Répondeur / enregistreur des années 1970.
Origine, Allemagne.
Marque, Alois Zettler gmbh.
Particularités : système électromécanique utilisant des disques et des tambours magnétiques.
Je trouve cet appareil tout à fait représentatif de la technologie à l'"allemande". Qu'est-ce qu'un répondeur téléphonique ? Un petit microcontrôleur pour gérer les signaux et un interface utilisateur minimaliste, une mémorisation de la voie numérisée dans une flash, quelques boutons, bref, pas grand chose. Sauf qu'il fut une époque où on n'avait pas de microcontrôleur, de flash, de systèmes simples de numérisation, etc. (si, si, je n'invente pas).
Bon, alors, comment faisait-on ? Si vous êtes un allemand normalement constitué, vous allez créer l'usine à gaz décrite ci-dessous.
Tentons de faire une petite spécification de besoin d'un tel appareil et voyons comment on peut y répondre avec les moyens de l'époque :
- L'appareil doit décrocher lorsqu'il est en fonction. Facile On a signal pulsé à 48Volts qui peut déclencher un relais lorsque ça sonne (principe du réseau téléphonique commuté (RTC) qui a fonctionné pendant plus d'un siècle).
- La personne qui appelle doit pouvoir entendre un message d'accueil. Ok, utilisons
un disque magnétique dont le moteur sera mis en route lorsque l'appareil aura décroché.
Un jeu de came et de leviers permettra à une tête de lecture de lire ce tambour dont
l'information sera transmise sur la ligne téléphonique.
Zut, il va falloir amplifier. On réalisera donc une petite platine à transistors (germanium) qui servira à l'amplification de ce qui est lu sur le tambour magnétique, du microphone (il en faudra un pour pouvoir enregistrer le message d'accueil) et pourquoi pas, des messages enregistrés (voir plus loin). A dix ans près, on aurait fait ça avec des lampes. Dommage, ça aurait été plus drôle. - La personne qui appelle doit pouvoir enregistrer un message. Utilisons donc un tambour magnétique assez long. Lorsque l'enregistrement peut commencer, un moteur fait tourner le tambour. Relié au moteur, une vis sans fin fait bouger une tête de lecture et d'écriture. Cette tête est munie d'un curseur qui permet à l'utilisateur de l'appareil de savoir combien de messages ont été enregistrés (le curseur se déplace sur une règle graduée en nombre de messages). Comble du raffinement, un léger mouvement sur le curseur permet de le déplacer manuellement n'importe où sur le tambour. Ainsi, lorsque l'on veut écouter un message enregistré, il suffit d'amener le curseur sur le numéro correspondant qui est gradué sur la règle.
- Au bout d'un certain temps, on estime que si la personne n'a pas encore raccroché, c'est qu'elle est trop bavarde. On décide donc de raccrocher d'autorité, non sans l'avoir prévenue par un message qui est enregistré à la fin du disque qui contient le message d'accueil et dont la lecture se déclenche à la fin de la durée prévue pour l'enregistrement des messages des personnes appelantes.
- Etant donné que l'on a une capacité d'enregistrement limitée en nombre de messages, il serait bien que la personne qui appelle soit prévenue qu'elle parle à un répondeur mais que celui-ci n'enregistre plus les messages. C'est ce qui est fait ici. Lorsque le curseur du tambour d'enregistrement déborde en capacité, le répondeur n'enregistre plus mais fait entendre un message particulier qui est enregistré... sur un autre tambour magnétique qui est solidaire du disque qui enregistre les messages d'accueil.
- Après, on a bien évidemment la possibilité d'enregistrer tous ces messages, de les réécouter, d'écouter les messages reçus, etc., tout cela avec une ergonomie qui ferait pâlir les utilisateurs d'ordinophones et autres tablettes ou ordinateurs des années 2013 (date de rédaction de ce petit laïus). L'utilisation est d'une simplicité... évidente. Et oui mon bon monsieur, c'était quand même mieux avant...
D'un point de vue mécanique, c'est assez épique. Comme un moteur, c'est cher et c'est gros, tout le fonctionnement repose sur un seul gros moteur et des jeux de cames, de pignons, d'électro-aimants, etc. assurant le fonctionnement de l'automate. Et en plus, ça fonctionnait et ça fonctionne toujours. Convaincus par la Panzer division en action ?
Vous trouverez le schéma de la platine électronique sur ce site www.technikschrott.de/Alibicord.htm ainsi que le mode d'emploi en allemand.
J'ai numérisé le mode d'emploi en français.
En 2022, j'ai récupéré le message d'accueil du répondeur qui datait de 1980 environ. Voila ce que ça donne (mp3) : Message d'accueil