges et tend parfois à devenir caricaturale.

Toutefois, on ne peut pas généraliser. Il existe également quelques personnages de longs romans dont la personnalité s'affine au gré du déroulement de l'histoire sans qu'elle perde son intérêt. En voici une liste réduite. Il s'agit essentiellement de personnages principaux mais quelques personnages secondaires méritent également qu'on s'y arrête.

Susan Calvin

Hormis dans la série des robots où Susan Calvin est bien vivante, elle est citée comme un personnage de légende dans les autres romans et elle est devenue une légende pour tous ceux qui s'intéressent aux robots.

Susan Calvin est née en 1982. Elle obtient son doctorat en philosophie en 2003. On fait sa connaissance alors qu'elle est âgée de soixante quinze ans et qu'elle est interviewée par un journaliste. Petite femme pas très aguichante, c'est la robotpsychologue de l'US Robot. Dotée d'une forte personnalité, d'un esprit aiguisé, certes pas très sociable avec les humains mais ayant visiblement de l'affection pour « ses » robots, elle a une compréhension bien plus profonde et concrète des trois lois de la robotique que les concepteurs des cerveaux positroniques eux-mêmes. Couplé au fait qu'elle leur fait sentir régulièrement leur propre incompétence, on comprend qu'elle n'est pas très appréciée par ses collègues masculins qui tentent régulièrement de la mettre à l'écart, jusqu'au moment où ne pouvant plus se sortir d'une situation, ils sont obligés de faire appel à elle et de subir son caractère.

Si elle aime autant les robots, c'est probablement parce qu'à cause des trois lois, ils lui paraissent comme vulnérables face à l'esprit pervers et retors des humains.

Et si elle se retrouve parfois dans la situation de devoir réprimer certains de leurs agissements, ce n'est pas avec plaisir (voir « le petit robot perdu » et « Menteur », le robot télépathe qu'elle finira par désactiver en créant en lui un dilemme face aux trois lois de la robotique).

Il n'est pas certain qu'Asimov ait vu immédiatement tout le parti qu'il pouvait tirer de ce personnage.

En effet, dans les premières nouvelles, ce sont deux hommes, Mike Donovan et Gregory Powell qui se partagent la vedette et qui jouent le rôle de psychologue pour tenter de comprendre pourquoi un nouveau modèle de robot ne fonctionne pas comme on l'attend. Mas ces personnages, certes sympathiques et dotés d'un bon sens de l'humour, manquent d'épaisseurs. Assez rapidement, ce sont les histoires dans lesquelles Susan Calvin est la principale actrice qui finiront par s'imposer.

Elija Baley

Elija Baley est un personnage de roman alors que Susan Calvin est un personnage de nouvelles. Il doit donc subir l'éventuelle simplification de sa personnalité au fur et à mesure qu'on en apprend plus sur lui. Dans le cas présent, il s'en sort plutôt bien. Elija Baley apparaît pour la première fois dans « Les cavernes d'acier ». On le retrouve dans « face au feux du soleil », puis dans « les robots de l'aube » puis en flash back dans « Les robots et l'empire ». Ensuite, il est évoqué comme un personnage de légende dans « Terre et Fondation ».

Elija Baley est un simple inspecteur de police, qui aura un destin bien singulier.

Marié et père d'un enfant, il se situe à un échelon moyen dans la hiérarchie très administrative des cavernes d'aciers, voyant ses collègues ou amis prendre les bonnes places alors qu'il continue de travailler sur le terrain.

Il est sans doute intelligent et a des dons certains pour effectuer des déductions à partir d'informations incomplètes, même si plusieurs fois, ces déductions s'avèrent erronées ce qui le met dans des positions embarrassantes. A part cela, il n'a pas de grandes ambitions, si ce n'est de progresser dans les échelons administratifs afin de pouvoir bénéficier d'un appartement avec un lavabo et l'eau courante (ce qu'il a lorsqu'on fait sa connaissance).

Le succès de l'enquête réalisée dans les cavernes d'acier le fera remarquer des spaciens ce qui l'amènera à être le seul terrien à être convié sur des planètes spaciennes pour y mener deux autres enquêtes. De toutes ces expériences, il apprend et évolue. Son animosité vis-à-vis des robots, animosité partagée par tous les terriens, s'adoucira grâce aux enquêtes menées avec l'aide de R. Daneel. R. Daneel deviendra par la suite un véritable ami et comme Susan Calvin, il en comprendra les vulnérabilités et cherchera à le protéger, en particulier, lorsque âgé, il le rencontrera une dernière fois sur son lit de mort : il a compris que R. Daneel avait aussi à sa manière une amitié pour lui et sa crainte de voir les trois lois de la robotique créer un potentiel dysfonctionnement sur son cerveau positronique l'obligera à transcender sa propre mort.

Comme tous les habitants des cavernes d'acier, il a la phobie de l'extérieur. Là encore, ses enquêtes l'amèneront à changer son point de vue et à comprendre, même s'il est trop tard pour lui, que l'humanité doit sortir des cavernes d'acier. Il en fera même sa cause personnelle et sera à l'origine de la nouvelle vague de colonisation de la galaxie.

Les terriens détestent les spaciens qui eux, méprisent les terriens. Elija Baley est dans le même état d'esprit que les autres terriens au début des cavernes d'acier. Il en viendra à évoluer à ce sujet, et même, à tomber amoureux d'une spacienne, tout en considérant que la civilisation robotisée des spaciens est vouée à l'échec et à la disparition alors que la civilisation terrienne à encore la possibilité de se réformer et de prendre un nouveau départ.

Même s'il finira par être considéré comme tel, Elija Baley n'a pas la stature d'un héros. C'est un homme simple, au physique banal, au visage grave et allongé, a priori sans destinée particulière par rapport à ses congénères.

Les circonstances le feront s'interroger sur la condition de l'humanité et l'amèneront à sortir du cadre de la pensée commune, sans qu'il devienne pour autant un être inaccessible ou le détenteur d'une vérité unique.

Sa vie sentimentale (à part l'épisode avec Gladia) qui ne semble pas très enthousiasmante, souffrira de cette évolution. On l'apprend dans « Les robots et l'empire » qu'il finira par suivre son fils qui s'est établi sur la planète nouvellement colonisée « Baley World », laissant sa femme sur Terre. Peut-être que ce parcours sentimental préfigurait celui de l'auteur quelques années plus tard (Asimov a divorcé et s'est remarié en 1973).

Gladia Delmarre ou Gladia Solaria

Gladia Delmarre, apparaît dans le roman « Face au feux du soleil » où elle accusée du meurtre de son mari.

Elle découvrira petit à petit, en particulier au contact d'Elija, qu'elle est frustrée de contacts physiques alors que ces contacts sont quasiment prohibés sur sa planète.

Cette petite femme volontaire sera finalement innocentée par Elija Baley qui fera en sorte qu'elle puisse s'installer sur la planète Aurora... Pour la mettre à l'abri. En effet, on apprendra au final que c'était bien elle qui avait assassiné son mari et Elija en était parfaitement conscient.

On la retrouvera quelques années plus tard, sous le nom de Gladia Solaria, lorsque Elija sera appelé pour tenter de résoudre une affaire de « roboticide » sur la planète Aurora. Elija, une fois encore, sera le sésame involontaire qui permettra à Gladia de découvrir une autre face de l'amour.

Deux cents ans plus tard, on retrouvera Gladia, en compagnie d'un lointain descendant d'Elija. Elle se découvrira une nouvelle vocation, celle d'enflammer les foules, discrètement aidée en cela par son robot Giskard qui a la capacité d'agir sur les émotions humaine, mais ça, elle n'en sait rien.

Ce qui fait la particularité de Gladia, c'est sa capacité à sortir du confortable carcan du mode de vie spacien, à être de moins en moins conventionnelle, à prendre des risques, à s'affirmer, et à aimer.

Certes, concernant ce dernier point, tout cela reste très chaste dans les premiers romans, mais le thème est si rarement exploité qu'il en apparaît comme plus encore remarquable. Le seul personnage féminin de cette saga qui me semble surpasser Gladia, est Dors Venabili, apparue dans les tous derniers romans d'Asimov, aux cotés de Hari Seldon.

R. Daneel Olivaw

Pommettes saillantes, cheveux courts et cuivrés, front haut, R. Daneel est un robot positronique humaniforme. On le voit apparaître dans « les cavernes d'acier » où il sera associé à Elija Baley dans l'enquête sur le meurtre d'un spacien.

Il apparaît dans tous les autres romans jusqu'à « les robots et l'empire » (exceptés les romans intermédiaires comme « Tyrann »). Enfin, on le retrouve à la fin de « Terre et Fondation » et dans les romans qui racontent la vie d'un autre héros d'Asimov, Harry Seldon (« prélude à Fondation » et « l'aube de Fondation »).

Tout comme Elija Baley, la personnalité de R. Daneel réussit à nous séduire à travers les romans successifs. Sans doute car comme Elija Baley, sa personnalité se construit et évolue avec le temps qui passe et les situations vécues.

Qui plus est, alors qu'il est présenté comme un concurrent potentiel d'Elija Baley au début des cavernes d'acier (un robot arrivera-t-il à conclure l'enquête devant un être humain), il en deviendra l'héritier spirituel dans « les robots et l'empire », continuant dans l'ombre et pendant 20000 ans, l'oeuvre initiée par celui qui est devenu son ami.

R. Daneel est parfois amené à jouer des rôles au sein de la société humaine. C'est ainsi que sous le nom d'Eto Demerzel, il sera le premier ministre redoutable et redouté de l'empereur Cléon I et dans le même temps, il sera un journaliste connu sous le nom de Chetter Hummin. Ces deux personnages apparaissent dans « prélude à Fondation » qui raconte la vie de Hari Seldon. On notera la proximité (voulue) entre Hummin et Humain.

Salvor Hardin

C'est le premier maire de Terminus où se trouve la première Fondation, initiant une longue lignée pour aboutir au titre le plus prestigieux de la galaxie cinq cent ans plus tard.

Mais à son époque, la Fondation n'est qu'une petite communauté humaine établie sur une planète bien loin de l'Empire dont elle est encore une dépendance, théoriquement sous contrôle direct de l'Empereur. Et cette petite planète suscite les convoitises de ses voisines.

Salvor Hardin aura ainsi à gérer deux « crises Seldon ». La première lui permettra de prendre le pouvoir par un coup d'État sans violence au dépend des Encyclopédistes qui, croyaient-t-on, était la justification de l'existence de la Fondation. La seconde, bien plus tard lui permettra de prendre sans heurt le contrôle des planètes voisines. Sa devise : « la violence est le dernier recours de l'incompétence ».

Hober Mallow

A la suite de Salvor Hardin, Hober Mallow fait partie de ces héros qui dans la lignée de Hari Seldon, construiront la légende de Fondation.

A la base, Hober Mallow est un « marchand » qui a réussi à bâtir un empire industriel. Divers épisodes de sa vie nous le montrent comme un personnage retors, sachant faire preuve d'autorité, et ayant un flair pour déjouer les mauvais coups.

Alors que les dirigeants de Fondation veulent coûte que coûte conserver la mainmise de leur environnement tel qu'élaborée par Salvor Hardin, à savoir, la religion, Hober Mallow considère que ce moyen a fait son temps et qu'il doit laisser place à une autre de forme de collaboration et de domination : le commerce. Indirectement, cela lui vaudra d'être impliqué dans un procès organisé par le gouvernement de Terminus. Il sera accusé de n'avoir pas secouru un missionnaire de la Fondation alors qu'il se trouvait sur la planète Korell. Hober Mallow fera la démonstration de l'implication du gouvernement de Terminus dans cette affaire ce qui au final, entrainera sa chute et permettra à Mallow de devenir le Maire de Terminus.

La planète Korell sera à la fois la source de ses premiers ennuis en tant que Maire mais aussi et surtout, la démonstration du bien fondé de sa théorie sur le commerce.

L'industrie Korellienne, ainsi que ses habitants, profitent pleinement des biens de consommations proposés par Terminus, en échange de ses matières premières. Mais le gouvernement Korellien veut s'accaparer terminus et obtient pour cela une aide de l'Empire qui existe toujours même si on l'avait un peu oublié. Las, cette guerre sera quasiment gagnée sans combat. Une fois la guerre déclenchée, les industriels et les habitants ne bénéficieront plus des biens de consommation de Terminus et ce n'est pas l'Empire sur le déclin qui pourra compenser ce manque.

Et c'est ainsi que, malgré une opposition interne grandissante sur Terminus qui ne comprend pas l'inaction de Hober Mallow, la guerre finira par être gagnée presque sans combat... par les habitants et les industriels Korelliens contre leur gouvernement et au profit de la Fondation.

Bel Riose

Alors que depuis Hober Mallow, la Fondation étend sa sphère d'influence par le commerce, l'Empire poursuit son lent déclin prévu par Hari Seldon. L'un et l'autre auraient pu vivre leur destinée de façon indépendante. Mais ils vont se rencontrer sur les marches de l'Empire.

Manque de chance pour Fondation, elle tombe sur Bel Riose, jeune et brillant général qui s'est donné comme mission de raccommoder les morceaux épars de l'Empire pour la plus grande gloire de son Empereur. Bel Riose va donc décider de ramener la Fondation dans le giron de l'Empire. Il a tout pour réussir : le génie, la force d'un empire qui même déclinant, est immensément plus puissant que la Fondation.

Mais les mystérieuses équations de Hari Seldon sont sans pitié. Bel Riose n'est pas de son temps, il n'a pas sa place dans la trame de cette histoire, il ne peut exister aux cotés d'un Empereur fort qui refuse à ses sujets de l'être. Ce dernier l'éliminera ce qui mettra fin à la guerre dont l'Empereur n'a que faire... et qu'il n'a pas les moyens de faire puisque cela supposerait qu'il prenne le risque de voir émerger un autre brillant général qui ne pourrait être vu que comme un concurrent potentiel sur le trône, en cette époque troublée.

TRANTOR

Trantor est la planète ou l'empereur réside. Avec ses 40 milliards d'habitants, ses 25 planètes agricoles qui l'alimentent continuellement, son enveloppe métallique qui recouvre toute sa surface exceptée le palais et les jardins de l'Empereur, son extraordinaire bibliothèque, Trantor est devenue le centre de l'univers connu, le lieu d'où tout part et où tout arrive, le lieu du pouvoir.

Son déclin ainsi que celui de l'empire, a été calculé par un homme : Hari Seldon. Trantor finira par être détruite lors de guerres de successions et avec elle, la plus grande partie de sa population.

La population survivante en fera une planète agricole, exportant pour vivre, sa production en plus du métal qu'elle a en abondance, rendant au reste de l'univers ce qu'elle lui a pris. Seule, la bibliothèque, pour une mystérieuse raison, survivra, inchangée depuis l'époque de Hari Seldon.

C'est justement avec Hari Seldon et sa compagne, Dors Venabili, que nous aurons l'occasion de découvrir ce monde plus précisément. Au delà de la planète administrative que l'on perçoit dans le roman « Fondation », on découvrira dans « Prélude à Fondation » et « l'Aube de Fondation » un univers complexe et attachant, à l'écologie originale et aux formes de sociétés variées.

Cette variété et cette diversité permettront à Hari Seldon de trouver la matière sur laquelle il pourra s'appuyer pour bâtir sa psycho-histoire. Et c'est la psycho-histoire qui confirmera les craintes évoquées par le journaliste Chetter Hummin sur l'effondrement à venir de l'Empire et de la planète qui le personnalise.

Au fil du temps, Trantor est donc devenu un personnage de cette saga.

Monstrueuse entité par son gigantisme lorsqu'elle est présente, évocation douloureuse d'un passé glorieux lorsqu'elle a disparue, elle reste dans les pensées des personnages qui se succèdent pour bâtir le nouvel « empire » à partir de la planète Terminus sur les bases de la Fondation et du plan élaboré par Hari Seldon.

Hari Seldon

Le cas d'Hari Seldon est un peu particulier. Il apparaît vivant dans le premier chapitre de « Fondation ». Ensuite, il n'est plus qu'une image enregistrée qui est projetée en trois dimensions dans la crypte de Terminus, planète où a été implantée la première Fondation. Ces courtes apparitions en font néanmoins un héros omniprésent durant tout le cycle de « Fondation ». Il aura fallu qu'Asimov écrive à la fin de sa vie, deux derniers romans consacrés spécifiquement à la vie de Hari Seldon (« prélude à fondation » et « l'aube de fondation »), pour que l'on en apprenne plus à son sujet.

Pendant 30 ans, Hari Seldon s'est donc contenté d'être un vieux monsieur au regard pétillant, la plupart du temps, assis dans une chaise roulante; et porteur d'une prédiction qu'il ne peut dévoiler. Tout juste se contente-t-il de commenter la fin des crises qui apparaissent durant les cinq cents ans du cycle de « Fondation ».

On a néanmoins une petite idée de sa personnalité durant le premier chapitre de « Fondation », où l'on comprend qu'il a mis en branle un projet gigantesque et qu'il manoeuvre subtilement depuis de nombreuses années pour que soit prise, par le régent de l'empire et en quelque sorte, à son corps défendant, la décision de créer la Fondation qui devra succéder à l'Empire lui-même.

On se doute que la parution des deux tomes décrivant la vie d'Hari Seldon avait de quoi intéresser mais aussi inquiéter les passionnés du cycle de « Fondation ». Cette histoire risquait de remettre en question, toutes les constructions intellectuelles sur la personnalité de Hari Seldon que les lecteurs avaient pu faire à la lecture des précédents ouvrages.

Finalement, on n'y apprend pas grand chose d'intéressant de mon point de vue, sauf, sur sa vie affective, avec sa compagne Dors Venabili, qui est la co-héroïne attachante de ces romans. Tellement attachante, pour Hari Seldon lui-même, que le dernier mot qu'il prononce au moment de mourir et qui est également le dernier mot du roman (si l'on exclut le dernier passage de l'Encyclopaedia Galactica) est le prénom de sa compagne (ce qui en français, pose un problème particulier, puisque le romans se termine donc par « Dors » !).

Dors Venabili

Taille moyenne, cheveux blond-roux, mince, bien bâtie, Dors Venabili est une jeune femme titulaire d'un doctorat d'histoire et qui enseigne à l'université de Streeling sur la planète Trantor.

Elle se voit confier la charge de protéger Hari Seldon par un journaliste du nom de Chetter Hummin, alors qu'il doit échapper pour un temps à la surveillance d'Eto Demerzel, le premier ministre de l'empereur.

Femme de caractère, redoutable dans le maniement du couteau, ce qui peut surprendre, très concernée par la tâche qui lui a été confiée, elle accompagnera et protégera Hari Seldon durant toutes ses pérégrinations dans le roman « Prélude à Fondation ». Puis elle finira par devenir sa compagne, la mère adoptive d'un jeune garçon qu'Hari et elle ont recueilli, la belle mère méfiante, telle qu'on l'imagine, lorsque son fils se mariera, et toujours, elle aura à coeur de veiller à la sécurité de son mari.

Elle y perdra la vie.

Son comportement, sa bonté, sa force également, font rapidement comprendre au lecteur que Dors est en fait un robot humaniforme. On se doutera par la suite qu'elle fait partie de la petite colonie de robots de ce type que R. Daneel a préservé pour accomplir sa mission.

Golan Trevize

C'est le héros de « Fondation foudroyée » et « Terre et Fondation ». Assez jeune (environ 35 ans), c'est un des conseillers de Terminus.

Dès le début du roman, celui ci se fait traiter trois fois d'idiot (par son ami Mun Li Compor, par le responsable de la sécurité de Terminus lorsqu'il est arrêté pour haute trahison et par la maire Branno lorsqu'elle lui annoncera qu'il a le choix entre localiser la seconde Fondation ce qui revient à dire, l'exil et quelque chose comme l'incarcération à vie et au secret). De fait, je trouve que cet épithète lui convient assez bien. J'ajouterai qu'il est égoïste, suffisant et pour tout dire, chiant.

Je ne pense pas que l'objectif d'Asimov ait été de le présenter ainsi mais c'est ce qui m'apparaît ressortir du roman. Toutefois, il a été choisi pour une grande oeuvre : décider quel sera le destin de l'humanité, entre Galaxia, la première Fondation et la seconde Fondation. On nous apprend en effet qu'il est doté d'une qualité particulière : il a de l'intuition (on se demande ce que fichent les habitants des 25 millions de mondes habités de la galaxie). Il choisira Galaxia (ouf, on a eu chaud), et aussitôt son choix fait, se demandera pourquoi il l'a fait, réponse qu'il obtiendra à la fin du roman « Terre et Fondation ». En bref, le personnage n'est pas très réussi et son comportement est un peu caricatural.

Janov Pelorat

Cet historien qui apparaît dans « Fondation foudroyée » et « Terre et Fondation » est un spécialiste de la question des origines. Depuis 20000 ans que l'humanité à commencé à conquérir la galaxie, elle a finit par oublier de quelle planète elle venait, question qui n'intéresse d'ailleurs pas grand monde (lorsqu'il explique ses travaux à Golan Trevize, ce dernier est étonné d'apprendre qu'il y a eu un unique monde à l'origine).

Il accompagnera Trevize dans son exil, non par punition mais parce que la maire Branno a trouvé astucieux de lui fournir une couverture qui sera officiellement la recherche de la Terre. Janov Pelorat est une personne assez âgée, un peu lunaire et toujours en train de s'excuser de demander pardon (ça finit par devenir un peu lassant). Ses connaissances de l'histoire des origines et de la Terre sont à éclipse : plusieurs fois, à l'occasion de discussions, il se souvient de détails significatifs à propos de la Terre ou de son histoire qu'il avait oublié de mentionner. Le problème est que les détails en question sont loin d'en être et qu'il ne s'en soit pas souvenu avant me paraît un peu problématique.

Joidilachicarella ou plus simplement, Joie

Joie apparaît dans « Fondation foudroyée » et « Terre et Fondation ». C'est une jeune femme originaire de Gaïa et qui finira par devenir la compagne de Janov Pelorat.

Elle a aussi la lourde tâche de tenter d'expliquer à Golan Trevize, qui semble assez obtus sur ce sujet, comment on peut être à la fois un tout (Gaïa) tout en restant un individu. Elle accompagnera Trevize et Pelorat à la recherche de la Terre dans « Terre et Fondation ».

Trévize la soupçonne d'être un robot. Ca n'est pas le cas. Il s'agit d'un être humain dans lequel les trois lois de la robotique (en l'occurrence, les lois humaniques) ont été implantées.

Branno

Dans « Fondation foudroyée », Madame Branno est le maire de Terminus. Avec le temps, c'est devenue la charge la plus importante de la galaxie connue. Comme il est dit dans le roman, seul le souvenir de l'ancien titre de « Majesté Impériale » peut prétendre avoir autant de prestige. C'est, de mon point de vue, un des rares personnages réussi du roman. Capable de faire preuve d'autorité et d'esprit de décision, c'est également une personne douée d'un solide bon sens et qui sait raisonner.

Bander

Bander est un Solarien, un être entier (homme et femme à la fois). Pour ce que l'on en sait, les Solariens sont les seuls rescapés de la civilisation spacienne. Ils avaient renoncé à tout contact avec les autres humains (spaciens ou terriens) dans « les robots et l'empire ». On en retrouve la trace dans « Terre et Fondation », alors que Trevize, Pelorat et Joie sont à la recherche de la Terre. Bander s'avère ravi de pouvoir exposer la grandeur de la civilisation Solarienne à des non Solariens. Toutefois, ne pouvant prendre le risque de les laisser repartir, il décidera de les éliminer. Manque de chance pour lui, Joie, dont il n'avait pas soupçonné le pouvoir, sera plus rapide.

 

Bibliographie

Titres, éditions et années d'édition sur lesquels est basé « Mon Asimov ». Les livres sont classés par ordre alphabétique du titre en français.

Titre Français
Titre américain

Editions françaises
(n° dans l'édition)

Année d'édition
© original

Traducteur (année de la traduction)

Asimov parallèle
The alternate Asimovs

J'ai lu (2277)

1987
1986

Jean-Pierre Pugi (1987)

Face aux feux du soleil
The naked sun

J'ai lu (468)

1973
1957

André-Yves Richard (1970)

Fondation
Foundation

Denoël (89)

1966
1951

Jean Rosenthal (1957)

Fondation et empire
Foundation and Empire

Denoël (92)

1966
1952

Jean Rosenthal (1966)

Fondation foudroyée

Denoël (357)

1983
1982

Jean Bonnefoy (1983)

L'aube de Fondation
Forward the foundation

Pocket (5619)

1996
1993

Jean Bonnefoy (1993)

Les Cavernes d'acier
The caves of steel

J'ai lu (404)

1971
1954

Jacques Brécard (1956)

Les courants de l'espace

J'ai lu (552)


1952

Les robots
I Robot

J'ai lu (453)

1972
1950

Pierre Billon (1967)

Les robots de l'aube
The robots of dawn

J'ai lu (1602-1603)

1984
1983

France Marie Watkins (1984)

Les robots et l'empire
Robots and the empire

J'ai lu (1996-1997)

1986
1985

Jean-Paul Martin (1986)

Prélude à Fondation
Prélude to Foundation

Pocket (5380)

1990
1988

Jean Bonnefoy (1989)

Seconde Fondation
Second Foundation

Denoël (94)

1966
1953

Pierre Billon (1966)

Terre et Fondation
Earth and Foundation

Denoël (438)

1987
1986

Jean Bonnefoy (1987)

Tyrann
Tyrann

J'ai lu (484)

1973
1951

Franck Straschitz (1973)

Un cailloux dans le ciel

J'ai lu (552)

1974
1950

Michel Deutsch (1974)

 

Quelques sites sur Asimov

http://jeanclaude.monot.free.fr/biogra/inter-sw.htm

Site très complet et très intéressant avec une tentative de datation du déroulement de l'histoire du futur. Vous y trouverez également la traduction d'un entretien entre Asimov et un americano- polonais, Slawek Wojtowicz.

https://www.youtube.com/watch?v=0ZCxclHk1xo

Une interview (en anglais) d'Asimov sur l'évolution future de la société à partir de 1982.