MES-AVENTURES AVEC UNE CHAUDIERE FRISQUET
Cette page concerne la réparation de la carte électronique d'une chaudière Frisquet Prestige évolution visio 25kW.
Introduction
L’histoire se déroule en janvier 2022 et commence un mardi matin avec une chaudière dont le panneau de commande est désespérément éteint. Évidemment, la chaudière ne chauffe plus : plus d’eau chaude, plus de chauffage, et ceci, comme il se doit, en hiver.
Par chance, j’ai un contrat d’entretien. J’appelle donc le chauffagiste qui m’indique qu’un réparateur passera dans l’après-midi. Je suis favorablement impressionné.
Le réparateur arrive en fin de journée, fait quelques tests et m’annonce que le motoventilateur est mort. Pour arriver à ce diagnostic, il a déconnecté tous les éléments commandés par la carte électronique et les a remis les uns après les autres jusqu’à ce que le fusible de la carte électronique saute. Et c’est le motoventilateur qui a gagné.
Je lui demande s’il l’a testé (il fonctionne en 230V). Sa réponse est négative. Pour la suite, il m’indique que je recevrai un devis pour son remplacement et que si je l’accepte, il pourra peut-être le remplacer en fin de semaine car il faut le commander, soit le vendredi. Donc 3 ou 4 jours sans chauffage.
Il me dit également que la carte électronique a peut-être souffert lors des essais. Et que bien sûr, si ce n’est pas le motoventilateur, je n’aurai pas à le payer.
Je n’ai pas trop le choix et j’accepte le devis (269€TTC dont 16,5€TTC pour les 5 fusibles utilisés pour les tests !) en me disant cependant que si la carte électronique est hors service, il faudra en commander une par la suite et que je risque de ne pas avoir de chaudière pendant une dizaine de jours au moins.
Par curiosité, je vais voir le prix d’une carte électronique : entre 300 et 400€ selon les revendeurs. Plus le prix du motoventilateur s’il est mort soit au total, entre 569 et 669€.
Dans la soirée, je décide de jeter un œil sur le motoventilateur : le condensateur de démarrage est bon. Par contre, la prise d’air du moteur est bouchée par la poussière et donc, je la nettoie. Comme je suis sceptique sur la panne possible du moteur, je ne vais pas plus loin et je décide plutôt à démonter et tester la carte électronique.
Il y a pas mal d’autres détails que je ne relaterai pas ici sauf celui-ci : sous la chaudière se trouvait une flaque d’eau. Je demande au réparateur s’il sait d’où ça vient. Il s’étonne (« ha, je n’avais pas vu ». Elle est pourtant très visible). Il regarde rapidement et me dit que ça semble venir « du bloc gaz » (d’où l’expression bien connue, « y’a de l’eau dans le gaz »).
Réparation
Schéma branchement carte électronique
J’ai donc démonté la carte électronique (quelques vis à retirer) et j’ai essayé de comprendre comment s’agençaient les différents sous-ensembles.
L’alimentation fonctionnait sinon, les tests n’auraient pas pu être réalisés. Assez vite, je m’orientais vers la partie puissance (commande des différents éléments).
Après quelques tests, je constate que deux diodes sont en court-circuit (1N5399, 1,5A, 1000V inverse). Par chance, j’ai dans mon stock des diodes qui peuvent convenir quoiqu’un peu plus grosses (10A10, 10A, 1000V).
Je change donc les diodes. Essai. L’afficheur s'allume, suspense, et... m’indique « anomalie liaison carte ».
J’ai un peu galéré pour trouver la cause jusqu’à ce que je constate qu’un relais normalement ouvert au repos est constamment passant. Je soupçonne alors qu’à force de faire des essais et faire sauter des fusibles, le réparateur a fait coller le relai.
Je le dessoude, lui fait faire quelques mouvements de marche arrêt avec une alimentation externe et là, miracle, le relai se décolle. Je n’étais pas très confiant mais pour un essai, ça pouvait convenir. Je le remonte donc et la chaudière démarre sans problème avec un motoventilateur parfaitement fonctionnel.
J’ai ensuite commandé des relais neufs (modèles approchants, le relai d’origine ne se fait plus) et des diodes plus adaptées au cas où (3A, 1000V, mais j'ai laissé les deux grosses diodes 10A que j'ai mis pour réparer cette panne). Coût total avec livraison en 24h (2 relais (un d'avance), 10 diodes) : 30€
Carte électronique face arrière
Carte électronique face avant
Carte électronique dans son boitier
Carte électronique dans la chaudière
Carte électronique, branchements
Les raisons de la panne
Pour le relai, je suis persuadé qu’il a collé à cause des tests. En effet, pour pouvoir faire les tests, il ne faut pas qu’il y ait « d’anomalie liaison carte » car la chaudière refuse d’aller plus loin (en particulier, de commander les autres éléments).
Et le fait que le réparateur me dise que la carte électronique avait peut-être souffert me conforte dans cette analyse.
Pour les diodes, je ne sais pas. J’ai fait quelques recherches sur le Web et j’ai vu un post indiquant que sur les nouveaux modèles de cartes (donc après 2014), les diodes 1N5399 avaient été remplacées par d’autres modèles tenant 3A / 1000V inverse. Il y a de nombreuses raisons pour qu’une diode normalement largement dimensionnée pour la tension et le courant nominal lâche dans des circonstances particulières :
- Soit parce qu'il y a un élément qui peut générer une tension inverse très élevée lorsqu’on le commute (mise en marche ou plus probable, arrêt) et que peut-être, cette tension est supérieure aux 1000V que supporte les diodes. Si c’est le cas, il s’agit pour moi d’un problème de conception et il y a un risque que la panne se reproduise plus tard.
- Soit parce qu’il y a un élément qui dans certaines circonstances a un courant de démarrage très élevé. Les diodes supportent des pics de courant qui peuvent être considérables (pour les diodes d’origine, jusqu’à 50A pendant 5,3ms). Pour les diodes que j’ai mises (10A10), on est à 200A pendant 8,3ms. Dans ce cas, cela justifierait le changement de diodes par le constructeur, 50A en pic ayant été constaté comme insuffisant.
Les tests
On suppose que la carte est démontée et sur un plan de travail (il faut retirer les connecteurs et la sortir (5vis) de son boitier). La procédure donnée ici part du principe que l'on n'a pas le schéma électronique. Donc, on procède un peu à l'aveuglette.
Dans un premier temps, je décris la procédure de test pour une panne comparable à celle que j'ai eu. Je propose d'autres tests un peu plus loin.
Les diodes
- Vous devez disposer d'un multimètre électronique avec si possible, une position de test de diodes. Sinon, utilisez la fonction ohmmètre.
- Vous pouvez tester une bonne partie des diodes sur circuit (donc sans les dessouder). Mettez les pointes de touches sur chaque extrémité, lisez la valeur, inversez les pointes de touche et lisez la valeur.
- Dans un sens, vous devez obtenir une résistance infinie (en général, symbolisé par 0L sur le multimètre). Dans l'autre sens, vous devez obtenir une certaine valeur (400 à 600 ohms typiquement). Si c'est le cas, vous pouvez considérer la diode comme bonne.
- Si vous obtenez 0ohms dans les deux sens (à la résistance des fils des pointes de touche près. Court-circuitez les pointes de touche pour la mesurer. En général, de l'ordre de 0,1 à 0,3 ohms), la diode est en court-circuit. Elle est à changer.
- Si vous obtenez 0L dans les deux sens, la diode est coupée. Elle est à changer.
- Si vous obtenez des valeurs différentes de 0 dans les deux sens, il est difficile de conclure sans dessouder la diode pour faire le test hors circuit. Par exemple, si la diode est en parallèle sur les bornes d'un relai (diode de roue libre), alors, la résistance du relai (quelques centaines d'ohms par exemple) vient en parallèle avec celle de la diode. Toutefois, si vous mesurez 0ohm, vous pouvez conclure que la diode est en court-circuit.
Les diodes qui sont à tester en priorité sont celles qui se trouvent autour de D23 (une dizaine de diodes).
Le relai
La référence du relai en panne sur ma chaudière était JS12M-K. Ce relai est en fin de vie (difficile à obtenir). On peut le remplacer par un « TE Connectivity RY II Relais sans accrochage 1 RT, bobine 12V c.c. Montage sur CI » (Référence chez RS) ou équivalent. A noter que ce relai a une patte en plus du relai d'origine qu'il faudra replier ou couper. Il est en orange sur la photo de ma carte.
Dans mon cas, le contact travail était passant (0ohms) alors que carte hors tension, la résistance doit être infinie (0L, relai normalement ouvert). Si c'est le cas, il est à remplacer.
Autres pannes possibles
Parmi les pannes simples qu'on peut tenter de repérer alors qu'on n'a pas le schéma, il y a :
- un condensateur explosé ou en court-circuit
- un condensateur qui a perdu de sa capacité. Je soupçonne qu'il y a une alimentation auxilliaire réalisée à l'aides de condensateurs de type X2 qui sont branchés en permanence sur le secteur (ils sont utilisés comme impédance pour diminuer la tension secteur). Il y a souvent des problèmes de vieillissement avec ces condensateurs et ça vaut la peine de les vérifier (condensateurs près des fusibles).
- un problème avec les régulateurs (la carte utilise du -12V, +12V et +5V).
Malheureusement, il n'y a pas de procédure toute faite pour traiter ces autres pannes. Il faut observer, essayer de comprendre à quoi sert le composant à l'endroit où il se trouve, mesurer, interpréter, ce qui nécessite pas mal de compétences et d'expérience en électronique. En d'autre termes, soit vous avez ces compétences et cette expérience et je n'ai rien à apporter de plus, soit vous ne les avez pas et je ne suis pas en mesure d'apporter une information utile permettant de combler ce manque.
Conclusion
Il y a beaucoup de choses à dire sur plusieurs points.
Sur la chaudière elle-même et sa qualité
J’ai acheté cette chaudière Frisquet en août 2014 (cet article est écrit en janvier 2022) pour remplacer une vieille chaudière De Dietrich dont le ballon d’eau chaude associé devait être changé. Cette chaudière De Dietrich avait près d’une trentaine d’années et à part une pièce (l’allumeur), je ne me souviens pas qu’il y ait eu d’autres réparations importantes. Ce que m’avait dit le maintenancier de l’époque, c’est que cette chaudière était une gazinière et qu’à part le perçage du corps de chauffe, il ne pouvait pas lui arriver grand-chose. En plus, il n'y avait pas un poil d'électronique ! Par contre, elle consommait plus que les chaudières modernes.
Cet argument m’a convaincu que ça pouvait valoir le coup de la changer sous réserve de prendre un remplaçant fiable. On m’avait expliqué que Frisquet, c’était le haut de gamme. Je me suis donc décidé pour ce modèle dit « basse température ». Par contre, je ne voulais pas de chaudière à condensation pour deux raisons :
- Plus grande complexité et réglages plus pointus donc plus de risques de pannes.
- Aucun engagement sur les économies générées par le principe de la condensation (personne ne veut s’engager là-dessus).
Ceci dit, l’installateur m’avait quand même prévenu : Frisquet, c’est très bien mais ne rêvez pas, elle ne durera pas 30 ans. En général, il faut les changer au bout d’une quinzaine d’années.
Après 5 ans de fonctionnement a peu près sans souci, j'ai commencé à avoir des problèmes à répétition et des coûts de pièces détachées qui augmentaient en flêche.
Et dans le cas présent, j’aurais du payer entre 270€ et 670€ sur la panne décrite ici si je n’avais pas fait la réparation moi-même pour 30€.
Du coup, je ne sais plus quoi penser de cette qualité Frisquet. Clairement, si Frisquet est effectivement le haut de gamme en matière de fiabilité, je n’ose imaginer ce que valent les autres. Ou alors, Frisquet n’est pas ou n’est plus le haut de gamme sur le marché.
Autre point : une chaudière « pas haut de gamme » coûte entre 2 et 3 fois moins cher que cette Frisquet. En prenant une extension de garantie, on peut penser qu'elle tiendra le temps de cette extension, puis, on la change. Cette approche est lamentable mais que faire d'autre ?
Sur les contrats de maintenance
Sur la De Dietrich, je n'avais pas pris de contrat de maintenance sur les conseil du maintenancier lui même. Selon ses dires, le risque de pannes était très faible et une maintenance tous les deux ans était suffisante pour mon installation. Je me souviens qu'à chaque fois, il me faisait remarquer qu'il n'y avait quasiment pas de poussière dans la chaudière et rien dans l'évacuation. A raison de 70€ tous les deux ans l'intervention ponctuelle contre environ 120€ annuel, j'ai suivi son conseil !
Le contrat de maintenance que j'ai signé pour la Frisquet (140€ par an) ne prend en compte que les frais d’intervention. Par contre, lorsqu’une pièce est changée, la marge faite sur les pièces par la société de maintenance permet finalement de faire payer de façon déguisée les frais d’intervention (exemple : motoventilateur facturé 252€TTC et vendu 181€TTC prix public). Et depuis que j'ai pris ce contrat (je n'avais pas de contrat les 5 premières années), il y a souvent des changements de pièces dont la justification me semble parfois douteuse.
Dans le cas présent, le diagnostic de la panne a été fait au petit bonheur. Et ça ne gênait pas le réparateur de me laisser entre 5 et 10 jours sans chaudière en plein hiver. Et pour cause, la société de maintenance ne dispose visiblement pas d’un stock de pièces pour les marques qu’elle maintient et ne peut donc pas aller très loin dans les tests.
Concernant la fuite que le réparateur n’avait pas remarquée, j’ai trouvé assez vite d’où elle venait. Quelques mois auparavant, le vase d’expansion avait dû être changé (l’installateur m’avait prévenu que le vase monté d’origine était trop petit pour ma maison et qu’il tiendrait entre 3 et 5 ans).
Lors du changement, d’autres pièces ont été changées (c’est dans la procédure parait-il) dont la soupape raccord qui évacue l’eau en cas de surpression. Elle fonctionne rarement mais peut ponctuellement évacuer un peu d’eau.
Or, le tuyau d’évacuation n’avait tout simplement pas été fixé (il y a une agrafe pour le tenir et elle n’était pas enfoncée). Ceci explique qu’il y avait une flaque d’eau mais pas une inondation (sinon, je m’en serai aperçu).
Problème de sécurité électrique
Ce point est presque le plus problématique. Lors de l’installation, la chaudière n’a pas été reliée à la terre (fait sciemment). Pourquoi ? je ne sais pas.
Or après l’installation, Frisquet impose qu’elle soit vérifiée par quelqu’un « d’agréé » (je ne connais pas le terme exact). Ce quelqu’un n’a pas vérifié ce point ce qui me semble assez grave.
Par « chance » dans mon cas, toute l’installation autour de la chaudière est en cuivre et peut-être (j'espère) qu'ils sont reliés à un équipement qui lui est relié à la terre. Donc on peut penser qu’en cas de problème, le différentiel aurait quand même joué... Si c'est bien le cas. Sinon, il y a un risque d’électrocution pendant la douche (ou autre).
janvier 2022